
à un maflif plus tendre, fe trouve particulièrement
fur " les limites de l’ancienne
& de la nouvelle terre , que Rouelle dans
fes leçons diftinguoit par des caraâères
Ix précis & û lumineux , & que' les natu-
raliftes dont nous combattons ;les 'idées,
n’ont .Jamais ni connus ni indiqués. C ’efl
fur ces limites que des rochers de granits
contigus à des. fubfiancçs argileufes. ou
calcaires , diftribuées par ; filons ou par
couches “horifontales, préfentent à l’eau
courante -des fleuves & des rivières , le
côntrafte des deux fols d on c j’ai..parlé.
Bien loin donc que les cataraâes fë.
trouvent dans les pays' nouveaux où la
nature' auroit à p'eine .ébauché lés formes;
de leur f o l , on ne les rencontre au con- ■
traire 'que, vers lesôfextr émîtes dé la plus
ancienne terre, où les deftrüâioiis ont fait
plus de progrès , & où cèqui a réfifté- à
ces deflruétions efl par conféquent plus
difforme que brute, & dotiiie; lieu à cés
cataractes.
l ’oferois prefqùe afiùrer que cette: cir-
cQnftance efl: applicable, à la cataraâe du
N il,..q u i donne,.lieu à cette; difcuffion.
Pour s’en convaincre, il 'fuffit de je!ter
les yeux fur les vues intérelîàntes du bord
oriental de ce .fleuve, qui font gravées
dans le voyage de Norden. Pour peu qu’on
foit exercé à .obferver, on y reconnoît
les rochers de' granits, dont la bordure
élevée fe montre dans tous les environs“
d’JUTouën , & fe prolonge à travers le canal
du N i l , à l’endroit même Me .la cataraâe.
Un peu atu-deflous. o.n fuit avec le même
piaifir les couches inclinées' & horifontales
des matières argileufes & calcaires,
adofiees aux nuffifs de granits &, moins
élevées que ces granits : 8ç ces,‘couches
figurent enfuite tout le long de la partie
inférieure .du même bord oriental du
fleuve,- ;
Nous connoiflbns d’ailleurs la nature
des rochers d’Affouén, ]Sar les obélifques
.qui ont été taillés dans les carrières des
environs - & la nature de la pierre des
couches horifontales qu’on trouve au-def-
fous &.qtii ont fervi à. la conftrudion des
pyramides. Ce font des pierres coquillères
où les madrépores & les, lenticulaires dominent
, & qui font connues parmi les
anciens fous le nom de pierres Troyennes.
I l feroit facile de citer ici plufieurs
amies exemples de cafcades ou de çata-
raéies qui le trouvent dans des circonf-
tances femblables à celles ‘ qu’on .vient
de décrire.,; & qui prouveraient que ces
circônflancis font les pfos communes.
Cependant il faut avouer qu’il y a.tdes
cas où la nature brute & difforme, femble
avoir multiplié les inégalités dans les lits
des ruiffeaux . & des rivières, & donné
lieu à de fréquentes cafcades, quoique les
mêmes phyficiens,, à l’appui fle leur fyf-
tême, rie les aient ni connus, ni indiqués. Ce
, font ies pays où'le feu a exercé fes- ravages,
& a produit par lés déplacemens & les
. tranfports imifiéùfe's dés matières fondues,
.certains défordres autour de tous les centres
.-.de Tes éruptions. -Les principaux eourans
de itiatiè'res Tondues“ qui' fe font répandus
ou dans le fond de vallées ou fur les
crouppes âlongées des montagnes, qui
verfent aéluellement fléau de tous'côtés ,
préfentent à leurs extrémités ' autant de
cafcades , parce que ' ces ' matières après
leur réfroidiflèïnent. ont pris Un tiffu ferré
:& compaâ que l’eau ne peut entamer
que trèsjlentement. J’obferve que la nature
efl ‘brute. & difforme dans les cantons
volcanifés ; • mais feulement pendant la
durée des premiers âges qui fuivent l’ex-
tinâion des Volcans: Car Outre que la
.nature au milieu des accès tumultueux du
feu , fuit une certaine marche uniforme
dans la diftribùtion des matières fondues,.
l’aâion de l ’eau & de Pair .c'ombinée fait
difpar-ûitre cet afpect dur & fauvage' des
cantons ravagés par le feu , & fait fuccèder
par des progrès infenfibles à l’aridité d’ua
fol couvert de-fcories & délavés, une verdure
fraîche & riante : & par la fuite des
mêmes caufes , les inégalités du lit des
ruiffeaux & les cafcades s’applaniffent &
fe détruifent entièrement.
Mais fi les hommes n’ont pas tenté de
détruire les ‘’cataràâes, ni d’applanir le
lit dès-«fleuves-, comme on l’a prétendu ,
pour faciliter leur navigation, ils: ont
fu y fuppléer en' quelque forte par le
courage & l’adreffe , comme Sénèque nous
l’apprend des Kâbitans de la Thébaïde'&
de l’Egypte. Il fuffira de rapporter ici
ce que Maupertuis raconte des manoeuvres
que. les Fifihois mettent habilement
en ufàge pour franchir les pas difficiles
des. catarades,fréquentes qu’on rencontre
dans les fleuves de Laponie : ,o n
y trouvera beaucoup de reffembiancé avec
ies manoeuvres des égyptiens.
Quelques planches de lapin fort-minces
compofent une nacelle légère & .fi flexible
qu’elle peut heurter à tous mèmens les
pierres dont les fleuves font pleins, avec
la force que lui donnent des torrens, fans
que pour cela elle .en foit'endommagée.
C ’efl un fpeâacle qui paroît terrible à
ceux qui n ’y font pas accoutumés ,- & qui
étonnera tous les autres, que de voir au
milieu d’une cataraâe dont le bruit efl
affreux, cette frefle machine entrainée»
par un torrent de vagues , d’écume & de
pierres, tantôt, élevée dans l’air , tantôt
perdue dans les, flo ts ; on Finnois intrépide
la gouverne avec un large aviron,
pendant que deux autres forcent, de > rames
pour la dérober aux flots qui la pour-
fuivent & qui font toujours prêts à l’inonder
: elle efl fouvent toute en | l’air ,
& n’eft appuyée que par'Une de fes
extrémités for une vague qui lui; manque
à tout moment. Si ces Finnois font hardis
& adroits dans les cataraâes , ils font partout
ailleurs fort indullrieux à conduire
cés petits bateaux , dans lefquels le plus
fouyent ils n’ont qu’un arbre avec fes
branches qui leur fert de voile, & de
mât.
X I I I .
S é n è q u e .
Sur T origine des Méditerranées.
. Il y a une autre efpècé d’eaux auxquelles
nous donnons . la, même origine qu’au
monde; s’il efl éternel, elles ont toujours
texiftéj s’il a eu un commencement, elles ont
été formées en mêoee-tems que lui. Quelles
font ces eauxi? L ’Océan & les mers méditerranéen
qui n ’en font que les rameaux.
Les fleuves dont la nature efl inexplicable.,
font auffij, fùivant certains philofo-
phes , auffi anciens que ie monde. Tels
font lé Daùube , ,1e.. Nil & ces rivières
immènfes auxquelles on ne peut, fans leur
faire outrage , donner la -meme, origine
qu’aux autres,- '**
Réflexions fur les changement arrivés au
bàffin de‘lu Méditerranée.
Il n’eft pas p'oflible d’admettre ici l’o p inion
deSénèquc fur la forme du baffin de la
Méditerranée , & de la croire suffi ancienne
que,le monde. Il fuffit de rapporter ce
quel les anciens 8c quelques obfervateurs
modernes.nous apprennent du débordement
du Poni-Euxin, pour ne point adopter
ces idées. Selon eux , l e ': Pônt-Euxin
s’ouvrant un paffage par le Bofphore de
Thrace , répandit une nouvelle malle d’eàà
dans-l’Archipel, & allez confidérable pour
inonder la plupart des itles, & même
une grande partie, 'des côtes de ,1'Afîe Mineure
& de la Grèce. Diodore de Sicile ,
lib. y , rapporté que les peuples de Samo-
thrace, iflc confidérable, fituée au Nord-
Oueft dè l ’entrée des Dardanelles, n’avoient
pas encore oublié , de fon tems , les prodigieux
changemens qu’avoient faits, dans
l’Archipel,, l ’irruption du Poat-Euxin }