
pour connoitre les caufes , !es temps iSc
ïétendue de leurs crues, ainfi que les cir-
conftances correfpondantes des baffes eaux.
Les crues du Danube dépendent fuivant
jMarfigly , i f , de la première fonte des
neiges à la fin de l’hiver dans les plaines
& moyennes hauteurs ; ce font vifible-
pient les premières fontes de neiges : 2°.
de la fonte des neiges fur les hautes montagnes
& furtout lorfque les pluies du
folftice s’y mêlent : le fleuve éprouve«
alors les plus grandes crues. Ces derniers
accès arrivent ordinairement depuis le
milieu de juin jufqu’au milieu de juillet.
Enftiite l’eau du fleuve Ce foudent à un certain
dégré d’éiévation jufqu’au 10 août :
après quoi l’eau du fleuve décroît fenfî-
biement , & plus ou moins fuivant que
la faifon. de--fautomne eft pluvieufe ou
icc’ne : car fi les pluies furviennent & fe
foutiennent pendant quelque temps , alors
le fleuve éprouve des crues extraordinaires. -
Dans les temps de scchereffé, lorfque
les neiges manquent , lès eaux balles du
fleuve fe continuent à un certain point, qui
fait croire que la maffe d’eau fluviale fournie,
par les fources, eft yerfée uniformément
au dehors par les réfervoirs qui ont reçu
leur provifion dans les années où les neiges
& les pluies ont été abondantes, c’eft
fur ce fond là qui eft immenfe , que les
eaux courantes & perpétuelles du Danube
font alimentées continuellement : mais dans
tous les cas les crues quelles'qu’elles foient
dépendent, ou des pluies oudé la fonte des
neiges qiiiajoutent à cette maffe d’eau contenue
dans les réfervoirs fouterrains, des
fources & dés fontaines,
I I.
Hifîoire de la mer.
L ’hiftoire delà mer de Marfigli eft cli-
vifée en cinq parties : la première traite de
la difpolition du fond ou du bsftki delà
jner : la fécondé, de la nature déKlftaù : la
tfoiGemé, defesmouvemens : la quatrième,'
des plantes qui y «roiffent : la cinquième y
des poiffons.
Pour reconnoître ce qui concérnoit le
fond dubaflin de la nier, l’auteur a fait plu-
fieurs voyages où il a recherché quelle étoit
fa nature & fa profondeur au moyen des
fondes. Il a trouvé d’abord que le golphe
de L y o n , compris entrele cap. Sifféprcs de
Toulon & le cap d’Àgde , étoit coupé en
deux par une côte cachée fous l’eau : que la
partie qui eft depuis la terre jufqu’à cette
cote ne paffe pas 70 braffes de profondeur
, & que l'autre qui eft vers le large
en a iy o . en quelques.endroits)&quelques
fois tant que la fonde ne peut l’atteindre :
on la nomme Vabifme.
Il a recherché enfuite quelle étoit la
conformation du terrein , c’eft-à-dire l’arrangement
des divers. lits de terre , de
fables , de rochers, non feulement dans
la côte , mais dans les ifles ou écueils voi-
fins. Cette conformation s’efl trouvée fem-
blable : de forte que les ifles ne font que
i des fragmens de la terre ferme , & qu’ap-
paremment le fond de la mer en eft une
continuation. De-là Marfigli conjeélure
- que le globe delà terre a une ftruéture déterminée
, organique & qui n’a'pas fouffert
de grands changemens, du moins depuis un
i temps confiderable , par l’introduéiion de
l’eau de la mer dans fon baffîn. Il fait voir
que les lits de fel .& de bitume font mélés
entre des lits de pierres & que fur le fond
naturel ou primitif de la mer i’I s’ell
formé un fond accidentel , par le mélange
des différentes matières , comme
fables , coquillages , vafes &c . qu’un
certain gluten a fortement unis & collés
. enfemble , & qui fe font enfuite durci*
jufquà fe pétrifier, Comme ces inerufta-
cioiis fe font néceffairement par couches,
il y en a telle où les pécheurs diftinguent
les augmentations annuelles ; elles ont
une variété fur prenante de couleurs , qui
quelquefois pénètrent jufque dans k fub-
j flancs pierreufe, mais le plus fouvent elles
ne font que fuperfieielles & fe diffïpent
hors deTeau.
Marfigly a reconnu par un thermomètre
qu’il a plongé dans l’eau que le degré de
chaleur y eft égal à différentes profondeurs
; qu’en hiver il eft un peu plus*
confiderable dans cette mér qu’à l’air libre ;
c ’eft le contraire en'été , mais fouvent
auffi il eft égal.- Cependant il a reconnu
que plufieurs plantes de la mer s’accordent
avec celles de la terre, pour repouffer au
printems plutôt qu’en d’autres' faifons.
Il penfe que l ’eau de la-mer, en fup-'
pofant qu’elle foit bien choifie, eft plus,
claire & plus brillante qu’aucune âutreeau.
I l croit qu’il eft aifé de détermine).':
les caufes de fa falüre & de fon amer-,
tume, car il diftingiie l’amertume de'la
falifre ; l’une-eft produite , félon lui , par
la diffolution des bancs de fel , & l ’autre
par la diffolution des lits de bitume.
L’eau eft beaucoup plus propre à. dif-
foudre le fel que' le bitume. Auffi dans
l’eau de la mer la. dofe du fel eft-elle
.beaucoup plus forte que celle de bitume,
Marfigly ayant pris 23 onces 2 gros
d’eau de citerne pour en faire de • l’eau
de mer , il y mit '6 gros de fel commun ,
& feulement 48 grains d’elprit de-charbon
de terre : avec ce mélange il eut une eau
de mer as tificielie du même goût que la
naturelle.
La petite quantité & la légèreté de la
matière bitumineufe font que l’eau de la
mer diftillée & q u i, par la difhllation,
a perdu faTalure, n’a pas pour cela perdu
fon amertume, & ce goût défagréable,
& à ce qu’on prétend malfaifant. La diftil-
lation qui fe fait naturellement par 1 ail
& la chaleur du foleil & qui eft différente
de celle, d’un alembic , dépouille parfei-
tement l’eau de mer de fon bitume.
Il y a dans la terre tant de matières
différentes que la mer lave, 8e fur-tout que
les eaux courantes des fleuves qui s’y
jettent, y entraînent, qu’on peut légitimement
croire que le bitume n’eft pas le
fieuf principe qui s’y mêle avec le fel.
Ajoutez à cela ce que la deftruction des
ppiffons fournit chaque jour à l’eau de la
rnèr. Parice que nouâ venons de dire ,
on voit que fur 24 onces d’eau de mer
il y a 6' gros de fe l , ou ce qui eft la
même chofe, qu’elle contient la 31e partie
de fon poids de fel ; mais cela n’eft vrai
que de l’eau prife à la furface de la metv
Celle du fond eft plus falée , & renferme
la 2ÿe partie de fon poids de fel ; celles
qui font à la furface de la mer, à l’embouchure
du Rhône, font d’une 30epartie
plus légères que les .eaux plus éloignées ,
pareillement fuperfieielles ", & celles-ci
encore plus légères que celles qui font à
.plus, grande diftance de terre.
I f eft afièz étonnant q u e 'i ’eau de la
mer à'qiu le fe i n’a pas manqué, n’en ait
pas diflous tout ce qu’elle en pouvôit dif-
loudre. Par les expériences ’de Marfigly
une quantité d’eau qui doit en contenir
<5 g ro s ,-en diffout encore 4 gros J , &
l’eau de mer artificielle cinq. Il conjeélure
que les'animaux de les plantes de mer
confirment une" partie de fon f e l , qu’il
s’en diffipe une autre partie dans 1 air ,
que lès eaux douces qu’elle reçoit par ies
rivières & par tes fources du fond de Ton
baffin, la deffalent encore : mais avec tout
cela il rie prétend pas avoir donné la
foiution de cette ■ diflàcwlté.
Il a fait paffrr 14 livres d’eau de mer
à travers cinq pots de rerre , qu’il afuccet-
fivement remplis de terre de jardin & de
fable de mer. Les 14 livres d’eau ayant
paffé & par le fable & par la terre, ont
été également réduites à y livres 2 onces ;
mais elles ont été mieux deffaiees par le
fable & dépouillées d’une plus grande partie
de leur poids. Par ces-moyens l’eau 'de
la trier pourroit devenir douce en fe filtrant
dans.les entrailles de la te r re , f i .