
de glace qui pèfent plus de cent livres , &
les difperfent à certaine diflance. -
Le lac Wetter s’agite quelquefois extraordinairement
en tems calme; la même
chofe a lieu dans le lâcLomond en EcolTe :
on dit du lac Véja en Portugal, qu’avant
l’orage , il s’agite avec tant de bruit qu’on
l’entend à quelques milles.
On fait que dans quelques contrées , la
terre eft remplie de canaux & de gouffres
fouterrains où la nature femble avoir établi
fes laboratoires : c’eft-là que de nouveaux
corps font produits , tandis que d’anciens
compofés fe détruifent de telle forte qu’il
s’en détache des courans d’air d’une nature
particulière : lorfque pareille opération a
lieu dans des endroits fouterrains qui cor-
refpondent à quelque ouverture placée fur
le bord d’un lac ou de la mer, alors cet
air s’élance avec fo r c e , tandis que l’at-
mofphère devient plus léger , -& que la
chaleur fouterraine pouffe l’air intérieur
au-dehors, ce qui produit des mouve-
mens & des agitations fur tous les
corps qui font frappés par ces courans.
C ’eft ainfî que certains golfes , certaines
parties de lacs peuvent s’élever & mugir
fans un mouvement violent dans l’atmof- :
phère ; comme la nature emploie affez
fouvent ces moyens, il femble que nous
fommes autorifés à les rappeller ic i pour
donner une explication des phénomènes
que nous venons d’expofer.
Il y a de grandes variations dans les principes
dont les eaux des lacs font chargées.
Quelques lacs ont les eaux extrêmement
pures , fi l’on en juge par leur limpidité
& leur tranfparence : telles font celles du
lac Wetter où l’on apperçoit , à vingt
braffes de profondeur , un denier au fond
de l ’eau. L ’eau du lac de Genève n’efl pas
moins limpide , car on découvre le fond
à une grande diflance. Il
Il ell inconteftable que la nature des
eaux des lacs a pour principe celle dej
fources qui fervent à lés alimenter ; outre
cela , le fol même des baffins de ces lacs;
y contribue lorfqu’il renferme des matière!
qui peuvent fe diflbudre facilement dans
l’eau. C ’elt ainfi ou’on trouve en Sibérie
& dans le pays des Colaques, des lacs qui
contiennent de grandes malfes d’un fel;
amer, comme celui de Glauber.
L ’eau du lac de Loug-Neah en Irlande,
a la vertu de pétrifier les corps qu’elle
baigne. Cette eau pénètre le bois fans 1g
détruire , elle le rend plus pefant & plui
compaét. On y trouve des morceaux de
bouleau, de frêne & quelquefois de chêne,
pétrifiés plus ou moins fortement ; quelquefois
il y en a des parties qui ont éprouvé
un grand changement, pendant que les
autres ont confervé tout leur tillii fans
aucune altération apparente. Quelques-
uns de ces morceaux mis au feu donnent
une flamme bleue & fe changent en chat-
bon ; d’autres rougi(fent-dans le feu, nt
fe confument point , mais diminuent de
poids , parce qu’apparemment quelque!
veines de bois non pétrifiés fe brûlent,
ce qui s’annonce d’ailleurs , parce qui
s’en élève quelquefois une flamme bleuâtre.
Ce qui ell pétrifié ne fait point effervri-
cence avec l’acide vitriolique. La teinture
en eft d’un rouge foncé ; celle qu’on obtient
au moyen de l’acide nitreux eft d’u|
rouge vif. 11 paroît par ces faits, que l’eaû;
eft chargée de principes ferrugineux, mais
non pas généralement.. Dans des i hivers
très-rudes , la fuperficie du lac fe gèle,
mais non pas entièrement ; on trouve du|
tervalles à autres des trous ronds qui ni
font pas couverts de glace. C ’eft vraife©
blablementdans ces endro'its-là que la vertu
pétrifiante réfide le plus.
Quelques morceaux de bois confervei'1
leur nature à la furface ; d’autres , au coi
traire , ne font point pétrifiés dans lerif
centre. Peut-être la matière pétrifiante é!:
fe durciffant nuit-elle à fes propres effets)
leut-étre aufli y a-t-il des objets fur lef-
luels elle n’a pas de prife.
B II y a des lacs dont les eaux font falées ,
kioiqueles eaux des ruiffeauxqui y entrent
foientaifément reconnues pour étredouees.
bans le lac Jamufcha en Sibérie, on trouve
line eau chargée de fel qui a une teinte roüge;
forfque le fpleil darde fes rayons deflus, le
fond de fora badin eft couvert de crif
taux falins en même tems que les bords
font garnis d’un fel blanc comme la neige,
& d’une forme cubique. Ces lacs falés
font encore très-communs dans le gouvernement
d’Orenbourg & le pays deBaskire.
On dit qu’un des lacs de ces contrées offre
de l’eau falée à une rive , pendant que
I l’eau eft très-douce à la rive oppofée. Les
eaux du lac Inderi font tellement furchar-
Bées de croûtes de fe l, que la navigation
f jje peut pas s’y faire fans danger. On ajoute
qu’il peut fournir plus de fel qu’il n’en
faudroit pour la confommation de l’Eu-
llope entière. V o y e z ce que nous difons
[les lacs falés dans le diâionnaire, furtout
à l’article d’Ormbourg 8c à celui de Jel
ykarin.
II Bergman place dans la claffe des lacs la
[ jnerNoire, dont il détermine la fuperficie
à environ^loo milles quarrés. Le Danube,
1 leDniefter, leNieper& le Don ouTanaïs-s
y verfent une grande maffe d’eau du côté du
[ fiord. Lamer Noirecommuniqueparle détroit
de Caffa avec la mer d’A z o f, connue
| anciennement fous le nom de Palus Méo-
[Mdes ; d’un autre côté, elle eft jointe à la
| iner de Marmara par le détroit de Conf-
[ iantinople ou le bofphore de Thrace ;
Bnfuite la mer de Marmara communique
[ par l’Hellefpont à la mer Egée. Il n’y a
pas;Une feule île dans la mer Noire : les
[ tempêtes s’y font fentir avec violence ,
parce quelles trouvent une réliftance abfo-
■ Ue ,tant de la part des Alpes qui viennent
■ e terminer fur les rivages occidentaux ,
que du côté où le Caucafe offre une bar-
pière très-élevée.
Je fupprime ici tout ce que Bergman
ajoute fur la mer Noire ,& je crois devoir
renvoyer à la notice deTournefort où ces
détails font préfentés d’une manière plus
nette & plus précife , & même à l’article
du diâionnaire où je traite de cette mer.
Bergman fait mention enfuite des deux lacs
de Mexico , dont un des deux eft abreuvé
d’eau douce, pendant que l’autre eft rempli
d’eau falée ; mais n’ayant pas eu connoif-
fance des circonftances qui ont préfîdé a
i’alfociation fingulière de ces eaux de différente
nature , il n’en a pas tenté l’explication.
Voyez Mexico.
Ce que l’on nomme la floraifon de l’eau
des lacs a , félon Bergman , pour principe
, en partie les moufles d’eau très-fines
& chargées de chevelus , & en partie une
matière verdâtre , limoneufe , glaireufe &
terreufe qui fe développe & croît pendant
l’été dans les lacs falés & dans ceux d’eau
douce , & qui s’attache après un certain
tems au fond & aux parois des vaiffeaux
dans lefquels on Iaiffe croupir l’eau de
pluie. C’eft un bylfus nommé fins aqiue
qui, dans les tems chauds , c r .ît au fond
de l’eau , fumage enfuite, & lui donne une
teinture verte , qui fe précipite au fond
du badin des lacspendant la nuit. Ces fleurs
d’eau analyfées, ont donné les mêmes ré-
fultats que les autres plantes ordinaires. En
les fechant elles deviennent infiniment légères
, & leur couleur tire fur le rouge ;
on reconnaît par-là que les matières glai-
reufes fe fubliment daps la diflillation , &
que l’e'au de pluie qui fe trouve chargée
ou de petits animaux invifibles , ou de
plantes , n’acquiert pas un certain état de
pureté en paflànt même jufqu’à quarante
fois à l’alembic.
On voit près de Dantzick un petit lac
dans le milieu duquel, aux mois de juin ,
de juillet & d’août, il croît annuellement
de cette matière verdâtre que les vents
chaflent contre les rivages.
Il y a dans différentes contrées des lac»
S f f f z