
il s’enfuit qu’il conclut egalement l ’excavation
des vallons fous l’eau de la mer ,
loit que ces vallons, appartiennent aux
montagnes primitives , loit qu’ils foient
creufés à travers les pays de collines.
Au re lie , cette formation des montagnes
primitives' a paru à Targioni un
problème impoffible à réfoudre. Il penfe
même que plus on compare les phénomènes
que l’oblervation nous offre . avec
les fyltêmes imaginés pour en rendre rai
l'on , moins on trouve qu’ils iatisfaffent à
l ’état de la queftion. En fuppofant que
dans le commencement du monde la fur-
face de notre globe fût unie, & entièrement
recouverte par l’eau, on ne peut pas
concevoir que le flux & reflux, & les
courans aient pu creufer les grandes vallées,
& élever les montagnes. Comment
pourroit-on fuppofer que l’impétuolité
des courans eût pu avoir allez de force
pour avoir enlevé une malle énorme, de
matériaux d’un endroit, & les amonceler
dans un autre? Il y a bien desraifonspour
croire que les courans ne font que fuper-
iiciels & qu’ils n’atteignent pas le fond de
la mer , où il règne un calme perpétuel.
Nous avons , au relie , une très-petite con-
noiflance de l’état où fe trouve aâuellement
le fond de la mer. Targioni prcfume feulement
qu’il s’y trouve certaines vallées_
pleines de vafes & de fable dépofés par
couches horifontales, recouvertes de
plantes marines & de teflacées; & que
dans ces vallées il s’élève certaines montagnes
compofées de filons de pierres
nuds, comme il a imaginé qu’étoit anciennement
la face, fous - marine du 'Val \
d ’Era ; & qu’enfin les parties découvertes
de notre globe font femblables à celles
qui font couvertes de la mer , de maniéré
que le fond de la mer relfemble aux dépôts
horifontaux.des collines, & que les bords
& le fond de fon baffin font femblables
aux montagnes primitives.
Pour ce qui concerne les. matériaux
qui compofênt les montagnes primitives , j
Targioni remarque qu’il n’y a pas trouvé
cette fi grande quantité de verre & .d’écume
comme le luppols .Buffon ; & d ailleurs
il efi vifible. que les granits tant
d’Italie que dé l’Orient, n’ont pas pallè
par le feu; car d’après les obfervations de
Micheli à Santa-f iora & à Radicofani,
il efl prouvé que le granit qui a été expofé
à l’aflion du feu des volcans a donné des
laves de toutes fortes, & non pas des cryl-
tallifations femblables à celles, du granit.
Il en efi de même des fables , des pierres
de fables, & des argiles qui n’ont aucun
caraétere des produits du feu.; car les
fables paroiffent être les débris des pierres
plus anciennes, & la pierre arenaire efl
produite par l’aggrégation des différentes
fortes de fables faite au milieu de l’èau.
On ne peut pas croire que l ’argile de même
doive fon origine aux matières volcanifées
par le feu du foleil.
Ainli les bancs de fables & d’argile ne
peuvent être confidérés comme des amas
primitifs de matières vitrifiées par le fo-
leil ; ils ont vifiblemeht une origine très-
moderne ; & fi l’on fait des fouilles d’une
certaine profondeur au milieu des plaines
où l’on rencontre ces'bancs, on trouve
les racines des montagnes primitives ; qui
ont été enveloppées? par ces matériaux
adventices & de nouvelle formation.
Targioni va plus loin & penfe que la
flruâure intérieure des plaines, comme
celle de Pîfe , par exemple, a beaucoup
d’analogie avec celle des collines; & que
fi le niveau de la mer pou voit s ’abaifl'er
de deux cents cannes, on verroit bientôt
que la plaine de Pife deviendroit la même
chofe que les collines du val d’Era, A
que les bancs de fables ne font pas plus
prof.'nds. Targioni ne voit pas. comment
Buffon peut donner un débouché à la
quantité d’eau avec laquelle il recouvre
le globe, entier , & comment il a pu élever
avec elle la malle énorme des .montagnes
qui font fous .la ligne équinoxiale ; il voit
encore moins comment ces eaux ont tant
diminué & baiffé de niveau. On n ’a pu
jufqu’à préfent expliquer effeâivement par
quelle fuite de révolutions, des montagnes
auffi élevées que les Cordilieres auroient été
un fond de mer. En vain invoque-t-on le
changement du centre de gravité ou lé
choc d’une comète; ces caufes ne paroiffent
pas avoir pu changer lapofition de l’Océan,
& lüi faire abandonner les continens que
nous habitons:, pour aller occuper les
parties de fon baffin aâuei. D ’ailleurs, dans
ces hypothèfesladifpofîtionhorifontale des
couches des collines qui efl conftamment
parallèle au niveau aâuei de la m er,
ne pourroit pas s’expliquer. Targioni
eftime donc qu’il efl néceffaire de fuppofer,-
fans déranger le centre de gravité, un
abaiffement confidérable de la furface des
eaux de la mer, .en contequence de leur
diminution de volume àbfolue , & de telle
forte que l’Océan auroit aâuellement
moins de la moitié de l’ eau qu’il avoit
lorfqu’il recouvroit les1 collines de laTof-
cane. Ceci le détermine à renoncer à
nous donner l’explication de la formation
des montagnes primitives beaücoup plus
élevées que les collines, & qui exigeroient
uneplus grande quantité d’eau & une inondation
plus étendue ; cependant fi leur
organifation exige Je concours de l’Océan,
il faudra bien y avoir recours , & ne pas
fe borner, comme fait Targioni, a la
folution de ce problème dans la partie
qui concerne les collines.
Que les collines foient un produit du
travail de l’Océan différent de celui des
montagnes primitives , c’eft ce que nous
avons fait connoître précédemment d’après
les obfervations de Targioni'. Il paroît
outre, cela que les collines, telles qu’elles
fe trouvent difperfées dans plnfieyrs baffins
de la Tofcane , fuppofent la préexiftençe
des montagnes, D ’après cette confi’déra-
tion, il femble que les naturaliftes ne
peuvent guères fe borner aux collines en
les féparant des montagnes primitives. Les
dépôts horifontaux occupent une grande
partie de la furface de la terre, excepté
dans les lieux où les malles anciennes fc
du premier ordre forment des bordures &
dés enceintes élevées autour des pays de
collines.
La théorie des collines telles que les
conçoit Targioni efl facile, fi l’on fup-
pofe que les montagnes primitives fe
foient trouvées dans le voifinage des
larges plaines que recouvrent les collines,
que ces anciennes montagnes aient été
plus élevées: qu’elles ne font aâuellement,
& fur-tout à l’époque de la formation des
collines, & qu’ci les ont été détruites &
dégradées pendant tout le temps que les
matériaux qui font entrés dans la compo-
fition des collines fe font accumulés dans
le baffin de la mer. C’efl dans le temps de
cette deflruâion que fe font creufés des
vallons ou des baffins , qüe les eaux de la
mer font venues couvrir à une hauteur
confidérable & plus confidérable que n’efl
le niveau de la ville de Volterre. Dans ce
cas, on v o it , comme JefTai obfervé ci-
devant , que la malfe des eaux de l’Océan
étoit plus confidérable qu’elle n’eft aâuellement
, & que la terre habitable a eu une
moindre étendue. I l efl à croire même
que les eaux des.pluies étoient plus abondantes
lorfque la furface de la mer étoit
plus étendue; elles ont pu par conféquent
entraîner dans la mer des débris de ter-
reins qui recouvroiënt les montagnes, &
même des pierres qui en form oient l’offa-»
ture. Elles ont pu dépofer tous ces maté»
riaux en couches horifontales fur le fond
de la mer , près de la plage & de l’embouchure
des fleuves, comme cela s’obfçrvs
aâuellement où l’on a l’occafion de remarquer
les grands atterriflèmens que tous les
fleuves font journellement dans la mer.-
Enfuitè fi l ’on fuppofe la diminution du
volume des eaux de la mer, & l’aggran-
dlffement des .continens par la découverte
des dépôts horifontaux, on trouvera que
d’un, côié les : montagnes ont offert aux
hommes, en conféquence des deftruâions
opérées par les eaux courantes, des pavs