
étoit la réfultat du travail de la mer ,
nous étions bien difpofés à croire que
les diflinftions entre l ’ancienne & la nouvelle
terre dévoient être toujours con-
feryées : que les limites' que nous avions
pu en reconnoître étoient de nature à
être déterminées avec précifion, & qu’en-
iin toute cette bâfe du plus beau travail
qu’on put faire à la furface du globe
devoit i être maintenue comme Rouelle
nous l’avoit préfentée,
I l a fi peu cru qu’en admettant cette
cryflallifation des fubflances quife trouvent
dans la compofition de l’ancienne terre ,
il détruifoit les caraélères qu’il nous en
avoit donnés , qu’il ne faifoit aucune difficulté,
lorfqu’il traitoit des montagnes, de
les rappeller de nouveau, comme fervant
merveilleufement à dillinguer les montagnes
primitives des montagnes fecon-
daires, C ’efl ainfi qu’on {aura toujours
conferver les mêmes principes , lorfqu’on
les aura déduits de l’obfervation fèvcre des
opérations de la nature,
Effefiivemernent, depuis que Rouelle
nous a fait connoîtrel'ancienne terre, aucune
obfervation n’a démenti ni les caractères
qu’il ncius en a aflignés , ni les con-
féquënces'qu'il en avoit tirées. On a reconnu
par-tout, foit en France , foit
dans d’autres contrées de l’Europe, &c.
toujours en partant de la conflitution phy-
fique, qu’il avoit donnée à l ’ancienne terre,
que les plus hautes montagnes du globe,,
qui formoient les différentes chaînes connues
, étoient compofées de çette roche
que nous avons nommée granit, dont
la bâfe eft toujours un quart? plus ou.
moins mêjé de feltfpath , de mica de
petites lames de fcho.rls éparfes fans ordre
& par fragmens irréguliers , & en différentes
proportions,autant que des obferva-
tions faites à la furface de la terre & que les
fouilles des mines & des puits ont pu nous
donner une idée de la compofition de
çette forte de m<ifiîf. Çette vieille roche
& le fable produit par fa décompofition
forment donc la bâfe des' continens en
Afie comme en Europe, en Afrique
comme dans l’Amérique feptentrionale
& méridionale. C ’efi aufiî le granit qu’on
rencontre au-deffous des plus profondes
couches des montagnes , & fouvent dans
les" plaines les plus baffes où les couches
ont été enlevées par la violence des inondations
; c’eft le granit qui forme les plus
grandes boffes, les plateaux 8c mêmé les
noyaux des plus grandes Alpes de l’univers
connu , de telle forte que rien n’eft
plus vraifembiable. que de le confidérer
comme le principal ingrédient de l’intérieur
du globe. C’efl par une fuite des
mêmes abfervations, qu’on a reconnu dans
toutes les contrées où les naturalifles
éclairés ont pénétré, que cette roche ne
préfentoit jamais aucune forme de bancs
ou de couches., fe trouvent par blocs ou
en rochers entâtes les uns fur les autres ,
& ne contenoit pas le moindre veftige
de pétrifications ou de corps organifés
fous quelque forme que ce fût. Ainfi
cette roche doit être conlidérée,. ainfi que
nous l’ayons déjà dit , comme étant antérieure
dans l’ordre des temps à toute la
nature organifée; c’efl en conféquence
de cet état du. granit que les plus hautes
éminences qu’il forme foit en plateaux,
(oit en grouppes de montagnes ou pics
efearpés & ifolés, ne font jamais recouvertes
de çouches argileufes. o.u calcaires
originaires.-de la mer, mais feroblent avoir
été confiamment , fuivant la conflitution
aétuelle du .globe, au-deffus du niveau des
eaux; en conféquence on n ’a vu nulle
part les maffifs de granits arrangés par
couches. En vain eroiroit-on y dillinguer
des bancs de plufieurs pieds d’épaiffeur ;
les fentes qui ont divifé cette roche en
grandes maffes parallélépipèdes démontrent
qu’elle n’eft pas le réfultat de dépôts fuc-
ceflîfs ; il fuflit de voir les gros blocs de
granit difperfés aux pied3 des montagnes
compofées de la même roche, & les fentes
diflribuées en tous fens les M U
Hes montagnes eux-mêmes, pour en Con- 1
dure qu’il n’y a jamais eu de lits ou de
couches dans les granits.
De la nouvelle terre.
Je paffe maintenant à la notice de la nouvelle
terre de Rouelle ; ce fécond inaffif dans
Tordre fynthétique offre des affemblages de
lits & de bancs compofés de fubflances calcaires
, argileufes , marno-argileufes & fa-
blonneufes. Ces lits font confliiinnent
affujettis à la difpofîtion hotifontale. Les
fubflances qui y dominent font les produits
de ia; vie animale, foit fous forme
de coquillages d’une entière confervation,
foit fous celle de débris de ces corps
organifés. Ce maflif eft le plus récent de
tous ceux dont nous nous fouîmes occupés
jufqu’à préfent; celui dont l ’organifa-
tion eft la plus régulière & la plus fimple, &
par .conféqpent celui, dont il efl leplus facile
de fuivre la compofition ,. & même d’indiquer
les différens ageris qui ont concouru
à fa formation : celui d’après lequel certains
naturalifles qui n’avoient vu le globe
de la terre que partiellement ont tenté de
nous en donner la théorie, en confondant
ainfi les autres maflîfs que Rouelle
nous a appris depuis à étudier iëparément,
& à . reconnoître dans leur conflitution ,
comme on a pu en juger par les détails
précédents , non-feulement, un arrangement
différent, mais encore des agens
totalement oppofés. C ’eft celui enfin par
lequel il convient de commencer à étudier
notre g lo b e , fi Ton ne., veut pas
s’expofer à rencontrer une infinité de phé
nomènes, qui faffent autant d'exceptions,
qu’il y auroit eu de principes qu’on auroit
tenté de généralifer.
Après avoir confîdéré la nouvelle terre
daprès les vues de Rouelle, quant à fa
conflitution phyfique 8c particulière, il
nous refte à la faire envilager comme le
réfultat des dépôts qui ont été faits dans
le badin de l’ancienne nier ; on Amplifie
par-là toutes les idées que certains natu-
raliftes a voient prifes , & vouloient nous
donner des matériaux divers qui font
entrés dans la compofition de cette nouvelle
terre. Ils avoient, par exemple ,
regardé les dépouilles des animaux marins
comme des matériaux étrangers à ce
maflif, comme des fubflances qui s’y
trouvoient par accident, au lieu que les
difciples de Rouelle ont v u , toujours
d’après lu i, que toutes les dépouilles des
animaux marins , foit fous leur forme
, primitive , foit fous celle de débris plus
ou moins comminnés, compofojent la
' plus- grande partie du fol de la nouvelle
terre , & dévoient être confidérées comme
la bâfe naturelle de ce maflif, & par une
fuite de cette façon de v o ir , les autres
.. matières dévoient au contraire être placées
dans la claffe des fubflances étrangères :
.. telles font les plantes , les bois foflîles ,
les dépouilles des animaux terreftres, auxquels
il convient d’ajouter les fables ,
. les pierres roulées & tous les matériaux
entraînés dans le baffin de la mer, &
enlevés aux terres qui en formoient les
bords.
Nous avons obfervé plus haut que les
mines fe trouvoient prefque toutes dans
le travail intermédiaire ; il y en a cependant
à la furface de la nouvelle terre ;
mais leur état eft bien différent de celui
. où : elles fe trouvent dans la moyenne ,
car elles n’y font pas minéralifées , mais
dans un état, d’ochre ; on n’y voit même
ordinairement que trois fortes de métaux
qui confervent encore les marques de
leur tranfport de l’ancienne terre.
Rouelle penfoit que ces.métaux, qui
font le fe r , le cuivre & le zinc , ont été
diffous par l’acide vitrE lique,& font devenus
par-là folubles dans l’eau : c’eft en cet
état qu’ils ont été entraînés dans la nou-
! velle terre , jufqu’à ce que Tacide vitrio-
j lique ayant rencontré quelques lubitances
| avec iefquelles il avoit plus de rapport