
raflemblent les eaux peur les verfer par
des pentes plus ou moins rapides jufqu’à la
mer où elles vont fe rendre comme à l’é-
goût général. En conséquence on ne peut
douter du rapport qu’ont les montagnes
avec les rivières,
Pour développer davantage fa doflrlne,
Buache dillingue trois ordres de montagnes.
Le premier comprend les plus hautes
montagnes terrellres qui forment avec
les chaînes marines ces grandes ceintures,
dont les unes, félon lu i , traverfent notre
globe d’Occident en O rient, pendant que
les autres le foutiennent d’un pôle à l’autre.
La fécondé clafle de montagnes que cefavant
géographe nomme montagnes de revers , |
comprend celles quifontde moyenne gran-
deur, partant des grandes chaînes & dirigeant
leurs cours vers la mer entre l’embouchure
deslleuves. Enfin, la trbifième clafle de montagnes
comprend les petites chaînes pu
les terrains un peu élevés qui fe détachent
comme en patte d’oye , des moyennes
montagnes & que Buache nomme montagnes
côtières. Les rivières des côtes fortent
de cés hauteurs.
Il tire de- eette diftinélion de montagnes
une dillribution correfp.ondante des
fleuves '& des rivières en trois claflès.
Ainfî , i° . I l appelle fleuves les grandes
rivières qui prenant leurs fources dans de
grandes chaînes , parcourent un grand
terrein , reçoivent un nombre con-
fidérable dé rivières & confervent leur
nom depuis- leurs - fources jufqu’à la
mer où elles fe jettent ; 2°. de même les
moyennes rivières qui fortent la plupart
des chaînes de montagnes de revers, perdent
leur nom en. joignant leurs eaux à
celles des fleuves; enfin, il nomme rivières
decôtesou côtières, celles qui n’ont ieurori-
gine ni dans les grandes chaînes, ni dans les
montagnes de revers , tnais dans jes hauteurs
voilures des côte,s,
y p ilà quels font les principes d'après
lefquels Buache a cru . pouvoir établir la
! continuité des Ghaînes de montagnes à la
| furf'ace des continens ; mais avant d’èn
. faire l’application, il parcourt les mers.
D ’abord il détermine la direétion des
chaînes marines dont nous avons parlé,
.fur le fqnd de. la mer , & il les trace
en fuivant les ifles , las rochers à fleur
d eau , les bas-fonds. Ce font ces chaînes
qui traverfent lès mers 8c qui unifient les
continens entre eux.
Il fait plus , il prétend avoir reconnu
par le dépouillement des fondes des navigateurs
,_par les obfervations fur les cou-
rans de la mer 8c fur leur direction, que
le fond de la mer ne diffère de la furfaca
de la terre, que parce qu’il fe trouve au-,
deflous du terme auquel les eaux fe font
abaiffées, & qu’il a , comme Jes continens,
les montagnes, fes plaines, fes\ vallées.
Buache conclut d’un grand nombre de
îeçherchës qu’il a faites à ce fujet; i° . que
le globe de la terre eft foutenu par placeurs
chaînes de montagnes qui traverfent
les mers comme les terres , & q u i, félon
lui, augmententlafoliditédu globe; 2°. que
ces montagnes partagent la mer en diffé-
rehs balîins qui ne paroiflent confondus
enfemble que parce que les montagnes
qui en forment l’enceinte font couvertes^
par les eaux, mais qui cependant n’eK
font pas moins diflinéts aux yeuy' du géographe,
Hijes ont encore un grand avantage,
ç’eft qu’elles préfentent un obfiacle
au trop grand mouvement que les eaux
de la mer pourroient prendre fi elles ne
rencontraient pas ces barrières dans un
vafte bafltn.
Les vallées rparines qu badins ne font
pas toutes de la même profondeur ; il s’en
faut bien , par exemple, que le bras de
mer qui fépare la France de l’Angleterre
né foit auflî profond que l’Océan qui eft
a la tête du canal ; car fi la mèr baiffoit
de -vingt-cinq braffes, elle laifferoit à. découvert
un iompiet qui joint Calais à
Douvres, & qui ne cefle de former un
ifthme que parce qu’il eft toujours fub-
ïne'rgé. .( Voyec^ ce que j ’ai dit für la
Manche , dans le dictionnaire.
Ce détail peut’faire comprendre que les
ifles voifines des continens , - font, non
comme le dit Buache, les fommets des
plus hautes montagnes, mais des portions
de continens féparées par des vallées que
la mer & les eaux courantes des continens
fe font creufées. S’il y a des parties
plus élevées que d’autres dans ces vallées ,
ce font vifiblement des relies des anciens
terreins qui n’ont pas été enlevés par l’action
des eaux ; ce font des parties réfer-
vées par les flots 8c qui n’ont rien de
commun avec les inégalités de la furface
des continens.
J’en dirois autant des autres balîins
des mers que Buache prétend avoir été
féparés par des chaînes de montagnes
foumariries, 8c qu’il regarde Comme la
continuation de celles qu’on trouve fur
la terre ferme; mais nous laiffons au lecteur
intelligent à difeuter toutes ces formes
délicates, & nous fupprimons les détails
des différens baffins des mers, nous réfer-
vant de les reprendre dans l ’analyfe du
premier recueil de cartes dont nous rendrons
compte par la fuite.
Nous füpprimons de même les détails
des chaînes de montagnes terreftres que
Buache a tracées fur les différentes parties
des continens qui environnent les mers,
parce qu’on en trouvera par la fuite
u'ne expofition méthodique & raifonnée
dans l ’analyfe des deux recueils.
Il nous refte maintenant à parler d’une
confîdération dont s’eft occupé Buache
dans fes travaux géographiques, relatifs
à la géographie-phyfîque. C ’ell celle des
divers balîins des mers, dont il détermine
l ’étendue par la portion des continens
que parcourent les rivières qui s’y jettent,;
cette «onfidération eft fur-tout tres-iin-
portante , lorfqu’il eft queftion des grands
golfes & des méditerranées, parce que
la connoiffance de leurs baffins terreftres
conduit à celle de tout ce qui a pu concourir
à leur formation ou bien à leurs
accroiffemens,
Ainfi , quoiqu’il foit difficile decroireà
aux limites précifes que Buache affigne s
chacun des baffins qu’il di ïingu e , foit dans
l’Océan atlantique, foit dans la mer des
Indes Oti dans la mer Pacifique, cependant
j’ai, cru devoir malgré cette incertitude
partir de ces fuppolitïons pour donner
dans mon atlas les détails de tous les baffins
des mers , en y joignant les baffins
terreftres qui leur correfpondent, parce
que d’après cette première ébauche, on
pourra déterminer les raifons des formes
aétuelles (de ces doubles baffins réunis.
I I.
Analyfe raifonnée du premier recueil de
cartes publié par Buache ^ fu r la géographie
phyfique , avec la notice de leurs
explications.
Dans ce recueil , Philippe Buache a
offert fous différens points de vue & dans
plufteürs Cartes intéreffantes un rappro -
chôment que je regarde comme tres-inf-
truftif, c ’eft celui des montagnes, des
fleuves & des golfes ou des mers, où ils
fe jettent. Quoique fa doârine fur les
grandes chaînés de montagnes qu’il fuppofe
traverfer fans interruption les continens
8c les baffins des mers , 8c qu’il confidere
comme la charpente du globe, ne foit ap -
puyêe d’aucune preuve folide, cependant
en réduifant ces trois objets à ce qu’ils
font dans la nature, on ne peut difeon-
venir que la correfpondance des fleuves
avec les montagnes d’où ils fortent, & avec
les mers où ils fe rendent ne foit très-utile à
l’étude de la géographie & particulièrement
à celle de la géographie - phyfique,
lûr-tout lorfque ces objets font dans un
rapprochement convenable & point forcé.
D ’après cette confîdération on peut