
grains fubits appelles Tornades qui foufflent
de tous les points du compas : & quelquefois
des vents d’EJl mal fains , humides,
appelles Harmatan. ( Vojyes^ ce mot dans
le dictionnaire ) Ces vents infeftent trop
louverît la navigation de ces parages.
7 ° . Au Nord de la liane entre le 4e &
le 10e degré de latitude , & entre les
méridiens du Cap-Vert & des illes les
plus orientales qui portent ce nom , il
y a un trajet de mer dans lequel on ne
peut pas dire qu’il y ait aucun vent alifé
ni même un vent variable, car il femble
condamné à des calmes perpétuels accompagnés
de coups de tonnerre & d’éclairs
terribles & de pluies fi fréquentes que nos
nayigateurs en ont donné le nom de pluies
à cette partie de la mer. Les petits vents
qui s’y rencontrent ne font que des bouffées
fubites de peu de durée , & qui s’étendent
très-peu : dé forte que quelquefois
chaque heure donne un vent différent qui;
s’appaife fort vite & dégénère en Calme
avant qü’un autre lui fucccde. Ainfi dans
une flotte de vaiffeaux' en face les uns des
autres , chacun aura un vent de ^chaque
point du compas. Avec ces foiblès brifes
les • vaiffeaux font obligés de faire IIP plus'
grands efforts & toutes les» manoeuvres
poflible-s pour gagner; les fîx dégrés dont
en a parlé ci-deffus : & l’on allure qu’il y
a dés-navigateurs qui ont été arrêtés des
mois entiers faute de vents.l
Les trois derniers phénomènes dont
en a rappelle les détails fervent à donner
la raifon de deux circonfiances dans la
navigation aux Indes Orientales & en
Guinée : l’un explique pourquoi fa partie
la plus étroite de la mer. entré la Guinée1
& le Brefil, étant au plus de y00 lieues
c ’ouverture, cependant les vaiffeaux qui
font voile pour le Midi , trouvent une
grande difficulté à la paffer, fur-tout dans
les mois de juillet & d’août. Cette difficulté
procède de ce que les vents dé
Sué- Ouejl dans cette ûifon de l’année
e’étendent ordinairement au-delà de la
limite Ordinaire des quatre dégrés ne latitude
Nord, & qu’ils deviennent d’ailleurs
fi auftraux qu’ils font quelquefois Sud à
un point ou deux vers l ’Ouejl ; 8c fi
d’un côté on cingle à YOueJl-Sud-OueJl
on gagne le vent de plus en plus du
côté de l’E ft ; mais il y a du danger
de ne pas doubler la côte du Bréfil, ou
du moins les fonds qui fe trouvent à cette
côte; fi virant de bord on fait voile E.
S. E . on touche dans le voifinage de
la côte de Guinée, d’où on ne peut feretirer
fans s’enfoncer à l’E fl jufqu’à L ille
Saint-Thomas : ufage pratiqué par tous
les vaiffeaux de Guinée , & qui paroî-
tra étrange fi l’on ne fait pas attention à
la fixième remarque qui en donne la raifon;
car quand on ell engagé près la côte , le
vent fouffle- ordinairement au Sud-Elf ,
& l’on ne peut avec ces vents - aller au
Nord pour gagner la terre. D’ailleurs
il ell impoffible de gagner le vent autrement
que Sud-Sud-Ouejl ou Sud.
En tenant cette route on s’éloigne 3e
la côte , mais en agiffant ainfi on trouve
les vents de plus en plus contraires, de
forte que lorique près de la côte on peut
gagner le vent S u d , à une plus grande
diilance , on ne peut plus l’avoir que Sud-
E f l , & enfuité1 Ejl-Sud-Ejl. C’eft en fui-
vant cette route qu’on gagne ordinairement
fille de Saint-Thomas & le ï cap
Lopez o ù , trouvant les vents “à Y EJl du
Sud, on les confeive favorables en voguant
à Y Ouejl danî'lâ latitude auffrale de trois
ou quatre degrés où les vents de Sud-EJl
font perpétuels.
Pour fe procurer ces vents, tous ceux
qtiî*font le commerce aux Indes Occidentales
penfent que la meilleure route
ell de gagner , promptement le S u d , pour
être 'affiliés d’un bon vent frais qui les
pouffe à l'Occident, & c’eft par la même
raifon que ceux qui reviennent de l’Amérique
s’efforcent de gagner Le plus promptement
poffibie la latitude de trente dégrés,
où ils trouvent que les vents comment
c e n t à devenir v a r ia b le s , q u o iq u e les vents
le s p lu s ordinaires dans la p a r t ie fep ten -
tr ion a le de l ’O c é a n A tla n tiq u e v ie n n e n t 1
du Sud- Ouejl.
Q u a n t au x v ents fu r ie u x n om m é s oura- -
ganscpS fon t en q ue lque fo r te p a r ticu lie rs J.
au x ille s C a r a ïb e s , & q u i leu r d eviennent *
f i fune fie s dans le m o is d’a o û t , o u p eu
avant & p e u après ce tte é p o q u e , ils n’ap - •
partiennent p a s , à p ro p rem en t p a lie r , à
c e tte d ifeuffion , tant à caufe de le u r peu
d’étendue <Sc de d u r é e , que p a r c e qu’ ils
n e fon t p o in t a n n u e ls , oc qu e T o n e l l q u e lquefois
p lufieurs aimées de fuite fans en
..éprouver les.défaftres : mais leur v io le n c e
eft fi in c o n c e v a b le & leurs autres p h é n o - r
mènes fi é to n n an t s , qu ’ils m é r iten t d’ê p e
confid é ré s -fép arém en t. 1 v !
Ce que l’orl dit ici doit s’entendre , des
vents à quelque diftance de la terre , car
fur les côtes & près des côtes , 1rs
brifes de terre & dé mer font fenfibles
prefque par-tout.- .L a grande variété qui
arrive dans leurs périodes, -dans leur, force
& dans leur direétion , & qui procède-
de la fituation des montagnes,à e s vallées,
des bois & de la différente difppfition dpi
terrein, plus ou moins:: Capable, de réfléchir
les rayons du foleil, & d’exhaler ou
de' condenfer les vapeurs , e f t , telle .que
ce feroit une entreprife fans bornes. que
d’en vouloir donner une explication.
I I .
Dans l.’Q c e a p In d ien les v ents fo n t en
partie 'g én é rau x c om m e dans l’ O c c l i î
E th io p ie n , & en partie p é r io d iq u e s , c ’eft-
à -d ir e , qu’ils foufflent la m o itié d’une année'
d’un c ô t é , & l’ autre m o itié du p o in t o p -
p o fé . C e s p o in ts 8c: ces époques , v ar ien t
dans différentes (parties de c è t O c é a n . L e s
limites de chaque trajet fu je t au même'
changem ent o u m o u f lo n , fo n t e x trêm e ment
d ifficiles à déterminer ; mais le zè le
qu’IIaffey a mis à s’eip affurer & le foin
qu’il a pris pour fe procurer cés renfëi-
gnemens p ont en très-grande partie fur-
monté la difficulté, & il parolt qu’on
peut compter fur les différentes particularités.
fuivantes qu’il nous développe dans
fon mémoire : il nous apprend ;
l ° . Qu’entre la latitude de dix & trente
dégrés Su d , entre Madagafcar 8c la nouvelle
Hollande , il règne pendant tou,te
Tannée un vent alifé général vers le Sud-
Ouejl par S EJl; que ce vent eft favorable
à toutes les navigations & à tous les
voyages entrepris dans ces mers , & qu’il
fe comporte de la même manière qu’aux
mêmes latitudes de l’Océan Ethiopien ,
ainfi qu’on le décrit dans la quatrième
remarque précédente.
20. Que ces vents de Sud-Eft s’étendent
à deux dégrés de’ l’Equateur , pên-
dant les mois de juin , ju i l le t a o û t &
jufqu’en novembre; tems auquel les latitudes
auftrales de trois & de dix dégrés,
c’elt-à-dire , proche le méridien de la
pointe feptèntrionale de Madàgafçar, Si
'entre les deux & ' douze degrés de latitude
méridionale , c’eft-à-dire , près de
Sumatra & de Java , des vents oppo-
fés foufflant du Nord-Ouejl ou entre le
Nord & Y Ouejl commencent à régner 8c
foufflent pendant fîx mois, lavoir, depuis
le commencement de décembre jufqu’en
mai : & cette moüffon fë fait fençir jusqu'aux
illes Moltiques , dont on parlera
plus amplement ailleurs.
3°. Qu’au Nord de trois dégrés de
latitude méridionale fur toute l’étendu»
1 de la mer d’Arabie ou des Indes & du
go-ffe de Bengale , depuis Sumatra jufqu’à
’ la' côte d’Afrique, il règne une autre
mouflon qui fouffle depuis oétobre juljqu’en
avril fur „tous les points,du Nord-Ejl, &
le relie 3e l’année depuis avril jufqu’en
oétobre for les points pppofés du Sud-
Ouejl ou Ouejl-Sud-Ouejl, & même avec
plus de force que,l’autre. Il eft accompagné
d’un rems (ombre & pluvieux, tau