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les golfes allongés aux prefqu’îles , & les
iflhmes aux détroits; ce font des configurations
que j’examine dans leur corref-
pondance comme dans leur, oppofition ,
parce que fous ces deux points de vue ,
il efl plus facile d’en faifîr la diflindion
comme le raccordement.
Si nous foumettons maintenant toutes
ces formes de la géographie générale &
particulière du globe aux différens moyens
d’inflruâion dont peut faire ufage la géo-
graphie-phyfiquepour nous faire connoître
chacune d’elles, cesexamensnousoffriront
des enfembles intéreffans & des details
inftrudifs pour l’hiftoire naturelle de la
terre. C’eft d’après cês vues que les grands
continens & les principaux baflins des
mers feront figurés avec exaditude & décrits
fur les .récits des voyageurs les plus
éciairésj en indiquant cependant ce qui
relie à déterminer par de nouvelles recherches,.
Les méditerranées & leurs révolutions
, les golfes, les baies .& les anfes
feront repréfentées fur des cartes particulières
, de manière à faire connoître les
circonftances qui ont pu concourir a l’ap-
profondiffement de leurs baflins, foit que
ces caufes aient eu le principe de leur
adion'dans les mouvemens de l’Océan,
foit que l’origine de ces inondations locales
. ait été primitivement établie dans l’intérieur
des continens par les eaux courantes.
11 en fera de même des détroits & des
iflhmes | des îles & des lacs : tout ce qui
concerne les opérations de la nature auxquelles
ces différentes formes de terrein
peuvent appartenir , doit" être difeuté
d’après les obfervations les plus exades ,
& conftaté par les cartes , autant que les
faits pourront nous autorifer à ces configurations
& à ces développemens. Il
Il ne fuffit pas d’expofer ici la marche
févère que la géographie-phyfique exigera
de nous dans le cours de nos recherches
d’hiftoife naturelle; pour en prouver l’importance
& lés “avantages ; nous croyons
devoir montrer les grands inconvéniens,
que des écrivains célèbres ont rencontrés
dans leurs difeuffions en s’écartant de ces
principes.
Je citerai d’abord , à cette occafîon ,
l’article VI des preuves de la théorie de
la terre de Buffon , & qui efl relatif à la
géographie du globe. Ce célèbre naturalifle
confidère d’abord la furface de la terre ,
comme étant divifée d’un pôle à l’autre en
deux bandes de terre & deux bandes de
mer. La première Sc principale bande efl
l’ancien continent de 3600 lieues de longueur
, depuis le cap oriental de la Tar-
tarie feptentrionale jufqu’au cap deBonné-
Efpérance. Si l’on mefure cette furface
par une ligne parallèle aux méridiens, on
ne trouvera que 2yoo lieues depuis le,
cap Nord de la Laponie jufqu’au cap de
Bonne-Efpérance. Cet ancien continent
a environ 4,940,780 lieues carrées : .ce
qui ne fait pas la cinquième partie de la
furface totale du globe.
A l’égard du nouveau continent, Buffon
obferve qu’il forme une bande de terre,
dont la plus grande longueur doit être
prife depuis l’embouchure du. fleuve delà
Plata jufqu’à cette contrée qui s’étend au-
delà du lac des Alîîniboîls. Cette partie
peut avoir environ 2,140,213 lieues carrées
de fuperficie : ce qui ne fait pas la moitié
de l’ancien continent. Toutes ces terres
réunies enfemble tant de l’ancien que du
nouveau continent font environ , fuivant
les approximations précédentes 7,080,993
lieues carrées : ce qui n’efl pas, à beauco up
près, le tiers de la furface.totale du globe
qui en contient vingt-cinq millions.
Buffon remarque , outre cela , que les
deux continens font, des avances oppofées
& qui fe regardent , favoïr les-côtes
; d’Afrique depuis les îles Canaries jufqu’aux
côtes de Guinée ; & celles de l’Amérique
depuis la Guyane jufqu’à l’embouchure
de Rio-Janeiro. i
Enfin , il ajoute à ces obfervations
deux faits qui font affez remarquables.
C’efi que l’ancien & le nouveau continents
font prefque oppofés l’un à l’autre : l’ancien
efl plus étendu au nord de l’équateur qu’au
fud , & au contraire le nouveau l’eft plus ;
au fud qu’au nord de l’équateur. De même
le centre de l’ancien continent efl à 16
ou 18 degrés de latitude-nord, & le centre
du nouveau à 16 ou 18 degrés delatitude-
fud : enforte que. ces terres'* fermes &
sèches femblent devoir fe contrebalancer
à un certain point.
Buffon ne s’en tient pas à ces confédérations
qui me paroiffenc affez fondées fur
l’état connu des chofes ; il s’engage par
la fuite dans des hypo'thèfés qu’il-n’auroit
pas ofe’ hafàrder s’il eût fenti la néceflïté
de l’une des deux bâfes de la géûgraphie-
phyfique, tobfervation. 11 fuppofe donc
que les pays les plus anciens du globe
doivent étreles plus voifips.des deux lignes
qu’il a triées au, milieu des continens
terreftres , & qui les .divifent, àTpeu-près
en deux parties égales. Il croit dé plus que
les. terres les , plus nouvelles doivent être
les plus éloignées de ces lignes, en même
teins qu’elles font les plus baffes.
Ainfi dans l’Amérique , fuivant cette
prétention , la terre Magellanique, la partie
orientale du, Bréfil, du pays des Amazones
, de la Guyane & du Canada font
des pays nouveaux : une des preuves qu’il
nous en donne , c’eft qu’en jettant les yeux
fur les cartes de ces contrées, on remarque
que les eaux y font répandues de tous
côtés , qu’il y a un grand nombre de lacs
& de très-grands fleuves. Au contraire
il regarde le Tucuman, le Pérou & le
Mexique, comme des pays beaucoup plus
anciens que ceux dont on vient de parler,
parce qu’ils font très-élevés & furtoüt fort
voifins de la1 ligne qui partage le continent
de l’Amérique.
De même il confidère comtrie terres
G éographie-Phyjique. Tome I.
anciennes de l’Afrique celles qui s’étendent
idepuis le cap de Bonne Efpérance jufqu’à
la mer Rouge & l’Egypte fur une largeur
d’environ yoo lieues ; au lieu que , félon
lui , l’Egypte , la Barbarie, les côtes occidentales
depuis la Guinée jufqu’au détroit
de Gibraltar font de nouvelles terres.
L’Afîe paroît à Buffon une terre ancienne
& peut-être la plus ancienne de
toutes. Si l’on fuit la ligne qu’il a tracée
au milieu de l’ancien continent, les terres
les plus anciennes* feront l’Arabie Heu-
reufe & déferte, la Perfe , la Géorgie,
la Turcomanie, une partie delaTartarie
indépendante , la Circaliie & une partie
de.la Mofcovie mais les contrées de la
furface de la terre dans cette vafle partie
du monde, demandent beaucoup d’autres
caractères que celui de terres baffes, pour
pouvoir être rangées parmi les terres nouvelles,
& -féparées des anciennes.
En général , peut-oh dire, fuivant la
fuppofition du célèbre étrivain dont nous
analyfons les idées , que l’Europe efl un
• pays nouveau , parce que cette partie du
mondé efl éloignée de fa ligne ,. & que
d’ailleurs 'elle offrè des terres baffes remplies
de marais & couvertes de forêts I
Voilà quelle étoit la manière de phî-
lofopher dé Buffon & de raifonner lorf-
qu’il s’agiffoit de prendre une décifîon fur
’ les points les plus importans de l’hiftoire
de la terre. Oppofons à cet échafaudage
vague & fans principes, la lumière que les
découvertes de Rouelle nous ont offerte
depuis long-tems fur la diflindion de l’ancienne
& de la. nouvelle terre , & fur la
fhéthode qu’il convient de fuivre pour les
rècOnnoître à des caradères invariables &
tfès-apparens.
- Pour peu que nous réunifiions quelques- Itinêsdes obfervations faites par des natu-
raliftes éclairés, nous verrons qü’un grand
nombre de pays1 fitués dans1 le voifinage
K k i t i