
Pompée , d’où l’on compte près- de trois
milles iju'fqu’aux nouveaux châteaux. De
ces châteaux le canal fait un grand coude
où font les golfes de Saraia. & de Tara-
lié & de ce coude il tire au Sud-Elt
vers le férail appellé fultan Soliman Kiofc,
à la di(lance de cinq milles des châteaux >
après cela, par un autre coude, le même
canal s’approche peu à peu du Sud jufqu’à la
pointe du férail où il finit. De ce dernier
coude aux vieux châteaux, on compte deux
milles & demi, & delà au férail ou à la
pointe de Bifance, fix milles. Ainfî , fui-
vant ces mefures , tout Jè canal a feize
milles & demi de longueur.
La largeur du canal aux nouveaux châteaux
| fi fenliblement que l’on monte & que l’oti
j defcend fans peine, lorfque les vents ne
font pas violens.
eft d un mille & d’un mille & demi ou
Indépendamment des vents, il y a des
cùurans fort fragilité i'S dans le canal de la
mer Noire; le plus fenfible eft celui qui
en parcourt la longueur depuis l’embouchure
delà mer Noire jufqu’à la mer
de Marmara qui eft la Propontide des
anciens. Avant que ce courant y entre,
il heurte, en partie contre la pointe du
férail : une partie de les eaux , quoique
la moins confîdérable , palfe dans le port
de Conftantinople , & fuivant le tour du
couchant , elle vient fe rendre vers le
fond qu’on appelle les eaux douces.
deux milles en quelques autres endroits. Le
lieu le plus étroit eft aux vieux châteaux ,
il n’a pàs'plus de 800 pas de. large, &
le canal eft ..prefque auffi relTerr.é un peu
plus bas , d’où il s’élargit julqu’au férail
d’environ la longueur d’un mille ou même
d’un mille & demi.
Ainfî les eaux de. la mer Noire entrent
avec .allez de vîteffe dans le canal des nouveaux
châteaux , cks’étendent en liberté
dans les, .golfes de Saraïa & de Tarai-ié :
do-là , fans augmenter de vttelle , .ces eaux
tirent vers’ le Kiofc de fultan Soliman
d’où eiies font obligées de feu réfléchir
vers le Midi, fans que- leur .mouvement
paroifte augmenté , fi ce n’eft entre les
vieux châteaux où le lit eft le plus étroit.
Marfigly a obfervé que les deux petites
rivières des eaux douces faifoient un courant
dans lè port de Conftantinople, du
Nord-Oüell à l’Efi, lequel balayant, pour
ainfî dire, les côtes de Galata. & de To-
pana,; fe continu oit par celle de Fondoxli,
en remontant le canal du côté des châteaux
par un mouvement oppofé au grand
courant. Il n’eft pas furprenant après cela
que les bateaux montent à la„ faveur de
ce-petit courant , tandis que les autres
cfefcendent ert- fuivant le cours du grand,
ii y à grande apparence que les eaux qui
forcent du port, heurtant de biais contre
le grand courant,. fe gliflènt vers le Nord,
au lieu que ce grand courant les entrâ-
nefoït ou les repoufferoit 11 elles fè pié-
fentoien-t d’un autre fens.
Dans cet endroit, outre que le rétré-
clflement du canal augmentera vîtefle des
eaux , elfes fe 'rêfléchiiîent d’un cap fi tué
en Europe conifèrûn cap d’Afîe, 8k reviennent
en Europe d’où elles enfilent la pointe
du férail avec un vent du Nord. La rapidité
de l’eau eftLfi grande,entre les deux
châteaux qu’il n’y a point de bâtimens
qui puiftent s’y arrêter & qu’il faut un vent
oppofe au courant pour les faire remonter.
Cependant la yiteflè des eaux diminue
Marfigly a auffi' remarqué qu’il y avok
un petit courant dans l’enfoncement de
la «ôte de Scutari, dé forte que les eaux
du grand courant qui frappent contre te
cap de Scutari, fe réfiéchifl’ent vers 1e
Nord. Suivant les obfervations de ce favant
homme , les eaux du .grand courant étant
parvenues au cap Modabouron , remontent
le long de la côte de Calcédoine vers te
cap de . Scutari St font une autre efpcce
« de courant.
Tous ces courais n’ont rien de bien ’
extraordinaire ; on conçoit aifément qu’un
cap trop avancé doit faire reculer lés eaux
qui fe préfentent dans une certaine BfÈÉgf -
tion ; mais il eft difficile de rendre -raifort
d’un autre courant- caché que l’on appellera
dans la lutte le courant inférieur, parce
qu’il ne s’obferye que dans le. grand canal
au - ddfous du courant que.. l’en doit
nommer le courant fitpérieur. lequel roule
lès eaux depuis les châteaux jufqu’à la
mer de Marmara.
Il faut donc remarquer que les eaux
qui occupent la furface.de ce canal jtrfqu’à
une certaine’ profondeur , coulent des
châteaux au férail, cela eft inconteftable;
mais .il eft certain qu’au-deffous de ces
eaux, il y a une parue de l’eau du même
canal'1,-laquelle fe meut dans un feris contraire
, c’efl à-,dire qu’elle remonte vers
' les châteaux.
Les, anciens pêcheurs ont remarqué
depuis long tems que leurs filets, au lieu
de tomber à-plomb dans le fond du canal,
étoient entraînés du Nord vers le Sud
depuis la Surface de l’eau jufqu’à une certaine
profondeur tandis que l’autre partie
dé ces mêmes filets qui uelcendoit
depuis cette profondeur jufqu’au fond du
canal, fe courboiç dans un fens oppofé.
Il y a grande apparence que cette
obfervation des pêcheurs eft trcs-ancienne,
car de tout tems le bofphorè a été très-:
célèbre pour la pêche : on ajoute mêmè
que fuivant l’obferration de ces pêcheurs,
les deux courais oppofés , l’un
fùpérieur & l’autre inférieur font très-
fenfibles dans cet endroit du bofphorè
qu’on appelle ^ abîme ; peut être y a-t-il
.dans ce lieu-là un gouffre.profond, formé,
par un rocher creux dont la concavité
regarde les châteaux j car, fuivant cette
,fuppofition , les eaux qui font' vers le
fond du canal , heurtant avec violence
contre ce rdçher, doivent, en feréfléchil-
fiïtt, prendre une détermination contraire
à celle qu’elles avaient auparavant, c’efl-
à-dire-, qu’elles font obligées de'rebroulfèr
vers les châteaux , & par Conféquent de
couler dans un fens oppofé à celui du
courant fupérieur. Marfigly a obfervé cette
merveille avec beaucoup de foin ; en effet
rien n’eft plus digne de remarque. Cet
habile obfervatetrr n’a pas voulu hafàrder
fa penfée fur l’explication d’un fait auffi
fingulier.
Ii n’eft pas facile non plus de rendre
radon pourquoi le bofphorè vuide fi peu
d’eau , fans que la mer N dire, qui en reçoit
une fi prodigieule quantité , en éprouve
une augmentation notable ; cette mer qui
eft d’une étendue fi considérable outre le*
Palus-Meotides, c’eft-à-dire, une autre mer
digne de-remarque ", .reçoit plus de rivières
que la Méditerranée. Tout le monde fçait
que les plus gran des eaux de l’Europe tom-
- bent dans la mer Noire par-le moyen du Danube
dans lequel fe rendent 8c fe réunifient
toutes les rivières de S ouabe, de Franconie,
de Bavière, d’Autriche , de Hongrie, de
Moravie, de Carinthie, de Croatie, de Bof-
nie, de Servie, de Tranfyivanie,dé Vaiachie.
Celles de laRuffie Noire & delà Podolie fe
rendent dans la même mer par le moyen
du Nieller. Celles des parties méridionales
& orientales de la Pologne,. de la Mof-
covië & du pays des Colaques y entrent
par le Nièpéf ou Boryfthène. Le Don
ou Tanaïs & le Copa ne palfent-ils pas
dans la même mer par le bofphorè Cimmé-
rierr? Les rivières dé la Miiïgrelie dont
le Phafe eft la principale, fe vuident auffi
dans la mer Noire de même que le Caftd-
mac , le Sangaris & les autres fleuves de
l’Afie mineure qui ont leur cours vers le
Nord. Néanmoins le bofphorè de Thrace
n’eft comparable à aucune des grandes
rivières dont on vient de parler. .
Il eft Certain d’ailleurs que la mer Noire
ne groffit pas , qupiqu’en bonne phyfique
un réfervoir augmente quand-fa décharge
11e répond pas à la quantité ; d’eau- qu’il
D d d d î -