
s’étendent au contraire du Nord âu Sua,
beaucoup plus que d’Ürient en Occident.
11 nous fait remarquer comme une obfer-
vation importante que ces montagnes &
leurs contours, qui paroilTent abfolument
irréguliers , ont cependant des direâions
fui vies & des correfpondances entr’elles,
epforte que les angles Taillants d’une montagne
fe trouvent toujours oppofés aux.
angles rentrans de la montagne voilïne
qui en ell féparée par un vallon. Il nous
indique de même dans les collines veifines
les mêmes matières qui fe préfentent au
même niveau , quoique ces collines foient
féparées par des intervalles profonds &
confidérables; dans tous les lits de terre,
comme dans les couches les plus folides,
renfermant des marbres ou des pierres
de taille , des fentes perpendiculaires à
l’horifon; enfin dans l’intérieur de la terre
& dans les lieux les plus éloignés de la mer,
des coquilles, des dépouilles d’animaux
marins, des plantes marines entièrement
femblables aux coquilles, aux poiffons,
aux plantes actuellement vivantes dans la
mer actuelle, & qui en effet font les mêmes.
11 infîlte fur lapradigieufe quantité de ces
coquilles foflîles, fur leur difpofition au
milieu des bancs de pierre plus ou moins
dure comme dans les terres argilleufes
& les fables : fur la circonftance vraiment
remarquable qui nous les offre toujours
remplies de la même fubftànce qui les enveloppe
, enfin fur le grand nombre de
lieux & de matières ter référés, où fe rencontrent
ces coquilles & les autres productions
de la mer.
Tels font les faits , telle eft la maffe des
obfervations fur lefquelles Buffon a iai-
fonné pour établir fa théorie du globe de
la terre dont le développement va nous
occuper dans cet expofé.
Buffon remarque d’abord que les chaft-
gemens arrivés au globe terreftre depuis
deux ou même trois mille ans font " peu
confidérables en comparaifon des révolutions
qui ont dû fe faire dans les tems
recules.; car toutes les matières terreflfes
n’ayant acquis de la Tolidité que par l’action
continuée de la gravité & des autres
forces qui réunifient les particules de la
matière, la.furface de la terre devoît être
au commencement beaucoup moins folide
qu’elle ne l’eli devenue, par la fuite, & il
en conclut que les mêmes caufes qui ne
produifent aujourd’hui que des change-
mens prefqu’infenlîbles dans l’efpace de.
plufieurs fîècles devoisnt caufer alors de
très-grands effets dans un petit nombre
d’années. En effet il penfe que, la terre
actuellement lèche & habitée a été autrefois
fous les eaux de la mer, & que ces
eaux étoient fupérieures aux fommets des
plus hautes montagnes , puifqu’on trouve
fur ces montagnes & jufque fur leurs fommets
des productions marines & des coquilles
qui comparées avec les coquillages
vivans font les. mêmes, & "qu’on ne peut
douter de l’identité de leurs efpèces. Il
lui paroît en même tems que les eaux de la
mer ont féjourné quelque; tems fur cette
terre, puifqu’on trouve en plufieurs endroits
des bancs de coquilles fi prodigieux
& fi étendus qu’il n’eft pas po.ffible qu’une
auiïï grande multitude d’animaux ait été
tout-à-la-fois vivante en même tems ; qu’il
a faliu un grand nombre d’années pour les
produire, pour les dépofer au milieu des
couches aînfî que les autres matières qui
entrent dans leur compofition. Il ne peut
fe réfoudre à admettre pour (l’explication
de ces phénomènes la fuppofîtion de ceux
qui prétendent que dans le déluge] univer-
fel tous les coquillages ont été enlevés du
fond des mers & tranfportés fur toutes
les parties de la terre , par la raifon qu’on
ne peut croire que tous les bancs où l’on
trouve les coquilles incorporées & pétrifiées,
ayant été tous formés en même
tems & précifcment-dans l’inflant du déluge
, & que d’ailleurs la furface de la terre
devant avoir acquis au tems du déluge une
grande foiidité , les eaux n’ont pu boule-
verfer les terres jufqu’aux profondeurs où
gifent les coquilles, pendant le peu de
tems que dura l’inondation univerfeÛe.,
| place que le défordre d’un tas de matériaux
rejettes confufément.
Delà il conclut que les eaux de la mer t
ayant féjourné fur la furface des parties de
la terre que nous habitons, cette.meme
furface a été pendant quelque tems un
fond de mer dans laquelle tout fe paffoit
comme il le pafle actuellement dans la
-mer d’aujourd’hui. D’ailleurs les couches
des différentes matières qui compofent la
terre, étant pofées parelleiement entr’elles
& à l’horifon, il regarde comme démontré
que cette organifation eft l’ouvrage des
eaux qui ont amaffé & accumulé peu à peu
ces matières, & leur ont donné la même
Situation que l’eau prend toujours elle-
même , c’efl-à-dire, cette fituation hori-
fontale que Ton obfèrve prefque par-tout.
Il eft vrai qu’il admet quelque exception
dans les montagnes où les couches font
inclinées, & qu’il les confîdère comme ayant
été formées par des fédimens dépofés fur
une bâfe inclinée, c’eft-à dire fur un
terreinen pente.
Toutes ces couches lui paroilTent d’ailleurs
avoir été'formées fucCeflîvement &
peu à peu & nullement par une révolution
rapide ; car on voit des couches de matières
pelantes , pofées fur des couches de ^matières
légères ; c e qui ne pourroit pas etre,
li toutes ces matières difioutes & melees
en même tems dans l’eau le fuftent enluite
précipitées au fond du baflin de la mer ;;
car les matières les plus pfefantes feroient
defeendues les premières & au plus bas ,
& chacune fe fer oit arrangée fuivant fa
gravité Ipécifique & dans un ordre relatif a
leur pefanteur particuliere.
D’ailleurs les montagnes les plus élevées
étant compofées de couches parallèles
comme les collines & les plaines les plus
baffes , Buffon en conclut auïïi que l’on
ne peut attribuer l’origine & la formation
des montagnes à des fecoufles , à des trem-
blemens de terre , non plus qu’à des volcans
qui auroient troublé cette organifa-
tîon, cette fituation horifontale & parallèle
des couches, & n’auroient laifle à là
Si notre terre compofée de couches ho-
rifontales & parallèles a été un fond de mer,
en confidérant ce qui fe paffe aujourd’hui
dans le badin de la mer àâuelle, Buffon
en a tiré des induCtions fur la forme extérieure,
& la compofition intérieure de*
continens abandonnés par la mer.
D’abord il obferve que de tout tems
la mer éprouve un mouvement de
flux & de reflux qui fait deux fois élever
& bailler les eaux en vingt-quatre heures ,
& qu’il s’exerce avec plus de. force fous
l’Equateur, que fous les dégres de latitude
éloignés de l’Equateur ; que la terre a un ,
mouvement rapide fur fou axe, &parcon-
féquent une force centrifuge'pius grande à
l’Equateur que dans toutesies autres parties
du globe; qu’enfîn ces deux mouvemens,
l’un diurne, l’autre de flux & reflux, ont
élevé peu à peu les parties voifines de l’Equateur
en y menant fuccefïîvement les limons,
les terres, les coquillages, & qu’ainfî
les plus grandes inégalités du globe doivent
fe trouver 8c fe trouvent en effet dans
le voifinage de l’Equateur : 8c comme ce .
mouvement de flux 8c de reflux fe fait par
des alternatives journalières 8c répétées
fans interruption, à chaque fois les eaux
emportent d’un endroit à l’autre une petite
quantité de matière , laquelle tombe en-
fuite en fédiment au fond de l’eau, 8c forme
les couches parallèles £c horifontales
qu’on trouve par-tout.
Si l’on objeCte à Buffon , contre cette
caufe organisatrice du globe de la terre,
que le mouvement du flux & du reflux
eft un balancement égal des eaux, une
efpèce d’ofeillation régulière en confé-
quence de laquelle les matières apportées
par le flux doivent être remportées par
le reflux, & que le fond de la mer doit
toujours relier le même, parce qu’un mouvement
détruit les effets de l’autre, Buffon
répond que le balancement des eaux n’efl
tpa* égal, puifqu’il produit un mouv.e-s