
fin à l’ancien. Le feu & l’eaii font les ar- :
bitres fouv’erains de la* terre. C ’eft a ces
deux élémen’s tjtféftè doit loti cônïiiïence-
ment & fa fin. Lorfqué l’univers veut fe
reimuveller , Dieu fe fert de la mer qù’il
envoie contre nous , dû de Paftion du’feu
quand il préfère un autre moyen de déftruc-
tion.
D ’autres ( philofôphes ) prétendent que
la térreis’ébranle, & qSe le fol eritr’puvert
découvre dé nouvelles fources de fleuves. |
dont les eaux boulent plus abôndarhmçiM j
comme provenant de réféïvpirs iaurienfçs;
Nè diforis pas que le déluge fera produit
par la pluie mais qu’il y aura dés’pluies :<
par l’irrüption de la mer, mais que la ruer
fortira de fes bornes':: par les tremblemens
de terre, mais qu’il y aura destremblenàfns
de terre : kna tu re s’aidera de tout pour
exécuter fes arrêts, :
Cependant la caufe la plus puifùnte de
l’inondation fera fourniè'parla terré. Lors'
donc que le terme des chofes humaines. fera,
arrivé', lorfqu’il faudra que les parties du
globe s’anéantiflent pour fe régénérer dans
un état d’innocence & de pureté, de maniéré
qu’il ne fubfîlle plus rien qui mené a
la corruption , il fe formera plus, d’eau qu’il
n’y en aura eu jufqu’âlors. Aujôurd’hui-la
quantité de chaque élément eft fixée Suivant
la proportion requife; il ne faudra
qu’ijouter un furcroît'à l’un d’eux pour
que l’équilibre qui avoit jurqu’slbrs maintenu
le-tout, fo'ittroublé. Ce furcroît fera
au profit de l’eàu. Maintenant elle eftaffez
abondante pour environner la terre, mais
non pour la fubmerger. Un accroiffement
quelconque exige un nouveau lit , & produit
un débordement ; il faudra donc que
la terre fuccombe fous les efforts de l’onde
viftorieufe.... Les rochers entr’qüyerts de
toutes parts feront autant de fotirces d’où
les eaux s’élanceront vers l’Océan, ou plutôt
réuniront toutes les meis en une feule.
* Que deviendront alors & le golfe Adriatique
& ie détroit de Sicile? L ’Océan qui
environné aujourd’hui Fextrémlté de la
•terré en üccupera le milieu. Les noms de
mer Cafpîenna ou de mer Rouge, de golfe
dé Crête, de Propoutide , de Peint, fieront
à jamais perdus. Toutes les eaux dillribuées
par la nature feront confondues en une
vafte mer. Ces royaumes florîflàns , ces
empires que la fortune avoit comblés de la
plus longue prolpérité., ces mortels- qu’elle
avoit élevés au-dellùs de leurs fembTables,
nobles ôü non , pauvres, ou riches, tout
fera forcé de.difparoître.. ,
J; Je’ le répète, nout’eft facile à la nature,
& fur-tout les Opérations qu’elle a réfo.lues
'dès le commencement du monde :: les operations
auxquelles elle nefé.portê-pas-bruf-
’ quement, muis.qu’elle annonce iong-terns
avant l’éyè.neiae-nt« Q u i , la pâturedès le
premier-Jour,'du.-monde , dgs liiqflànt ou
, elle cîi.brouilla la uàUg.igfiiornrut-du çhaos
pour lui ■ donnai' 'là-forme que, nous lui
- voyons at jcfqïd’h u i, fixa, Tepoquc du dé-
Tuge-univqrfel-; fk poçrque-la, met ne fût
ppint embâr-raffee, pu dépourvue d'expé-
' risn.ee au metpenuie l’exécution,elle voulut
quelle s’y exerçât 1-png-temy auparavant.
En effet-g ne yoyez.vous ;t;a.;.quc ks fi ts
s’élancent contre, Iqs pavages,,pomme,s’ils
avoient envie de les'franchit ? Ne..voy.ez-
yous pas la maqée *’avificfir„.au | «jelîj. de*
bornes pteferites à l’Qcéan,Sç .accoutumer,
pour ainfi d ire , le s eaux à la ppneffipn de
la terre? Ne voyez-vousj^s la mer continuellement
en guerre avec fes bords ?
Mais ce rfidJ point là mer maigre fies
tempêtes : ce ne font pas les,fleuves malgré
leur impétuofi'ïé, >que vous devez, le, plus
redouter.-Dans quel lieu du globe la nature
n’a-t-.elle p as des eaux à fa difpofition
‘pour pouvoir nous affailiir quand elle voudra
* N’eft-il-pas vrai qu’en fouillant la.terre
on y trouve d e .l’eau? Ajoutez,ces lacsim-
menfes ouinvifibles ,Jces mers[fou terraines,
ces fleuves, qui roulent dans une éternelle
nuit. Combien de caufes d’inondation dails
ces eaux qui coulent & au-deffous & autour
de la terre, 8c q u i, long-tems captives , fe
mettront enfin en liberté.
Voilà comment s'opérera là deftruftion
univerfelle ; aufli-têt dé l’ intérieur & de la
furface delà terré, d’en haut & den bas,
lés-eaux feront irruption. Rien de fi violent,
de fi rebelle, de fi, funelte*’que.cés '
eaux en grande mafie :. elles profiteront deu
la liberté,i,quileur «Jft donnée, & fubmer-
ceront par ordre de la nature le continent
quelles dévoient,arr’Ofer & environner. Les
feu , allumé eiî*plufie,urs lieu x , fe confond
bientôt pour ne faire qu’un incendie : -
ainfi les mers débordées* fieÿraffexpbieront
en un moment jamais l a licerifee des ondes -
nefiubfifterapas toujours. Après k dellruc-
tion du genre humain & des bêtes féroces,-, j
dont l’homme avoit pris les moeurs , la
terre retirera en.elle-même les eaux. La
nature ordonnera à la- mer de Aller immobile
f ou de cèftterîir Ta fureur dans fes
propres limites. L'Océan , banni de notre-;
globe, fera renvoyé dans-fes réfervoirs
invifiblesil’kncietiordreferarétïbli : toutes
les générations des-animaux feront renou- -
vèllées, la terre fera repeuplée d’hommes
innôcens nés fous de meilleures aufpices.
Mais cette innocence nefinbfiftera pas plus
long-tem/que Tétât de nouveauté. La méchanceté'
s’infinue très-promptement; la
vertu eft ÿfîicile à rencontrer , elle a befoin 1
d’un conduéleur 8c d’un guidé , au lieu que
les vi'ees s’ apprenilent fans’maître.
Vues hypothétiques fur le déluge, par les
éditeurs des ccuvres.de Boulanger.
Boulanger repréfènte le deluge comme
un terrible évènement dont là mémoire a
été confervée chez toutes lés nations du
monde, & dont les rayages font.écrits
félon lu i, en- caractères iifibles &c ineffaçables
fur toutes les pàrties.de .notre g lo b e .,
Il régna, dit-il, un.affreux défordredaiis
la nature, non - feulement pendant tout ie.
téfiis que dura le déluge , mais vraijembîà-
blement encore dans les années qui le précédèrent
8c qui le fuivirent. L ’ordre des
fai ions avoit été altéré.
On peqt encore, fans fe,tromper , attribuer
-u'ne'ipame confidérable des défaftres
du déluge à la mer irritée, & fortie de fes .
borriesordinaires. Les forces quîproduifent
adueileiTient ce balancement réglé des eaux
de la mer par lequel elles font tantôt p or-
téex;CQn.t.i'..e nos rivages, & tantôt repotif-
fêes, ces mêmes eaux forcées, augmentées
pu dérangées j ont luffi [ our fubmerger les
ùontinens. La, pâture-troublée a pu élever
alors.fes eaux' a une hauteur beaucoup plus
grande qjw'Eellè que nous voyons clans nos
plus fortes marées,.
Ainfi.toutes î.e|,mers.ont pu , en un inf-
tànt, être jettées lut nos.continens , & détruire
en un clin-d’oeif,toutes les nations :
elles ont pu énfuite être ramenées dans
leurs baffins accQuiumée pour être reportées,
de nouveau fur lesnërres, à qui elles
'ont livré dés affauts fréqùéns & réitérés.
Par-là" les eaux ont pu changer -la furface
géographique du globe; déjà terre , former
de nouvelles,-vallées ,. déchirendes chaînes
de .montagnes pereufer de nouveaux goifer,
renverfer les anciennes hauteurs , en élever
de npuyeiles ; & couvrir lès ruines de l’ancien.
monde de fable ,' de fange, & d’autres
-fubftanees que leur agitation extraordinaire
les mettoit en état de charier. Les traditions
d’accord en tout avec les monumens
naturels, juftilient ce que l’on dit de ces
révolutions.qj
A ces phénomènes l’on doit encore
joindre Les trènîblemens de terre qui ont
dû faire fortir du fein de la terre des fources
capables de groffir les eaux. Tous les c ô r -
‘tirièns ont été ébranlés par la mêirie fecouffe
qui ébranloit & agitoit les flots. Les couchés
de la terre furent tantôt afiaiffées, & tantôt