
Manille, de Java & autres, la mer monte |
& defcend dans l’efpacede douze heures;
mais en redefcendant elle ne reflue pas
en fe portant hors des détroits du côté
de l’Eft , mais elle fe porte feulement
par les autres débouchés ouverts du côté
de l’Ouefl ; ce qui prouve quë dans ces
cir confiances Fintupiefcence & la ', dé tu -
mefcence ne font point des mouvemens
à part, mais toujours des modifications
du mouvement général, & qu’en particulier
le reflux ne fe fait point près des
côtes par un courant dirigé vers l’Orient.
Quand on dit qtle le mouvement dont
nous venons de parler fe porte d’Orient'
en Occident , on ne penfe pas qu’il foit
afïiijetti invariablement à ces deux points
■ cardinaux. Ce mouvement ép rouve ,
comme nous l’avons dit, toutes les modifications
vers les points collatéraux , -&
même jufqu’au Nord d’un côté & jufqu’au
Sud de l’autre ; mais dans ces deux cas
ce mouvern nt vers les pôles eft très-
foible.
La connoi(Tan,ce du mouvement général
de la mer de l’Eft à l’Oueft , telle
qu’elle nous a^été donnée par Varénius,
peut recevoir de grands développemens
par les nouvelles découvertes que les navigateurs
înftruits ont fartes .depuis ï/éy'b,
dans les différentes parties des côtes de la
mer qu’ils ont fréquentées. On peut, en
fuivant ces détails , completter le lÿftême
de ce mouvement; on verra donc les
forces actives 8c nottibreufes des courans
qui font diftribuées à côté des effets variés
& étendus qu’elles ont produits pendant
une longue fuite de ficelés, car on fait
que le terns ne coûte rien à la nature.
Aïnfi il n’y a point de golfes , point
de bayes , point de détroits où l’on ne
voie dans les eaux de la mer qui en bai .
gnent les côtes, un mouvement propre,
non feulement à leur formation , mais
encore à leur aggrandifiément. Il fulfit
d’étudier avec quelque attention & quelque
fuite les mouvemens des eaux pour découvrir
dans leur marche toute la force que
la nature inet en oeuvre chaque jour pour
donner aux badins des mers la forme
qu’ils ont & qu’ils doivent entièrement
aux eaux qu’ils renferment.
Au refte, ce n’eft pas feulement le mouvement
de l’Eft à l’Oitefi qui doit être
enyifagé comme ayant influé fur ies oj é-
rations de la nature ,. dont on1 vient de
parler : il faut y joindre auflïcomme une cir,
confiance qui y a concouru très- fortement
& trèà-régulièrement, les môiivemens du
flux & reflux , qui bien loin de nuire au
premier, lui donnent une plus grande énergie
& en accélèrent les effets.
Enfin, une troilième circonftance qu’on
doit réunir à çeç agens , eft celle, de la
nature des,terreins qui fervent de bords
aux'différentes parties dtrbaflîn dei’Océan,
On voit de grandes étendues de. cé tes qui
fe prêtent très-facilement à la deftrudion
à laquelle les efforts des flots, travaillent
fans relâche , & dès-lors la largeur des
détroits acquiert des augmentations,con-
lîdérables , le fol ayant cédé à tout ce
qui pouvoit opër.er les éboulemens fuc-
ceftîfs dont on peut fuivre aifém,ent les
progrès, 11 y a même des terreins fur
lefquels l’aéticn de la gelée fe combine
d’une manière ' très-marquée avec\ celle
des vague,?; & les réfuitats de tout ce
travail le retrouvent dans la forme évafce
des bords des détroits ainlî que dans l accumulation
des débris dè ces bords.
' Je dois au relié ajouter ici un dernier
effet du mouvement général des eaux de
la mer, qui complété toutes ces dellruc-
tipns ; c’ell l’enlèvement des matériaux
que produifent les ébouleinefis & q111
font entraînés au milieu du canal des
détroits^ après avoir féjourné pendant
quelque terns au pied des falailes.
D’après toutes ces confidératioiis , doit-
on être étonné que les bayes, les golfes
& les détroits s’aggrandilfent chaque jour,
& nous préfentent les réfuitats d’un travail
infatigable & perpétuel, comme celui
de là mer '!
Du flux ù reflux.
Lesmaréés font plus grandes dans les
nouvelles & les pleines lunes que dans
les quadratures. Les gens qui fréquentent
la mçr , affurent que dans': la nouvelle
& la pleine lune la face de l’Océan eft toujours
inégale & troublée , mais calme
le tranquille dans les quadratures ; cependant
il y a des endroits où les marées
tfoiit plus hautes dans la pleine lune que
dans la nouvelle.
Le flux & reflux varient aulîi fuivant
les faifons de l’année ; ainfi , les marées
les plus hautes.arrivent vers les équinoxes ,
.c’eft-à-dire aü primeurs & en automne,
& lés'plus baffes vers les folftices.
Il y a des. parties dé-côtes de l’Océan,
& fur-tout des bayes ou golfes, où les
marées montent conlîdérablement : d’autres
parties de côtes éprouvent des marées
fgrf foibles 8c peu fenfibles. Ainfi dans
les bayes longues & étroites, lorfque l’eau
monte, elle s’élève à une grande hauteur :
en pleine mer, où les vagues mues par le
flux s’étalent librement , les marées s’élèvent
très-peu.
A la ville de Daman , dans le voifinage
de Suratte la marée monte & baiffe de
quinze pieds , & la mer laiffe à lèc -un
demi mille d’AUemagi. * fur le rivage.
Dans la baye de Cambaye la marée monte
de cinq braffes , 8c ce flux violent a' occa-
lionnélaperte de plulieurs vaiffeaux. Les
marées font aüfli fort hautes aux environs
de Malaye & dans les détroits de la Sonde.
Le flux eft fi grand dans le golfe Arabique
ou dans la mer Rouge que le reflux
y .eft auflï confidérable.
A la baye de Button, proche le détroit
dTIudfon, à la hauteur de J7 degrés de
latitude Nord , le flot monte de cy pieds,
quoiqu’il né monte que de deux pieds
dans la baye d’Hudfon & dans celle de
J ame.
" Il y a des marées très-hautes fur la
côte orientale dé la Chine , & vers les
ifles du Japon.
A Panama, ville de la ,côte occidentale
d’Amérique , la mer du Sud s’élève
fort haut & defcend auffitôt ; l’agitation
y eft fi grande à la pleine lune qu’elle chalfe
l’eau jufque dans les, maifons de la ville.
Tout le long de cette côte, les marées dé
la grande mer du Sud font extrêmement
hautes , de forte que dans le reflux l’eau
fe retire à plus de deux milles du rivage.
La marée monte de quinze pieds fur la
côte de Siam , & dans la baye de Bengale.
Mais dans la Méditerranée, qui court
de l’Oueft à l’Eft par le détroit de Gibraltar,
la marée n’eft point fenfible, feulement
elle. s’élève un peu dans le golfe
de Venifé à caufe de fa petite largeur
de baye.
Dans la mer Baltique les marées font
peu fenfibles, & fort petites dans plufieurs
plages de l’Océan feptentrional.
Le flux eft caufé par une forte irnpul-
lion qui porte les eaux vers les cotes, au
lieu que le reflux eft le mouvement natu-
rel de i’eau qui fe rétablit dans un parfait
niveau.
Il y a des lieux où le tems eft partagé