
fedion des cartes -, comme une fuite de
la manière dont 'les obfervations ont
été , faites : auffi. s’occupent-ils à montrer
d’abord les défauts de cette méthode,
fi l’on peut l ’appeler ainfî : voici en quoi
confîlloit cette manière. Guettard ou fes
élèves vouloient-ils connoître un pays,
une contrée , ils y parcouroient une
ligne en fuivant une route quelconque,
ils ramalfoient les échantillons des terres,
des pierres, des fables, des autres fotliles
que leur offroit cette ligne. Ils en
prenoient des notes , 8c voilà un long
trajet décrit. Ces notes étoient deftinées
à remplir les cartes minéralogiques.
Co jime l’obfervateur ne s’occupoit pas à
diflmguer les échantillons de terre ou de
pierres qui avoient pu être tranlportés
d’aillçurs par les eaux courantes, de ceux
qui étoient adhérents, au f o l , & qui en
faifoient partie • ceux qui fe rencontroient
fur les endroits élevés , de ceux que lui
offroient les fonds d’un vallon, d’une
ravine , d’une plaine uniforme, &c . en
a vu avec étonnement beaucoup de
matières hétérogènes, indiquées les unes
à côté des autres fur les cartes , enforte
que les caradères des échantillons de
lubltances étrangères au foi , fe font
trouvés-placés à côté des caradères propres
aux matières qui tenoient à la distribution
primitive des foffiles du canton.
L ’on ne pouvoitpas conclure de la variété
des objets recueillis ou indiqués , la
différente difpofition relative des couches
qui pouvoient fe trouver à des niveaux
différens. On ne pouvoit donc pas
connoître, ni fur les cartes, ni d’après
les defcriptions qu’on faifoit des. , pays
qu’elles étoieirt deflinées à repréfenter, &
qui avoient été examinés & étudiés auffi
rapidement & auffi légèrement , & au
milieu de cette copfulîon & de ce dé-
fordre, en quoi confiltoit rigoureufe-
ment la conftitution de telle ou telle
contrée.
Pour bien remplir toutes les vues que
l ’hifioire naturelle de la- terre, les befoins
de la :Géographie-Phyfique exigeaient de
Guettard & de fes élèves , il auroit . été
néceffaire qu’il fùivît non une ligne, celle
par exemple de la grande route qui conduit
de Paris à Strasbourg, pour faire
connoître une grande étendue de la furface
de la terre ; mais qu’il eût embraffé une
maffe importante , qu’il l’eût circonfcrite
& bien étudiée dans toute fon étendue :
celle, par exemple, de l’amas des coquilles
produit par . la famille des villes &
des bucpins, Cette recherche auroit
pu être conduite fur un plan bien raifonné,
& auroit donné de beaux réfultats inf-
truÔifs, préférables aux détails qu’on trouve
dans les deux mémoires renfermant l’hif-
toire de la courfe de Paris à Strasbourg,
où font tous les défauts que nous venons
d’indiquer. Autre principe de conftifîon ;
dans des cartes plates, il efl évident que
l’on ne pouvoit faire fentir la pofîtion
relative des fubllanees qui font placées à
des niveaux différens.- Pour obtenir cet
avantage, il auroit été nécefïàire que les
formes du terrein euffent été figurées avec
ce foin & cette exaditude qu’on voit
dans les planches de la carte de France,
ainfî les caradères des- meulières qui font
fur les fommets des collines des environs
de Paris fe trouvent-à côté des caradères
de pierres calcaires propres à bâtir & à
côté de ceux des matériaux tranlportés
par les eaux & difperfës au milieu des
vallées. Enfin ce qui ajoute à la confu-
fion, à côté des matériaux éboulés dans
les parties intermédiaires, entre les meulières
& les. pierres coquiilières , ce font,
comme nous l’avons déjà obfervé en
parlant des. bandes , des, fables ,- des grès
de nouvelle formation ; les defauts dans
les obfervations & dans l’emploi des
notes que nous faifons connoître relativement
au fol des environs de Paris fe
font répétés dans plufieurs -autres circon-
ftances dont je ne citerai point ici les
preuves.- -
Guettard dans toutes fes courfes s’étoit
propofé depuis 174-6 de remplir une
qu’on en pouvoir faire. Telles font celles
qui concernent l’Egypte , l’Afîe mineure .
& le Canada il en fut de même
pour les cartes: de toute la France
dont il n’avoit pas,'vu à beaucoup près
le!s différentes contrées :. il fut obligé
de prendre -dê’s notes de toute main. Il
fuffifoit qu’un homme pût ramaffer une
pierre , pour qu’il lé jugeât en état de
concourir à l’exécution de fon plan de
, travail .: & faut-il être- étonné enfuite
des doublés emplois, & des tranfpofîtions
de fubllanees minérales qui fe trouvent non^
feulement fur fes cartes, mais même dans
fes nombreux, mémoires ï
efpèce de cadre : c’étoit celui de . Tes ■ ;
bandes : 8c l’on voit par-tout dans fes
mémoires une certaine intention de montrer
la conformité de la nature avec fes
plans de diltribution : mais comme ce
cadre étoit incomplet, & ne portoit
fur aucune vue de révolution ou d’opération
fucceffive d elà nature', il ne Ta
pas conduit à des réfultats & à des
explications:- fin qples. D ’ailleurs "depuis
que ce. plan avoit été annoncé , Fauteur
s’y étoit tellement afiervi qu’il n’avoit
pas fend le befoin d’en réformer ou' d’en
redifier les divifions , foi-t en changeant
leur dénomination qui'étoit vifiblement
défeâueufe ,' loit en lès multipliant ,
comme les opérations de- la nature
mieux connues fembloient l’exiger chaque
jour.
, Ce qui pâroîtra bien fingulier, c’ell
que la néceffité de vérifier . ce cadre ,
depuis; qu’il avoit été annoncé aux natu-
raliftes , n’ait pas engagé Guettard ou fes
élèves à quitter l ’habitude d’obferver,
qui confifloit, ainfî que nous l’avons dit-,
à fe borner à des lignes étroites. Ils
auroient dû embraller un certain champ
intéreffant dont ils euffent vu & revu toutes
les parties,' pour en faire une comparaifon
fuivie avec quelques-uns des cadres. Je
ne vois que les Vofges qui aient été
ainfî. examinées ; mais Guettard avoit un
compagnon de voyage qui a préfidé à
cette nouvelle étude, & qui dans leur def-
eription a mis plus de méthode & d’en-
femble qu’on n’en trouve dans les mémoires
ordinaires de Guettard : nous ferons
connoître ce travail par la fuite en parlant
de l’Atlas minéralogique de France; &
nou's devons dire ici qu’il a été défiguré
dans lès cartes.
Guettard voulant embraffer tout le
globe dans fes.. cartes , s’étoit accoutumé
à faire , ufage d’obfervations peu fûres ou
rédigées fans précifion, parce qu’elles
avoient été recueillies fans aucun plan
& fans aucune connoiffance de 1’empJ.oi
Faüt-il être étonné de voir les defcriptions
de Guettard fi peu conformes aux
cantons qu’il a deffein de faire connoître ?
le mélange des faits qu’il avoit recueillis
avec ceux qu’il a tirés d’ailleurs, fait
qu’il n’y anul plan de recherches,nul enferu-
b le , nul racordement dans fes mémoires.
Ainfî l’on a un moyen fûr de juger
des défauts des cartes,, en fuivant l’obfervateur
dans la defeription dè fes courfes
: & de fes voyages : même Confufîôn
dans les écrits , comme fur les cartes.
On voit par-tout que Guettard elt plus
attentif à n’omettre aucune des fubllanees
pierreufes qui fe préfentent dans la ligne
qu’il parcourt , quand même elles fe
préfenteroient pour la centième fois, qu’à
déterminer par une confîdération générale
tout ce qui concerne cette fubftance.
Il n’a pas vu que la multipliciié des objets
notés devoit nécelfairement fatiguer le
ledeur , fans l’éclairer. Il ne oonuoiffoit
pas cette analyfe, qui Amplifie un fujet en
rapprochant & rédui&nt les objets au plus
petit nombre poffible : comme il ne paroît
pas s’occuper de l ’emploi des faits en
même-tems qu’il les receuille ; il ne s’eft
pas attaché avec plus de foin à diftinguer
une obfervation oifeufe & inutile d ’uns
remarque féconde & lumineufe : il n’a
pas fenti ; en conféquence , combien
- dans ces fortes de recherches il étoijt