
C O N S I D É R A T I O N S
G É N É R A L E S E T P A R T I C U L I È R E S
SU R
L A G É O G R A P H I E - P H Y S I Q U E .
P a R la leflure des notices de tous les ouvrages
des naturaliftes & des géographes qui
ont traité de l’hifloire phyfique de la terre,
& qui précèdent, on apuprendre une con-
noiffance raifonnée des principaux objets
dont doit s’occuper la géographie-p hy fique :
car je me fuis attaché à développer ces
objets lorfqu’ils fe font rencontrés dans
les difculîions que je me fuis permifes fur
les différentes hypothèfes. A en juger par
les derniers ' ouvrages qui ont .paru fur
cette fcience, il paraît qu’on en a parlé
fans en connoître le véritable but : à plus
forte railon a-t-on méconnu les moyens
d’en assurer les progrès. C’eft pour fatis-
faire à cette double vue que.je vais traiter
ici de la géographie-phyfique. J’expoferai
d’abord les principes d'après lefquels on
doit recueillir les faits qui peuvent ïèrvir
à éclairer les différens points de cette’
fcience , fur lefquels il importe de fixer nos
idées. Enfuite j’expoferai , par ordre , la
fuite des objets qu’elle embralfe , en indiquant
la méthode qui convient à chacun
d’eux.
La géographie - phyfique s’occupe de
tous les phénomènes de l’hifloire phyfique
du globe qui peuvent être comparés enfemble
, enfuite généralifés par l’obferva-
tion , & enfin figurés & confiatés fur des
cartes. On fem par-là de quel avantage
peut être cette fcience.,en rapprochant ainfi
fous le même point de vue tous les lieux
où les phénomènes du même ordre fe font
montrés aux divers obfervateurs. Il efl ailé
de voir d’après cette confîdération quelle
peut être l’étendue de cette partie de nos
connoiffances, & combien elle efl propre
à perfeâionner l’obfervation, en mettant
fes principaux réfultats dans la place qui
leur convient, & que la nature leur rJIigne
à la furfaçe du globe.
A mefure que la géographie & l’hiftoire
naturelle fe font perfeétionnées, on a fend
de quelle importance il étoit de rapprocher
les faits que celle-ci nous a fournis, des
pofiti-ons nettes & précifes que nous a
données celle-là. En conféquence de cette
heureufe alfociation , on a vu quelques
parties de notre propre féjour , qui ne
nous avoient préfenté d’autre image que
celle d’un amas de débris & d’un monde
en ruines , qu’irrégularités à leur furface,
que défordres apparens dans leur intérieur,
s’offrir à nos yeux éclairés avec des dehors
où l’ordre & l’uniformité fe firent remarquer
, où les rapports généraux fe découvrirent
fous nos pas. On ne s’occupa pas
feulement de cette nomenclature ennuy eufe
de mots bizarres, qui attellent les limites
qüe les conquérans ont mifes dans les éta-
blilfemens que les fociétés différentes ont
formés à la furface de la terre. Quelques
naturaliftes formèrent le projet de ne dif-
tinguer les pays & même les contrées que
par les phénomènes qu’ils offrirent à leurs
recherches : phénomènes finguliers ou
uniformes , tout ce qui porta l’empreinte
des agens de la nature fut recueilli par eux
avec foin , fut difcuté avec exaélitude. Ils
examinèrent la forme , la difpofition & les
rapports des différens objets. Ils effayerent
même d’apprécier l’étendue des effets , de
fixer leurs limites : enfin , ils furent curieux
de parvenir jufqu’aux principes généraux
conftans & réguliers. A mefure que toutes
ces idées fe développèrent, ces naturaliftes
guidèrent les pas des géographes qui prirent
pour bâfe de leurs travaux topographiques
l’hifloire de la furface du globe : en forte
qu’on difttibua par pays..& par contrées,
ce que l’abférvateur a.vait décrit & rangé
par claffes & par ordre de colleâion. Je
ne parle ici que de quelques naturaliftes;
car combien d’obfervateurs ont fuivi une
marche différente, & n’ont publié que des
faits incomplets & confus , parce, qu’ils
opéroient fans analyfe & fans principes.
En préfentant, comme je viens de le
faire , le précis des premiers progrès de
lagéographie-phyfique, j’ai fait voir qu’elle
les devoit à la réunion combinée des le-
cours que plufieurs parties des fciences ont
concouru à lui fournir. On ne peut effectivement
trop raffembler de reffources
lorfqu’on embralfe , dans fes difculîions ,
des objets a-ufli yaftes & aulîi étendus :
lorfqu’on fe propofe d’examiner la conf-
titution extérieure & intérieure de la terre ;
de faifir les. réfultats généraux des obfer-
vations que l’on a faites & recueillies fur
les éminences , les profondeurs , les inégalités
des bords du baffin de la mer : fur
les mouvemens & les balancemens de cette
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malle. d’eau immenfe qui couvre^ la plus
grande partie ; du globe : fur les fubftances
qui ce m oient les premières couches de
nos continens qu’on a pu fonder : fur leurs
difpofîtions par lits : fur la direétion des
chaînes de montagnes. Lorfqu’on afpire à
l’intelligence des principales opérations de
la nature; qu’on difcute leur influence fur
les phénomènes particuliers & fubalternes,
& que par plufieurs enchaînemens de faits
& de raifonnemens fuivis , on fe forme un
plan d’explication ou bien l’on fe borne
fagement à établir des analogies & de«
rapports partiels.
■ D’après ces confidérations qui nous
donnent une idée des différens objets de
la géographie - phyfique, nous croyons
devoir nous attacher d’abord à deux points
importans : i°. à développer les principes
les plus propres à guider les obfervateurs
qui pourront, par la fuite, s’occuper à
en étendre les limites, & ceux qui voudront
apprécier leurs découvertes ; 2°. à pré-
fenter fuccindement les réfultats généraux
& avérés qui peuvent former le corps de
cette fcience, afin d’en conftater l’état
aduel.
P R E M I E R E P A R T I E .
On peut réduire à trois clalfes générales
les principes propres à cette fcience. La
première comprendra ceux qui concernent
l’obfervation des faits; la fécondé, ceux
qui ont pour objet leur combinaifon; la
troifième enfin , ceux qui ont rapport à ia
généralifation des rélultats & à l’établilfe-
rnent de ces principes féconds , qui deviennent
entre les mains d’un obfervateur,
des inftrumens qu’il applique avec avantage
à la découverte de nouveaux faits &
de nouveaux rapports.
Principes qui concernent Pobfervation des
faits. •
Il n’efl pas aufîi important de montrer