
il faut pmtr eela réunir les lumières d'un
grand nombre d’obfervateurs. Il ne croît
pas au refte avoir, erré dans les remarques
ou en avoir omis d’importantes, quoiqu’il
ait pu lu i échapper quelques détails.
A u refie, ce qui contribuera facilement
à completter tous ces détails, ce font les
réfoltats des' nouvelles navigations qui ont
été faites de nos jours dans les différentes
parties de lTOcéan, & fur-tout dans la
mer du Sud,, foit par les François, fbit
par les anglois, & fur-tout par le capï-.’
taine -'Cook.- Ceci exiger» un travail qui
ne peut manquer d’être exécuté, mais l’on
doit dire queAe plan de ee travail a été
tracé par Halley, & que c’eft toujours
à ee grand aftronome que nous en ferons
redevables,
Pour aider l’intelligence de fes leâeurs
dans une matière auffi délicate .& auffi
remplie de difficultés, Halley a cru. nécef-
faire de joindre à fes defcriptions une
carte qui montre au premier coup-d’oeil
les différentes direâions & routes parcourues
par ces vents , & qui pourra faire
comprendre la chofeplus facilement qu’aucune
defcription beaucoup plus étendue,
Les limites de ces différents trajets de
vents font marquées par des lignes ponctuées
,■ tant fur les , mers Atlantique &
JCthiopienne où elles ' marquent les confins
des vents,. que fur la mër des Indes où
elles montrent auffi l’étendue des differentes
mouffons. Il n’a pas pu trouver de meilleur
moyen pour indiquer la rpute des
vents fur cette carte, qu’en tirant une fuite
de traits de plumes dans la ligne que décrirait
un vaiffeau en marchançptoujours fur
cette ligne. L ’extrémité aiguë de chacun
de ces petits traits défigne le point de
l’horifon d’où le vent fpuffle continuellement
; quand on ÿ exprirpe la route
des mouffons, les pointes des traits ou
flèches font dirigées tantôt en avant tantôt
en arrière, ce qui rend ces lignes plus
épaiffes qu’ailleurs, Quant à ce qui çoncerne
l’a'grande mer du Sud , attërîdu fon
étendue & le peu de variation que fes
vents éprouvent , & 1»grande analogie qui
exifie entr’eux & ceux des mers Atlantique
& Ethiopienne, & a raifon de ce
que la plus grande partie en étoit inconnue
à Halley , il a cru inutile de la comprendre
for la carte. Au relie, cètte carte
fera comprife: dans l’Atlas qui accompagnera
ce dictionnaire avec toutes les améliorations
dont elle eft fufceptibfe , &
comme une des cartes les plus intéref-
fantes de la Géographie - Pkyfique du
globe.
La relation que l’on vient de donner
préfénte d’ailleurs différeni. problèmes qui
méritent l’attention de nas plus grands
naturalifles, tant à raifon de la confiance
des effets, que de leurimmeuGs étendue j
prefque la moitié de la furfàce du globq
en recevant l’influence,
Les principaux problèmes font ceux-ci |
1 ° . Pourquoi ces vents foufflent-ils
“perpétuellement de l’Eft dans les mers
Atlantique, Ethiopienne, ainfi que "dans
l’Océan pacifique Sç entre les latitudes de
trente degrés Nord & Sud g
2 °. Pourquoi ces vents ne règnent-iîs
pas auffi conflamment au-delà de la latitude
de trente degrés?
30. Pourquoi règne-t-il conftammem
un vent de Sud-Oueft fur & près la côte
de Guinée ?
q °. Pourquoi dans la partie feptentrio-
nalê de la mer des Indes , ces vents qui
pendant une moitié de l’année s’accordent
avec ' ceux des autres mers, changent-ils
dans l’autre moitié de l ’année & foufflent-
ils de points oppofës, tandis que la partie
auftrale de cet Océan fuit la règle générale
& éprouve des vents perpétuels aux
environs du Sud-Ouejl ?
y ° , Pourquoi ces ventsalifés généraux a#
Nord de l’équateur inclineUt-ils toujours
v er sle Nord-Oue/l, & dans les latitudes
méridionales vers le Sud-Ouefi ?
6° . Pourquoi dans les mers de la Chine
les vents inclinent-ils plus de l’Efl au Nord
que par-tout ailleurs ? A- pi
Enfin, il cfl encore beaucoup d’autres
problèmes qu’il feroit plus facile de pro-
pofer que de réfoudre , mais de peur que
l’habile obfervateur Halley ne parût pro-
pofer aux autres des difficultés dont la
fblution ne méritoit pas l’emploi de fon
tems & de fes foins , il donne le réful- i
tat des efforts perfévérans qu’il a faits
pour trouver la caufe de ces phénomènes
; il efoère que s’ils ne l ’ont pas '
conduit à l’explication de toutes leurs
particularités , les réflexions du moins
qu’il a faites fur ce fujet ne paraîtront
pas inutiles aux perfonnes qui fe confacrent
a l’étude de la nature.
On ne peut mieux définir le vent qu’en-
difant que c’efl le cours, de l’air qui fej
répand par-tout : où ce cours eft perpétuel
& fixe dans fa ronte, il procède nécef-
fairement d’une caufe permanente & fans
aucune intermittence. Quelques auteurs
ont donc attribué cette caule à la rotation
de la terre fur fon axe : à mefure ,
difènt-ils , que le globe tourne à l’Eft ,
les molécules déliées & fluides de l’air
étant excefirvement légères, relient en;
arrière , de forte que relativement à la
furfàce de la terre elles fë meuvent vers
i ’Ouefl & forment un vent conflamment
oriental. Cette . opinion paroît incontef-
tàble : car ces vents ne fe trouvent que
vers l’ équateur dans ces parallèles de latitude
où le mouvement diurne eft le plus
prompt, ■ & je ne balancer ois pas n me
ranger de cet srvis fi les calmes conftans
dans la mer Atlantique, dans le voifiaage
•de l’Èqujaenr & les vents d’ Oi/efi près la
côte de Guinée, & les mouffons S'Ouefl
périodiques fous l’ Equateur , même dans
les mers des Indes, ne .déclaroient d’urte
manière pofitive î’infuffifance de cette
hypothèfe. D ’ailleurs, l’air étant retenu
vers la terre par le principe de la gravitation
, acquéreroit le degré de viteflë
avec laquelle la terre fe meut, tant dans
fa rotation diurne que dans.; fa rotation
annuelle autour du foleii qui eft trente
fois plus prompte.
Il faut donc abandonner çette caufe &
lui en fubftituer une capable dé produire
un effet auffi confiant, qui ne donne pas
prife aux mêmes objeétïons, mais qui s’accorde
avec les propriétés connues de i’àïr
& de l’eau, de avec les lois du mouvement
des corps fluides. Telle eft, félon
Halley , faction des rayons dit foleii fur
l’air & l’eau & qui paffe tousilës jours
fur les mers, action qu’il a envifagée avec la
nature du terrein, la fituation & la forme
des cpntinens adjacents aux mers.* Il eft
évident d’abord que conformément aux
■ loix de la ftatique , l’air qui eft le moins
raréfié ou qui éprouve le moins d’expan-
fîonpar la chaleur, & qui par conféquent
eft le pluspefant, doit avoir fon mouvement
vers les parties de l’atmofphère-
qui fout les plus raréfiées & les moins
pelantes pour former un équilibre exaâ.
En fécond lieu , que la prélence du foleii
fe portant continuellement vers ï'Oue fl,
cette partie vers laquelle l’air a la * plus
grande tendance à raifon de fa plus grande
chaleur méridienne eft emportée avec le
foleii à l ’Oueft, & par conféquent la pro-
. penfion de toute la mafîe .de l’air inférieur
a lieu élu même côté,
- C ’eft ainfi qu’il fe forme un yent d’Eft
général qu i, en comprimant tout l’air
qui réfide fur un vafte O céan , lui .imprime
un grand mouvement par Fimpulfion réciproque
que les parties de «et air Te donnent
les unes aux autres jnfqu’aù premier retour
du foleii, qui rétablit de nouveau la quantité
de mouvement; qui a été perdue, .&
détermine ainfi le vent d’Oueil à devenir
1 perpétuel.