
»ulTi hafsrdés que ceux dont Paw a cru
qu’on pouvoit indiquer les traces.
Au lieu de cela, l’auteur des Recherches
ne nous cite pour l’Ifthme de Suez qu’un
fait bien moderne 8c «M pM propre à
nous éclairer fur le Véritable état de cet
ifthme. I l nous dit que Necao qui régnoit
en Egypte , il y a environ e2oo ans, entreprit
de percer cette langue de terre : mais
il ne nous apporte aucune circonftance qui
puifTe nous convaincre de la marche de
l’Océan (ur cette" langüe de terre. Les
faits qu’il nous rapporte pour _ prouver
que l’intervalle de la mer Cafpiënnë au
golfe Perfique aété couvertpar la mer, font
plus propres à nous convaincre que la
mer Calpiërine a pu inonder ce canton ;
rrën au contraire n’établit la preuve de
l’irruption particulière de l ’Océan dans
cés contrées:
En fuppofant même que l’Océan ait
couvert là Perfe & l’Ifthme de Suez , &
qu’enfuite il ait abandonné ces terreins ,
qu’en pourroit-on conclure, fi l’ on n’eft
pas en état de déterminer quel elt ptet
Océan 1 eft-ee celui qui baigne les côtes
aâueiles de la mer Rouge & qui eft contenu
' dans le golfe Perfique , ou , bien
une mer ’ plus ancienne ■ Pour établit
cette dlftinâion effentielle, il eft nécef-
falre d’examiner les dépouilles que' les
animaux marins y ont laiffées 8c de les
comparer avec les analogues qu’on peut
trouver dans la mer aduelle. Sans cette
étude préliminaire comment a - t -o n oie
mettre en avant une aflfertion aulfi importante
? Il
I l eft poflible de perfeâionner tellement
l’obfervation des corps naturels
folfiles, qu’on reconnoiffe à leur caraftè-
res lescaufes auxquelles il convient de
rapporter telle ou telle révolution à laquelle
ils appartiennent. "Mais on ne peut
pas fe décider d’après des indications
auffi vagues que celles auxquelles s’eft
attaché l ’auteur des Recherches. Il faut
des obfervations très-préciles pour être
en état' de .diftrnguer les différentes époques
des événement j favoir’ décider que
tel maffif , telle organifation annonce
le dépôt d’une mer tranquille & féden-
’ taire; que telle autre diipofiticn caraété-
rife les fédimens d’une eau qui fait une
violente irruption dans les terres ou qui
forme des inondations accidentelles. D ’après,
ce plan d’étude méthodique,on marche
furement 8c l’on parvient à établir foli-
dement fes. affertions & fes principes.
Les conirdérations générales de l’auteur
des Recherches n’ont pas été appréciées
par une anaiyfe auffi rigoureufe à beaucoup
près ; c’eft pour cette raifon que
j’ai cru devoir rapprocher les vrais principes
de ces | affertions , pour les écarter
de même, afin qu’on n’ hafarde plus de
les faire reparqître dans plufieurs ouvrages
comme on l’a fait jufqu’à préfent.
T r o i s i è m e C o n s i d é r a t i o n .
Sur Us arlres fojjiies.
Dans plufienrs fendroits de la terre
éloignés les uns des autres on rencontre
des apvas d’arbres couches à des profondeurs
qui vont depuis120 jufqu’à 6o
pieds; l’auteur des Recherches ne veut
pas que ces arbres aient été abattus &
entaffés par une fuite des révolutions du
globe ; & la raifon qu’il en donne eft
que fuivant la direétion qu’il a aflîgnée
dans fon fyftême 1 ( car il en fait un )
aux flots de la mer , ces arbres auroient
été couchés du Sud au N o rd , le tronc
au Sud & la tète au Nord ; au lieu que
les obfervations faites dans les tourbières
de Hollande , ne font pas conformes à
ces idées ; la pofition des arbres qui
font enfevelis dans ces tourbières & dans
les marais de la Frife eft pour le tronc
au Nord-Ef t & pour la tête dans le
point oppofé. C’eft félon lui la Cherfon-
nefe ciinbrique arrivée l’an j- jo avant
.hotte ère vulgaire , ainfi que Picard l’a
déterminé , ■- qui a noyé 8c enterré les
forêts de la Frife. 8c formé tous les marais
qui font depuis Schelling jufqu’à
Bernheim.
Il prétend de même que les arbres
folfiles qu’on tire de terre dans .la province
de Lancaftre, en Angleterre , font
les reftes des forêts abattues pat les fau-
vages bretons , pour fe fouftraire aux in-
valions des Romains fous Jules Céfar.
Je liais bien éloigné d’adopter ici l'explication
que donne d’un phénomène,
encore mal obfervé , l’auteur des Recher-
-ehes Philofophiques. J’avoue qu’il eft
polfible que des amas d’arbres foient dus
à la caufe qu'il alfigne pour ceux dé la
-province de Lancaftre. Cependant il auroit
fahu , auparavant que de décider cette
caufe, avoir fait un examen férieux ,
non-feulement de la pofition des arbres ,
mais encore- des matières étrangères à
•ces arbres qui les enveloppent 8c qui les
recouvrent. Sans ces détails bien circonf-
tanciés, on ne peut rien conelure de
quelques faits ifolés.
Quant aux amas d’arbres quteh trouve
dans les tourbières de Hollande , il eft
vifiblé que ce ne font point les reftes
ce forêts abattues par l’inondation de
la Cherfennefe cimbrique. T o u s ' ces
arbres ont été enfevelis par la même
caufe qui a formé la plus grande partie
du fol faéhice de la Hollande & de la
Frife. O r , il eft évident qu’il eft le produit
des fleuves qui fe , déchargent vers
les parties où déficient lés tourbières. Il
11 y a pas de. doute que les arbres n’y
aient été voiturés & dépofés par les
fleuves qui Ont'entraîné d’aillelirs ’ tarit
d ’autres matériaux.1 Enforte • que fi l’on
ajoute à ces arbres & aux vafes dé[ ofees
par les fleuves ,' les produirions' naturelles
des, rofeaux qui ont végété dans les
endroits inondés , & .enfin les fables refoulés
par les vagues de la mer 8c par
les vents , on aura l’affemblage des matériaux
& des caufes qui ont concouru
à la formation du foi aduel de la Hollande.
;
Il faut donc fupp-ofer d’abord que le»
fleuves qui ont . leurs embouchures en
Hollande , ont détruit dans leurs accès
torrentiels l’ancien fo l, le fol primitif,
les parties où leurs courans ont pu
creufer & approfondir les roaffifs des
couches horifontales qui- le formoient ;
que par la fuite des tems 8c le changement
des circonftances , ces mêmes
fleuves- dont le cours s’eft trouvé rallenti ,
ont dépofé' dans les vuides occafionnés
par les deftru étions des matières détachées
des différentes -parties des bords de leur
canal : 8c que par le progrès de ces dépôts
te fécond fol de la Hollande , de la Frife
8c de. Groningue, a été formé, 8c nullement
par l ’inondation fortuite , de la
mer; car on ne peut alBgner ni la caufe
ni les effets de ces prétendues inondations.
Je voudrois qu’avant de décider ainS
fur la caufe des dépôts fertiblables à
ceux de' la Hollande , on eût examiné
les circonftances qui ont pu préfider à
leur formation -, 8c qu’on fc fût convaincu
auparavant par ; des obfervations
bien fuivies , à quel ordre de chofes on
deyoit rapporter ces événemens. Si ces
arbres , par exempte , font arrangés par
couches mêlées avec des banes dé pisr-
■ res calcaires ou de fable , on voit pour
lors qu’ils- Ont été eiitrainés dans la mer
par les fleuves , 8c -que c’eft dans fon
baffin que ces matériaux ont été arrangés.
Mais, fi les matériaux qui enveloppent
ces arbres ne compofent'ïque des amas
fans fuite, fans'ordre , fans aucunes dïf-
pofitiôiïs - régulières.- 8c horifontales , il
■ n’y a pas de doute qu’oceupàm d’ailleurs
les environs de l’embouchure de plufieurs
fleuves, ces amas d’arbres , ces dépôts