
en partie aux lits d’argile & de fable des
plaines, ainfi que ces montagnes calcaires,
donc la voûte eft folide , & qui pour la
plupart font fans aucuns veftiges de corps
marins. Ce fut alors que dans les cavernes
& les fentes furent produits les liions
métalliques , ou quartzeux ou fpathiques.
La mer en baignant le pied de ces montagnes
vint ÿ il épeler des produclions 'marines,
qui infeniiblement formèrent des bancs
de coraux, ou de coquilles, ou des pierres
calcaires compofées de leurs débris. De
nouveaux volcans forcèrent la mer de fe
retirer,foulevèrent des bancs & produifirent
les énormes Alpes calcaires de i’i-urope.
Mais il a dû 'ratifier- une convuifion
prodigieufe du globe , une inondation
violente, & fuivant la remarque de Juffieu,
ru fujet des empreintes dé fougères &
.’autres plantes Indiennes fur nos ardptfes,
toutes couchées du côté du Nord ce'
courant a dû venir du Sud ou de l’Océan des
Indes. Palias attribue ce déluge , terrible
pour fes effets , à une éruption puiflànte
de quantité de volcans qu’il place dans
l’Archipel-des Indes. La première éruption
de ces feux qui y foulevèrent le fond d’une
mer très-profonde , & qui peut-être d’un
feul éclat , ou par des fecouffes qui fe
fuccédèrent de près , fit naître lesifles de -
la Sonde-, les Moluqües>& une partie des
Philippines & des terres auftrales , devait
chaffer de routes parts une maffe d’eau qui
furpaffe l’imagination : & cette maffe d’eau
heurtant contre la barrière , que les chaînes
Continues dp l’Afiê & de l’Europe lui
oppoferent au Nord , -elle dut caufer des
bouleverfemens & des brèches énormes
dans les terres de ces continens , entraîner
les bancs formés devant eux & les couches
fupérieurès des premières terres. P allas-
croît que les eaux furmontèrent les parties
les moins élevées de la chaîne qui occupe
le milieu du continent & çharièrent ces
dépouilles mêlées aux matières dont
l ’éruption avoit déjà chargé les eaux de la
mer. Il voit qu’à la fuite de.'cette inon- ■
. dation, les débris des arbres & des animaux
enveloppés dans les flots furent énfevelis
& formèrent, par des dépôts fucceffifs,les
montagnes tertiaires & les atteriffemens de
la Sibérie. Les montagnes tertiaires ,
félon Palias , ne font que des dépôts de la
mer foulevés par des volcans & entraînés,
connne on vo it, par une éruption violente
& une inondation impétueufe. Enfin elle
a formé en s’écoulant du côté.du Pôle,
avec tout le volume des eaux qui cou-
vroient encore les plaines, & que la diminution
du niveau général devoir entraîner ,
les inégalités , les vallées , les traces des
fleuves , les lacs & les grands golfes de la
mer ieptemtnonaie , dérangeant, chemin
faifant, les cpuches plus anciennes , 6c
entraînant encore allez de. matières hétérogènes
, pour combler une partie des
profondeurs de la mer du Nord & caufer
les bas-fonds de fes côtes.
Telle eft l’hyp othèfe imaginée par Palias
fur la formation des pfiucipaux grouppes
des montagnes , fur leur diftribution irrégulière
fur la figure de notre ancien
continent. On ne peut difeon venir que cette
hypothèfè ne foit trèsTCompliquée & ne
fajle mouvoir des agens bien hypothétiques
& très-éloignés de la marche naturelle des
événetnens. La -variété des.caufes auxquelles
Palias attribue la formation de ces
points élevés qui hériffent la furface de la
terre , eft amenée ici par des moyens, fur
lefquels chacun peut , imaginer ce .qu’il
voudra , & il faut avouer que lorfqu’on eft
martre de fes moyens, il eft convenable
d’en diriger la marche d’une manière plus
fîmple & plus élégante.
Je voudrais , par exemple , que Palias
qui emploie auffi gratuitement l’aftion des
feux fouterrains, eût conftaté leurs anciens
foyers par l’étude des pays où il place
leurs éruptions. Il faut lorfqu’on bâtit des
fyftêmes , partir de la connoiffance des
localités. Palias n’ignore pas, fans-doute ,
que les traces des anciens volcans, quelque
reculées que foient leurs époques , fub-
fiftent toujours aux yeux d’un naturalifU
initruit. Ainfi donc , puifqu’il fait ufage
de fes obfervations & de fes recherches ;
car c’eft à Ces titrés que je l’écoute , il faut
qu’il nous indique ce qu’il a vu comme un
des témoins des opérations qu’il nous
remet-fous les yeux.
Je vois d’ailleurs qu’il a préféré de mouvoir
les couches qui ne font güérès mobiles,
plutôt que la mer qui l’eft bien davantage.
Je puis cependant prouver que la mer fe
meut & que les terreins qu’elle a couverts &
abandonnés - enfuite n’ont pas bougé.
(Vayez dansle diftionnaive l’article Retraite
de Le. Mer.) Mais écoutons un habile obfe-r-
vateur qui a de grands faits à nous développer.
L
Defiription des triontagirs primitives & dû
premier ordre, avec des confidératums
générales fur Les terres qui'elles occupent,
fur leur élévation. & c.
Depuis le renouvellement des fciences,
on n’a ceffé de former des hypothèfes fur
la ftruâure intérieure & apparente du
globe de la terre ; fur l ’origine de fes montagnes
j fur les couches Irorifontales ,
remplies de produèlions marines, & fur
les autres traces des révolutions qu’il doit
avoir éprouvées, & dont on s’eft efforcé
de trouver ou de fuppôfer les caufes naturelles.
Ce n’eft que de nos jours qu’on
a commencé à généraliier quelques con-
noiffances fur la .conftitution de la fur-
face de la terré, & des grandes chaînes
de montagnes primitives ; c’eft à cette
époque qu’on a pris les premières idées
nettes & précilès fur l’ordre que la nature
a fuivi en formant ces élévations du globe,
& dans l’arrangement des couches qui
eompofent les collines & les plaines de
nos continens. J’indiquerai dans ces notices
quelques-uns des fa vans , auxquels
nous (ommes redevables de ces vues ;
dans cette .notice-ci , je m’attacherai à
faire connoître ce que nous devons dans
cette partie au favant obfervateur Palias •
c’eft lui qui , fous ma plume, expoferi
en .grande partie fes obfervations, & les
conlëquences qu’il en tire.
D’ après ce qüerioüs favons fur les Alpes
Suédoifes, Suiffes & Tiroloifes , fur l’Ap-
pennin , fur les montagnes qui environnent
la Bohême , fui le Caucafe, Car les
montagnes de la Sibérie , les Andes mêmes
,. l’on peut admettre en axiome que.
lés plus hautes montagnes du g lo b e , qui
forment les chaînes continues , font faites
de cette roche qu’on nomme Granit ,
; dont la bâfe eft toujours un quartz , plus
1 ou moins mêlé de feldfpath , de mica &
de petites lames de fchorl éparfes fans or-
: due , & par fragmens irréguliers , & en
différentes proportions , autant que des
obfervations faites à la‘furface delà terre,
& que les fouilles des mines & des puits ,
quoique bien peu profondes , en compa-
. raifort de la finaffe totale de la planète ,
peuvent nous inftruire. Cette vieille roche
& le fable, produit par fa décompo--
fition, forment la -bâfe de tous les com.i-
néns, C ’tft le granit qu’on rencontre,
au-deffous des plus profondes couches
des montagnès, & fouvent dans les terres
baffes, où ce's couches font enlevées par
la violence des inondations. C ’eff Lui qui
forme les grandes boffes ou plateaux p &
pour ainfi dire le noyau des plus hautes
Alpes de l’univers connu ; de façon, que
rien n’eft plus vraifemblable que de prendre
cette roche pour le principal ingrédient
de l’intérieur de notre globe. J'avoue
qu'une telle eonftitution ne fauroït favo-
rifer la doéhine du feu Central : bien
au contraire , les phyficiens qui pla-
çent au noyau de la terre une maffe énorme
d’aimant, doivent fe mieux trouver
de cette affertion , puifque l’aimant toujours
micacé, & très-fouvent mêlé (Î6