
qu'aura duré dam cette . terre ■: le dégrë
de chaleur néceftaûe à leur multiplication,
, ; '
Le» animaux au contraire qui peuplent
ÿftuellement nos régions tempérées &
froides , fe trouvent également dans les
parties feptentrionales des deux continens;
iis y font nés poftérieurement aux premiers
, & s’y font confervés parce que
leur nature n’exige pas ufie aulR grande
çhaleur» Au r e lie , il eit certain qu’aucun
des animaux propres & particuliers
aux terres méridionales de notre continent
ne fe font trouvés dans les terres
méridionales de l’autre , & que même
dans le nombre des animaux communs
à notre continent & à celui da l’Amérique
feptentrionale , à peine peut-
on citer une efpèee qui foit arrivée à
l’Amérique méridionale j cette partie du
monde ri’a donc pas été peuplée comme
toutes les autres, ni dans le meme teins :
elle eft demeurée, pourainfl dire, ifolée
& fépgrée du relie de la terre par les mers
par jes hautes montagnes, Les premiers
animaux terreflres nés dans les terrés du i
Nordn’ont donc pu s’établir par communication
dans le continent méridional de
l ’Amérique, ni fublîller dans fon continent
feptentrional qu’autant qu’il aconfervé le
degré de chaleur îiéGeflàire à leur propagation
, & .cette terre de l ’Amérique méridionale
réduite à fes propres fprees n’a
enfanté que des animaux plus foibles &
beaucoup plus petits que ceux qui font
yenus du ?Jord ppur peupler nos contrées
du Midi,
Buffon penfé que tout ce qu’i l y a de
eoloffal & de grand, a été formé dans
les terres du N ord, & que li celles de l’E ,
quateur Ont produit quelque? animaux ,
ce font des elpèces inférieures, bien plus
petites que les premières, I l s’appuie particulièrement
fur la comparaifon des animaux
de,. d’Amérique méridionale , qui
tous font petits & fqible« } parce quils
ne lui font pas venus des terres fepten- ,
trionales.
D ’ailleurs les Baleines , les Cachalots ,
les Narwals St autres grands Cétacées ,
appartiennent aux mers feptentrionales ,
tandis qu’on ne trouve dans les mers tempérées
& méridionales, que les Lamentins,
lés Dugons , les Marlbius , qui tous font
inférieurs aux premiers en grandeur. Pour -
quoi, ces grandes eljpèces paroiflènt-elles
coniinéés dans ces mers froides ? Pourquoi
n’ont-elles pas gagné fucceffivement
comme les ËLëphans les régions les plus
chaudes ? En tin mot, pourquoi ne fe
trouvent-elles:ni dans les mers tempérées,
ni. dans celles du Midi,
Buffon établit la permanence du féjour
de ces grands animaux dans les mers
boréales, fur la continuité . des continens
vers les régions de notre N o rd , & fur
l’exiftence de çet état pendant de longues
années. Il penfe que fi ces animaux marins
euffent trouvé la rçmte ouverte, ils auraient
gagné les mers du M id i, pour peu que
| le refroidiffement des eaux leur eût été
contraire ; & cela ferait arrivé, s’ils euffent
pris naiffance dans Je tems que la mer
étoit encore chaude. Buffon préfume
donc que leur exiftence eft poftérieure
à celle des Elêphans & des autres animaux
qui ne peuvent fubfifter que dans
les climats du Midi, Cependant;,, il fe
pourroit faire que la différence de température
fû t , pour aipli dire, indifférente
ou beaucoup moins fenfibie aux animaux
aquatiques, qu’aux animaux terreflres.
D’ailleurs les variation» de température
qui font fi grandes à la furface de la
terre, font beaucoup moindres & prefque
nulles à quelques toifes de profondeur
fous les eaux ; enfin par la nature meme
de leur organifation? les cétacées paroiflènt
plutôt munis contre le froid que contre
r la grande chaleur. L ’énorme quantité de
lara & d’huile qui recouvre leur corps,
ça les privait du fentiment v if qu ont
les autres animaux, les défend en même-1
tems de toutes les impreifions extérieures, ;
& Buffon préfume qu ils relient ou ils j
fon t, parce qu’ils n’ont pas meme le
lentiment qui pourroit les conduire vers
une température plus douce.
Toutes ces confidérations font croire
à Buffon que les régions du Nord,, foit;
de la mer foit de la ferre , ont non-leu-
lcment été fécondées les premières , mais
encore que c’eft dans ces régions, que la
nature vivante s’efl élevée à fes_plus grandes
dimenfions. Il en trouve la raifon , en
conftdérant que - fuivant fon hy pothefe ,.
les- parties aqueufes Ç hùileufes & ductiles
qui (fèvQient entrer dans la comppfition
des êtres organifés, font tombées avec,
les eaux fur les parties feptentrionales du
g lo b e , bien plutôt & en bien plus grande,
quantité, que fur les parties méridionales;
que c’eft dans ces matières que les mole- ;
cules organiques vivantes ont commence
à exercer leur pulffance ? pour^ modeler
& développer les corps çrganifés. I l n eft ;
donc pas’ étonnant que les. premières, les ;
plus fortes, les plus- grandes productions ;
de la nature fe foient faites dans cesi
terres du Nord.
. Dans ce-même tems ou les Ëléphansha-
■ bitoient les terres feptentrionales, les arbi es
& les plantes,, qui couvrent nos contrées
méridionales exiftoientauffiau milieu de ces
mêmes terres du Nord. Les monumenslemblent
le démontrer; car toutes les impreffions
des plantes qu’on a trouvées dans nos
ardoifes & dans nos-charbons préfentent la
figure des plantes qui n ’exillent actuellement
que dans les grandes I iiqc.s ou dans les
autres partie? du Midi. Si 1. on^.qbjeÇte
que les arbrtes & les plantes n’ont pu
voyager comme les animaux , Buflon rép
o n d , que les efpèces de , végétaux fe
•font femées de proche en proche , St
qu’après avoir gagne jufqu’aux contrées
de l’Equateur elles ont péri dans celles^
du N ord , dont elles ne pouvoiènt plus!
-fupporter ; le froid : &-que d’ailleurs ce,
Géographie-PhjJtqux. Toute I ■
tranfport n’eft pas néceffaire , parte tjûd
le même degré de chaleur a produit par-1
tout les mêmes plantes , fans qu elles y
aient été tranfportées.
Il relie maintenant la population de
l’homme. Buffon penfe qu’elle s ’eft faite
poftérieurement à toutes ces époques ,
& que l’homme eft en; effet le grand &
dernier oeuvre dé la création. C eft en
conféqûence de fon intelligence &. de fes
reffourçes, que l’homme fe trouve répandu
par-tout, & même dans cette terre ifolée
de - T Amérique méridionale qui paraît
n’avoir eu aucune part aux premières
formations des animaux, & auiïi dans toutes
les parties froides ou chaudes-de la furface
de la terre. Lesterres les plus difgraciées,
les ides les plus ifolées, les plus éloignées des
continens, fe font/trouvées toutes peuplées
par des hommes de la même efpèee;. Les
petites différences qu’on remarque dans
leur nature , ne font que de légères variétés,
caufées par i’infîüelice du climat ou de la
nourriture. Buffon penfe d’après ces faits
que la création de l’homme a été f olié- -
rieure à celle des grands animaux , Ci.
dans un tems où l’homme pouvoit être
le témoin intelligent, l’admirateur paifiblc
du grand fpcrtacie de la nathre , & de
l’état de la terre confolidée , féchée-^
couverte de végétaux Sc d animaux , enhn
préfentant toutes les merveilles de la
création.
Sixième époque.
Lorfque s'ejl faite la féparation des 'continents.
Buffon confidere le temps de la réparation
des continens comme étant poflë-
rieur à celui où les Ëléphans! ^habitoieiit
| les terres duo Nord ; puifqu alors leur
1 efpèee étoit également fubfiftante en Amé-
! rique-, en Europe & en Afie p & i l
! en a apporté pour preuve les dépouilles de
! ces animaux trouvées dans1 les parties
jfop tenuional.es du nouveau continent ,