M A R S I G L Y .
Notice de différents ouvrages de Marfijg
ly , relatifs à la Géographie-P hyfique.
Marfigly a réellement traité l’hifloire
naturelle comme on devroit le faire ,
lorfqu’on veut contribuer -aux progrès
de la Géographie-pbyfique : il a entrepris
de grands travaux dirigés- par de grandes
vues : on met au premier rang fon travail
fur le^ fleuve de l’Europe le plus con-
fiderable , fi l’on confîdére l’étendue de
fon cours, & le grand nombre de riyiè-'
res qui y portent-le tribut de leurs eaux:
c elt après avoir étudié & décrit les b at
fins dé chacune de ces rivières 'qu’il en
a formé cet enfemble , qui nous donne
une idée frapante du cours & de la distribution
des eaux, qui fie réunifient dans
la tige principale du Danube.. Si Mar-
.figly eût ajouté a ces details la connoif
fance générale des maflifs & des terreins
que parcourent. toutes les rivières y il
nous auroit donné le plus, grand modèle
de recherchés qu’on ait pu faire fur le
travail des eaux courantes à la furfaee du
globe.
C ’eft auffi faute d’une bonne méthode
d’obfervation 8c de connoifiànces ' fur
les caractères des rhafiif s qui concourent
à former la conlîitution intérieure
du giobe de la terre, qu’il ne nous a donné
que des. vues très-imparfaites fur le véritable
cours' de la ligne des montagnes
qui commence a la mer N o ire , s’étend
parallèlement au Danube jufqu’au mont
S.-Gothard , Sc jufqu’à la Méditerranée.
Il s étqît plus Occupé de la continuité
prétendus 'de -ces montagnes!, que dé la
détermination de là 'différente nature des
matériaux qui entroient dans leur corn-
p'ofitibny & de ieuf difpofition intérieure.
C e -, plan incomplet , d’obfervations lui
avoit été infpiré par l’intérêt d’_un fyftême
qu’il s’étoit fait fur les montagnes, qu’il
regardoit comme Vofature Sc la charpente
du globe. Le feul moyen qu’il avoit de fe
détromper fur cette hypothèfe , éjeoit de fe
livrer à l’étude de leur compofition.
C ’ell ce que plufieurs naturaliftes ont fait
depuis lui , & les lumières qu’ils ont
recueillies de leurs oblërvàtions raifon-
nées , ont prouvé, que cette charpente du
globe qu’on a préfentée de nos.jdurs avec
plus d’emphafe, n’ayoit aucune réalité,
& devoir être . totalement abandonnée
comme une.hypothèfe fans aucun fondement,:
telle qu’elle a reparu dans-les cartes
& lès écrits, de Buaehe. Voyez l’article
B üache.
. L e plan du travail de' Marfigly, fur le
cours du Danube, -mérite d’être fuivi &
dirigé fur des prineif e s , .qui font maintenant
plus" connus des naturaliftes qu’ils
ne l’étoient de fon tems ; c’ell avec ces
principes qu’on compjiendroit dans ce
pian la difeuffion des objets , dont' L’é-
claircifiêrnent intéreffe la Géographie-phy-
'#que,p. & qu’on éckri'èi'oit un certain nombre
'à è cpüx- qui font ' étrangère à ces
vues : qu’on fuivroit dans, le 'plus grand
détail ia forme & la' conflitution phyli-
que des baflîiis particuliers de chacune des'
rivières qui le réunifient au Danube, Il
ell vifiole.que, lorfque chacun de cçs baf-
fins auroit été figuré Sc d éc rit, il ëu ré-
fuîterost une conhôiflànce vraiment pré-.
cieufe de tout le fol fîllônné par le fyftcme
general des eaux courantes , qui
concourent à former un grand fleuve.
On doitpenfer, par cet apperçu, quel aurait
été le nombre prodigieux de faits
géneiaux qu on auroit recaeillis dans tou-
tes ees Techcixhes, Sc combien leur rap-
; Pfpcheraent auroit contribué & enrichir la
' Géographie-phyfique, en nous faifant con-
noître plufieurs vérités nouvelles fur les
effets des eaux courantes, fur la forme
des vallées, fur- leur direction, & c . fur
la
la difpofîtion des fourcesg fur i’é'tèndue-
& lé prolongement des- plaines;, hautes &,
baffes, Sec. E t je dois dire qu'unis grande
partie de ces vues:, ont été déjà embràlîées
par Marfigly , & dans un ordre méthodique,,
dont il feroit facile de fuivre la trace & les;
déveioppeméris. iii:
Dans fon hilloire iphÿfiqûe- de la nier ,
Marfigly embràflfe plufieurs vues très-inté-
■ reflantes fur la forme de fon, baffin le,
long des côtes, & s’il eût varié , multiplié
les fondes dans-plufieurs parties de',
ces côtes , il n’y a-pas de doute qu’il n’eût.
déterminé'les -caufes qui ont. influé llir les -
changeniem du fond de la mer , foit dans,
.les Méditerranées, fort autour des ifles j
de -différents ordres, foit dans les golfes}
ouverts ou étroits, foit le long des côtes*
qui appartiennent aux maflifs de la non- j
y elle-, de la moyenne , ou de l’ancienne,
terre ; & enfin fiiivant les différents dé- I
grés d’élévation de ces bords. On-pour- ;
roit joindre au travail dé Marfigly , qui ;
avoit pour objet la forme du fond du -
baffin des mers, le long des cotes., ce
qu’i l a fait dans le bofphore de Thrace , j
lut le mouvement des eaux dans -les dé- ,
troits, qui réunifient plufieurs baies des j
Méditerranées. Comme ces mbtivem.ens
des eaux offrent la caufe la moins j équivoque
de la forme des côtes d’un détroit
, ainfi que du fond de fon canal ,
il efl vifible que Marfigly a recueilli
les prèir.iërs élémeiis de la cbrinoillànce
des détroits & de leurs états,
I.
Travail & obfervàtions Jur le. b afin &. le :
- canal du D'amibe. '
Des I f es du Danube.
l .On, trouvej-jdans J.e, lit du Danube .plu- >
fleurs fortes, d’jjilejs-, lur-tqutAepuisYienne I
juiqu'à Çomorn. , ,pù . çp,.lit ; a ..beaucoup ■
(Idgrupkie-Phyfique. Tome I .
de largeur y étant rarement contenu &
reflène .entre deux bords élevés. Quelques
unes de ces iflés ne font que des amas
de fables mobiles : auffi font-elles fbjettes
à changei; de formes & de lieu , fuivant
que l’eau dli fleuve dans les crues enlève
‘ lés fables , & en fait des tranlports de la
tété à la queue.
D ’autres font -compofées. de dépôts terreux
qui ont plu s . dé cônfiflance : auffi
font-elles, là plupart couvertes de forêts.-
Les illés, lès plus grandes font en partie
cômpolees de terreins élevés au-defliis du
niveau ordinaire des eaux courantes du
.jileiive , & en partie de terreins marécageux
, ou que l’eau du fleuve ' atteint &
. couvre dans des premières crues. Quelques--
unes de ces ifles' ont dix à douze milles de
longueur.
Les ifles Baffes font en allez .grand nombre
; elles fe couvrent dés eaux du fleuve,,
torfqu.e ces. eaux-ont atteint un certain
degré d’élévation , & elles difparo-iffent
entièrement dans- les- grandes crues.
Il n’y a d’ifles que-là où il ne le trouve
pas des deux côtés du lit , du. fleuve des
bords élevés qui en refferrent le- lit comme
je l’ai déjà obfervé. Dans ces ëndroits-ià ,
où fe trouvent les ifles , le fleuve fer-
pente beaucoup , parce que fes".eaux fe
font confervé une route au milieu des
dépôts qu’elles ont formés.
Aux environs de Belgrade , ’ on voit
beaucoup difles dans le lit du Danube p
après, quoi le fleuve- étant fort rcfTerré'
dans fon lit jufqu’à Vidin , on n’en voit
plus que vers .fon .embouchure, où font
les ifles qui féparent les différents canaux
| ar .où ce. fleuve le décharge dans la mer
poire.
On pourroit raettne au nombre des files
T t