la mer , des fleuves Si des rivières, fur
les tremblemens de terre , fur les embrâ-
femens des feux fouterrains. Tous ces
objets s’y trouvent préfenrés de manière
à lixer nos idées fur les déluges qui, bien
appréciés , fe réduifent aux Amples inondations
de la mer lorfqu’elle a pu fe faire
jour lïir les côtes balles. Quant aux era-
brâfemens des feux fouterrains, on fait
envifager quelques-uns de leurs effets fup-
pofés par les anciens , & fur-tout la def-
truftion de l’Atlantide, ainfi que l’ouvert ure
de plufieurs détroits, tels que ceux de
l’HellefpoHt , de Gibraltar, & c .
I.
S é n è q u e .
Des eaux desjources & des fleuves..
Nous allons traiter des eaux , recher-
cher[comment fe forment ou les fources
limpides dont parle O vide, ou les fleuves
impétueux q u i, comme dit Virgile, vont
par diverfes embouchures fe rendre avec
fracas dans les mers , ou les rivières dont
le cours eit plus tranquille ; quel moyen
la nature emploie pour diltribuer ces
eaux , & fuffire aux écoulemens des
glands fleuves dont le cours n ’ell in
terrompu ni le jour , ni la nuit ; pourquoi
certains fleuves grofliflent l’hiver.
Nous conlidèrerons pour le prefent les
eaux communes foit chaudes foit froides;
elles font auflï variées dans leurs effets
que dans leurs faveurs.
Réflexions.
Cette diflribution des eaux efl afFez
complété & très élémentaire. J’ajouterai
ici une réflexion fur les eaux chaudes
contenues dans les baflrns que les romains
ont conllruits en différentes contrées de
la France, & qui ont-depuis ce temps
coiffe rvé le même degré de chaleur &
les mêmes'principes, On n’ en peut doutér
lorfqu’on remarque que cette conflrito-
tion particulière des romains efl afforti®
aux ufages auxquels ces eaux continuent
d’être propres ; que celles qui par leur
température conviennent aux bains, coulent
dans des baflins appropriés à cat
ufage depuis dix-fept-cens-ans. On ne
peut lâns étonnement contempler des
merveilles auOE durables. Quel pùuroitêtre
le principe auflï confiant de ces différentes
nuances de" température , qu’on
fuppoferoit réfidcr dans les canaux fouterrains
qui nous fourniffent ces eaux ? Quel
aliment peut fuffire à l’entretien de cette
chaleur '! Je ne vois rien qui puifie nous
conduire à la fblution d’un problème
auflï intéreffant. Si rtaus parvenons jamais
à connoitre les reffources de la nature
pour opérer ces effets , elLes tiendront
certainement à des faits dont nous n’avons
pas les premières idées. Les modernes ne
font pas à cet égard plus avancés que las
anciens dont Séneque nous rapporte les
conjedures.
I I .
S i NE Q U E .
Sur la circulation intérieure des eaux.
En général les eaux font ou flagnante#
ou courantes, ramafTées ou diflribuées
par diflerens filets ; il y en a de douces,
il y en.a dont le goût efl âcre, falé où
amer , enfin il y en a de médicinales Sec...
C ’eft la difpofition des lieux qui donne
à l’eau fon immobilité ou ‘ fon écoulement
; elle coule fur une montagne.,
elle féjourne ou demeure flagnante dans
une plaine. Certains amas d’eau font l’effet
des pluies; il y en a. qui font le produit
des fources : rien n’empêche cependant
qu’il n’y ait des amas d’eau qui foient les
produits des fources. Te l efl le lac Fucin
dans lequel tombent tous lés ruiffeaux
des montagnes diflribuées autour de fon
baffijt
badin : outre cela il s’y trouve encore un
grand nombre de fources abondantes
"qui fortent du fond de l’eau dans fon balfin.
Réflexions,
L ’eau qui circule à la fuperfîcie du
globe, n’a d’autre principe de mouvement
que la pente du terrain. C ’elt cette cir-onf-
tance qui la porte des lieux élevés vers
les lieux b a s, du fommet des montagnes
& des 'collines vers le baflïn dè la mer.
Dans ce trajet elle trouve des obflaclés,
des amas de terres qui s’oppofeiit â fa
marche de petits balfins qui la retiennent,
des fentes de rochers qui i’abforbent &
la raffemblent ah milieu des premières
couches du globe , d’où elle fe dégage &
fe montre au dehors par les fources : c’efl
ainfi qu’elle fert à l ’entretien dés rivières &
des fleuves. Tant que l’eau pluviale s’accumule
& coule en malle fans pénétrer dans
l’intérieur de.la terre ,, .elle forme des
torrents & fe réunit à la portion que four-
niflent les fources ; l’une agit par accès ,
l’autre.a un coursùniforme. Telle efll’écor
nomie.généraie de la diflribution des eauxi
fur le globe, que nous indique Sénèque
dans le morceau précédent . Je n’ai eu befoin
que de iui donner, un certain développement.
Ç ’eft ainfi que le germe des principes
de la: Géographie-Phyfique s’y trouve
avec autant d’ordre que de netteté.
I I I .
S é n è q u e .
Des refervôirs des eaux.
Comment la terre fuffit-elle à l’entretien
continuel de tant dé fleuves ? De quels
réfervoirs fort cette immenfe quantité
d’eau'f S’il efl furprenant que la mer ne
déborde pas avec tant de fleuves qui s’y
rendent, il n’ell pas moins étonnant que
L terre ne s’é . uife p as avec tant de fleuves
Gtographie-ÿhjflque. Toute I .
| qui en fortent : où a-t-elle pris allez d’eau
| pour fournir & fupplcer'fans celle à ces
immenfes écoulemens ? La raifon que nous
donnerons pour les fleuves', pourra s ’appliquer
aux ruiffeaux & aux fontaines...
( Dés Philofophes ) croient que la terre
rend par les fleuves toutes les eaux qu’elle
a reçues par la pluie. Leur preuve efl la
rareté des fleuves , dans les pays où les
pluies font rares. Si l ’Ethiopie efl un
défert aride ; fi l’on trouve peu defources
dans l’intérieur de l’Afrique , c’eft, fuivant
ces philofophes, que le. climat y efl brûlant ;
aulfi n’y voit on que fables ftériles , point
d’arbres, point de culture, point de pluies,
ou des pluies légères que le fol abforbe
dans un moment. Au contraire laGérmanie,
la Gaule Se -l’Italie voïfine de ces deux
contrées , font abondamment pourvues
de ■ fleuves-& de rivières , parce qu’elles
jouiffent d’un climat humide & que leur
été efl même pluvieux.
Réflexions.
Pour circonfcrire la queflïon qui a
pour objet l’origine des fontaines. & de«
fleuves , il faut fë fixer à deux principes
que Sénèque expofe affez bien, quoiqu’il
ne les adopte pas. i ° . La mer ne peut
recevoir & garder la quantité d eau qu’y
veriènt les fleuves fans déborder; 2 ° . la
terre ne peut fuffire aux -écoulemens
continuels des fleuves, fans s ’épuifer ou
fans réparer fes pertes à mefure. Tel efl
le véritable point de vue fous lequel Sénèque
ipous fait çonfidérer la queftion. Comment
donc la terre repare-t- elle ce que nous lui
voyons perdre ï C ’eft ici que /ia difculîion
commence, & que les fentimens fe partagent.
La mer rend à la terre ce qu’elle
en reçoit ou par des canaux fouterrains,
ou par le moyen de l’atmolp.hère , & ce
font les mêmes moyen.' par lefquels la
terre répare fes pertes. A cefujet on trouve
chez les anciens les mêmes opinions que
chez les modernes. D'urt côté tout le
j méchanifme de la conduite des eaux de
K k k