
comment de l’état prélent de la Tofcane
on pou voit remonter vers l ’état ancien.
Il trouve fur-tout dans les inégalités actuelles
de la furfacè de la terre les preuves
manîfeftes dès diverfes révolutions que
le fol dé la Tofcane a éprouvées, & il
en indique la fuite avec autant de méthode
que de précilion; en conlequence, il trace
dans fix figures iix différens états par lel-
quels il s’eft pérfuadé que la portion du
terrein de l’Italie com'prife entre l’Arno
& le T ib r e , à partir depuis lé fomrnet
de l ’Apennin jufqu’à la mer , avoit pafie
fucc'effivement. Il commence par admettre
x °. deux grandes inondations qui ont
couvert la Tofcane; 28. deux retraites
des eaux de la mer qui ont laide à découvert
les dépôts fous - marins qui s’y étoient
formés & dont la furface n’offroit aucune
inégalité ; jfh enfin deux états pendant.lef-
queis les parties abandonnées par les retraites
la nier ont été lîlionnées de vallons.
Autant Sténon fe croybit fondé à démontrer
que ces. fix états ont eu lieu en
Tofcane , d’après les obfervations qu’il
avoit faites dans ce duché , autant il fe.
fiattoit de pouvoir faire l’application de la
même fucceffion d’évènemëns aux grandes
parties de la terre qu’il connoiffoit par les
defcriptions des voyageurs qui les avoient
parcourues de fon temps.
La figure V I , nous offre la coupe
verticale du terrein de la Tofcane, a l’e-
poque où les bancs pierreux parallèles -à
l’horifon étoient dans leur entier. Sur
quoi Sténon fait remarquer que lors de
la formation du lit fupérieur F G , il étoit
fous les eaux de la mer ; d’où i l refulte
qu’à cette.époque les fommets ou replats
des plus hautes montagnes ont ete couverts
des eaux de la mer : & comme on
ne trouve en Tofcane aucun corps étranger
dans les lits les plus élevés des montagnes,
il s’enfuit que l’eau qui a formé
ces lits a exifté dans ces lieux avant l’exif-
tence des corps hétérogènes, c’elt-à-dire1
des animaux & des plantes ; ainfi tandis
que l’organifation par couches annonce
la préfence & liaâion d’un fluide , & que
la nature des matières nous_ prouve l’ab-
fence des corps organifés , il s’enfuit que
par-tout où cette difpofition régné, on
peut en conclure' que 'la mer a couvert
toutes les montagnes femblables aux plus
élevées de la Tofcane. En vain, voudroit-
on fuppofer que ces corps hétérogènes fe
feroient détruits , il faudroit toujours que
l’on reconnût quelque différence entre la
matière des lits horifontaux & celle qui
fe feroit filtrée à travers les lits pour
remplir les vides occupes par les corps
marins détruits. Enfin Sténon.ajoute que
fi l’on trouvoit dans certains lieux fur les
couches dépofées par le premier fluide
d’autres couches remplies.de divers corps
organifés, on ne pourroit douter qu’un
fécond fluide, une fécondé inondation
n’euffent formé de nouvelles couches fur
celles qui avoient été dépofées par le premier
fluide & que les matières de ce nouveau
fédiment n’euffent dans certaines cir-
conftances rempli les excavations produites
par l’ affaiffement des couches anciennes.
Il faut donc toujours emrevenir , fui-
vant Sténon, à ce principe que dans le
temps où fe font formées les couches com-
pofées de matières exemptes de corps or-
ganifes hétérogènes, les autres couches
qui en renferment n’exiftoient pas & ont
été formées depuis.
Le fécond état de la Tofcane nous offr*
le terrein formé par le premier fluide qui
a été introduit à la fuite de la première inondation;
ce terrein mis à découvert par Ja
retraite des eaux de la mer, a prefente
après cette retraite une furface plané &
unie. Mais bientôt l’eau & le feu ont travaillé
le fol uni de ce fecond état,_ & J
éfl furvenu des changemens indiqués par
les figures IV & V . La figure V donne la
coupe des grandes cavités fouterraines
creufées foit par l’eau , foit par le feu ,
fous les premiers, lits, les lits.de la furface
qui. relièrent intads; mais .-la figure IV ,
fait voir comptent les montagnes & les
vallées ont pu être, formées; en un mot;
comment les inégalités du globe terreflre
ont pu être produites par l’affaiffement des
lits fupérieurs. .Avant cet affaiffement,
les fommets des plus hautes montagnes &
les émplacemens des vallée^ intermédiaires
qui ont féparé depuis ces moutagnes, ne
formoient qu’une vafte plaine unie & fans
aucunes inégalités dans toute leur.étendue ;
mais depuis ces affailfemens tout a changé
de face , & le fol de la Tofcane a été partagé
entré de lai'ges plaines & des chaînes
de montagnes fort élevées ; & c’efl là le
troifîème,état que diflingue Sténon.
Le quatrième état eft repréfenté dans
la figure III ; Sténon fuppofë une fécondé
inondation par ie retour des eaux de la
mer, qui font venues dépofer de nouvelles
couches fur les anciens fédimens qui formoient
pour lors le terrein des vallées &
des-montagnes dont nous avons indiqué
les inégalités dans ie troifîèmeétat. Lors de
la formation des couches nçüvelles, les lits
anciens F G , avoient la même inclinaifon
qu’ils ont aujourd’hui. Sténon penfe donc
que la formation des bancs fabloneux des
collines eft poftérieure à l’exiflencé de
ces grandes & larges,vallées où ces bancs
ont été dépofés , que pour lors le niveau
de la mer a été beaucoup plus élevé qu’il
n’eft à préfent. Ce que prouve incontestablement
la formation des collines par
les dépôts des eaux de la mer ; d’où il efl
réfulté que non-feulement en Tofcane,
mais encore dans plufieurs provinces
éloignées de la mer , les eaux ont une
pente dans la Méditerranée ou dans l’Océan.'
Sténon’ ayant reconnu des indices certains
du féjour delà mer fur dès terreins
élevés de!plufieurs centaines de pieds au-
deflus de la furface aduelle de l’Océan,
ell porté à croire en conféquence que
notre globe a pu être inondé une fécondé
fois comme il l’a été dès le commencement,
& que c’eft ainfi que tous les ordres de
dépôts peuvent s ’expliquer. Il va plus
loin ; il foupçonne que dans les entrailles
de la terre, il y a de grands réfer-
voirs qui fe remplilfent alternativement
du fluide aqueux & du fluide aérien;
qu’outre cela les déplacemens fucceflîfs
du centre de gravité par les éboulemens-
fucceflîfs qui fe font opérés dans l’intérieur
du globe, ont fufiî pour déterminer les
eaux anciennes qui fubmergeoient le globe
à quitter certaines parties de là furface
pou ren aller recouvrir d’autres. Sténon,
fertile en reflburcès, croit qu’on peut
rendre raifon d’unefeconde im .ndation, en
fuppofant Taftion d’un feu central fur une
grande n jaffe d’eau qui l’auroit enveloppé,
& qui trouvant Tes communications avec
la mer fermées par l’affaiffement des lits
horifontaux, auroit jailli à la furface de
la terre par toutes fes ouvertures , fe feroit
échappée par tous fes pores , & feroit
retombée en forme de pluie avec les vapeurs
& les nuages. Le fond de la mer
fe feroit élevé par l’effet de la même force
qui auroit augmenté la capacité des cavités
fouterraines. Les autres cavités vôifînes
de la fuperficie du globe , aurorent été
comblées en partie par les matières que
jp pluies auroient entraînées des lieux
elevés. C ’eft à cette fécondé inondation
qu’il croit devoir rapporter l’origine des
vallées profondes dont le terrein, dans les
pays mêmes les plus éloignés de la mer
n’eft compofé que de diverfes couches qui
font la fuite des fédimens fucceflîfs des
eaux, auffi étendus qu’ils font abondans.
Le cinquième, état de la Tofcane étoit
celui des grandes plaines abandonnées &
mifes à fec par la retraite de la mer, &
au milieu desquelles les eaux ont formé des
excavations fous les couches nouvelles
voifines 'de la furface, par la deftruâion
des couches inferieures que les eaux ou
S f f a