Gibraltar, que ci-devant on a donné des
preuves que la même chofe avoit été reconnue
dans le bofphore de Thrace & dans
iè Sund.
Au rëfte, on prétend même qu’on en
a fait l’expérience dans le détroit de
Gibraltar, de manière qu’on ne raifonne
plus fur la poflibiiité , mais fur fon exif-
tence. L’année 1712 , un navire Hollan
dois ayant coulé à fond dans le détroit ,
on trouva peu de jours apres des tonneaux
& d’autres débris à deux tiers de mille à
l’oueft de l’endroit du naufrage. D’ailleurs
en y réfléchiflant de plus près, on trouvera
même une efpèce de nécelîTté de ces
deux courans oppofés, parce que l’eau de
la mer Atlantique n’étant pas auffi Talée
que celle de la Méditerranée, il fuit que
la première doit toujours furpalfer en hauteur
la fécondé ; & comme la partie la plus
pefante efl pouifée vers le fond , elle doit
prendre un cours oppofé à la plus .légère.
Voyez dans le diétionnaire, l’article courans
oppofés.
La Méditerranée n’eft pas en général
fort profonde : c’eff vers les côtes de la
France qu’on lui a trouvé le plus de profondeur
, car elle y peut avoir environ 1 yoo
pieds;
Je litpprime ici ce que Bergman dit des
golfes Arabique & Perfique , parce que
ces détails ne renferment rien de phyfîque
& d’intéreflant. Je renvoie aux articles du
diétionnaire , où j’ai elfayé de préfenter
ces golfes fous des points de vue inté-
reffans.
La nature du fond de la mer éil en
général la même que celle de la terre
ferme : il y a partout une fucceflion de
rochers , de collines ; on y trouve toutes
fortes de couches de pierres & de terres
de toutes efpètes. On voit auffi plufieurs
fources d’eau douce dans le fond de la
mer, mais particuliérement le long des
Cotes.
Quant à la profondeur de la mer, on
y remarque une différence confidéiable ;
cependant il paroît qu’ii y a une correspondance
affez régulière, en ce que cette
profondeur fuit la difpofition & la nature
des côtes, de telle forte que lorfque le
rivage eit efcarpé, la mer a auffi dans ces
endroits une grande profondeur , & vice
veYfâ ,* les navigateurs fe fervent de ces
connoiflancesquand il efl: queflion de jetter
l’ancre. S’il efl vrai que la difpofition du
fond de la mer efl en raifon des formes de
la terre ferme qui y correfuond, alors vers
Chimborazo dans l’Amérique méridionale,
la mer devroit être plus profonde que partout
ailleurs, & après une vafte plaine,
devenir parallèle avec la chaîne des Cordillères.
On devroit s’en appercevoir dans
la partie orientale de l’Afîe. Dans la mer
Atlantique il devroit y avoir dés profondeurs
qui répondifl’ent au pic de Ténérife,
s’il ne doit pas fon origine à un volcan,
La mer Méditerranée devroit être de niveau
avec le vafte Atlas , & infiniment profonde
dans un endroit qui répondroit au
mont Maudit. II n’y a que l’expérience qui
puiflè apprendre fi cette correfpondanc«
peut avoir lieu. Au milieu de la mer
d’Allemagne, entre la Norwege & les
îles de Sehetland , on trouve une profondeur
qui a tout au plus 37.d pieds , & le
fond efl un fable très-fin. Vers quelques
portions du rivage de ce dernier pays, la
profondeur efl plus confidérable & le fable
plus groflier , mais vers la Norwege la
profondeur augmente , & le fond offre
beaucoup de vafe & de limon.
L’eau de la mér efl conftamment falée
& amère : elle contient du fel de roche,
uh pèu de felènite , du fel amer de glauber
& de la magnéfie blanche diffôûte par
l’acide du fël. C’eft de ces derniers mélanges
que procède l’amertume des eaux
de la mer. On y 'trouve auffi quelque
principe terreux qui peut provenir des
mêmes eaufes : on y.apperçoit un peu de
\ fal ammoniatum fecretum. En général ,
I plus on s ’éloigne des pôles, plus la làlure I de la mer augmente : elle efl donc moindre I en Mande que dans les parages méridionaux
Ides côtes de la Norwege. Quelques navi-
|gateurs aflùrent auffi que vers la ligne le
■ poids de l'eau de la mer diminue, & que
I la même chofe a lieu , plus on s’éloigne du
| continent. Le degré de la falure de la mer
i n’a pas été fixé également ; ce qui vient
| de ce que l ’on n’a pas dans cet examen ,
il indiqué fi l ’on calculoit ce degré d’après
■ la quantité d’eau ou d’après fon poids ;
| quelle étoit la profondeur de l’eau ; fi l’on
l a calculé tout le réfidu ou feulement le
I fel marin. Aux environs de l’Iffande, l’eau
I de a mer doit contenir d’ à i. de fel en j
I proportion de fon poids ; proche les côtes
■ de la Norwege d’ ^ à j ; proche de Wallon
■ fur ies mêmes côtes d’^ à i ; dans le
I golfe de Bothnie d’ à i ; fur-les bords
■ de la mer d’Allemagne, proche de War-
I berg ~ ; proche de Cumberland — ;
B proche de Northumberland & de Durham
■ vers l’embouchure de la Tamife i.;
H dans le canal—; fur les côtes de la 1 foi—
i lande i ; fur celle de la France f ; fur
I celles de l’Efpagne f ; proche de Cafli-
I glione ^ ; à cinq milles au nord de Malte
■ ~ , &c. D’après ces calculs , il efl clair.
■ que l’eau de la mer efl bien loin d’être
I faturée de fel, & qu’elle efl bien plus douce
B que les fources falées dont on fe fert pour
| en tirer du fel par l’ébullition. Il y a
| plufieurs eaufes au moyen defqueiles on
| peut rendre raifon de cette falure inégale.
I Vôici les principales :
La diflance inégale des terres produit
| une grande différence dans la nature des
I eaux de la mer , furtout quand il y tombe
I les eaux pures d’ un fleuve. Proche de
5 Halmftadt, de Gothenbourg , etc. l’eau
de la mer efl moins falée qu’aux environs
de Warberg & ailleurs, où elle ne reçoit
:j pas d’eau douce. Là où le Rhône tombe
| dans la mer , l’eau à moins de fel qu’à
une certaine diflance de fon embouchure.
On remarque même que la rivière de fa
Fiata rend l’eau de la mer potable à plufieurs
milles autour de l’endroit où elle y
mêle fes eaux. La falure augmente au contraire
là où la mer reçoit des rivières falées
, comme cela a lieu aux environs
d’Alger & de Tunis. Au Chili , l’eau de la
rivière falée efl tellement faturée de fel, que
le bord de la mer & les chevaux qui paiflent
aux environs font tout blancs. L’eau efl
ordinairement moins falée à fa fuperficie
qu’au fond. Au détroit de Conftantinople
la proportion efl de 72 à 62 ; dans la Méditerranée
elle èft comme 32 à 25). On a
trouvé que dans l’QErefund , l’eau de la
fuperficie étoit relativement à celle prife
à 20 brades de profondeur , & à l’eau de
neige fondue dans la proportion de 10,047
à 10,060, & de 10,189 à 10,000. L’eau
doit être plus épaiffe & plus pefante à une
certaine profondeur, puifqu’elle peut fe
comprimer au point qu’à une profondeur
de 1800 braffes , elle doit être comprimée
de pat fon poids. L’eau de la mer
épro.uve auffi de très-grands changemens
par l’agitation des flots & par la variation
des faifons. Proche de Wallon en Norwege
où il y a des falines, on a remarqué
que l’eau de la mer , prife à fa fuperficie ,
contient -f de fon poids de fel lorfque la
glace fe détaché, laquelle occupe une profondeur
de 30 pieds , tandis que ce fel ,
dans tout autre cas , n’efl qu’en raifon
I n
On éprouve fur les côtes du Cumberland
une évaporation encore plus forte, puif-
qu’on a f de fel, & après beaucoup de
pluie -i ; & fur les côtes de Malabar l’eau
de la mer devient fouvent potable après
de fortes pluies. On a trouvé ainfi fur les
côtes de Landfcroon que les vents d’eft
rendentl’eau de la mer d’ plus pefante
que la neige fondue , .tandis que les vents
d’oueft la rendent à peine plus pefante
de —iü-. On prétend que l’eau de la mer
, en iflande. efl plus falée pendant le flux
: que pendant le reflux ; ce qui efl tout