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r> tance dans la formation d’une règle gé-
» raie : cette partie , dont nous faifons
» abftraâion , ce font certaines montagnes
» & malles de granit. »
Mais depuis la première édition de fon
ouvrage, où il avoit annoncé l’omiffion
de ces maffifs , qu’il avoit ainfî f.é c ifîés ,
l ’auteur a reconnu que ces certaines montagnes,
qui étoient en très-petit nombre, que
les granits failoient partie des plus hautes
montagnes , & qu’on trouvoit en piulieurs
endroits de la furface du globe des blocs
de granit détachés. Ces faits l ’ont convaincu
que cette portion confidérable de
nos fubflances minérales, ne pouvait être
foumife à fa règle générale de formation :
mais au lieu de foupçonner la règle d’être
fujette à erreur, il a préféré d’exclure le
granit & les fchilles quartzeux de la maiïè
de nos continens & de l’ordre des fubl-
tances llratifiées dont ila fiïïv i & expliqué
l ’origine. Quelques naturalises des Alpes
ont décrit le granit qui occupe la partie
centrale de ces montagnes, comme une
fübSance ftratifiée j ils ont même déterminé
la direâion & les inclinaifons de lés
couches. Le d o â eu ijlu tton foutient, au
contraire, que nous devons fuppofer ces
granits , comme n’ayant aucune flruflure
ou organifation déterminée , à l’ exception
des veines & des fîfiùres formées par la
contraftion de la maffe fôlide à l’époque
de fon refroidiffement. Il veut nous préparer
pa r-là-à une hypothèfe nouvelle,
dans laquelle il confidère le granit comme
une fubltance minérale qui , dans l’état de
fufion, a pénétré les couches de bas en
haut en les rompant & fe répandant au-
delîus à la manière des laves. .
Lorfque le doâeur Hutton publia, pour
la première fois fa théorie, il ne penfoit
pas à faire, une exception pour la claflè
des fchilles , mais ayant probablement
trouvé de même , depuis ce tems, que
cette clafle étoit auffi contraire que la
première à fon opinion fur l’origine des
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couches , il a été réduit à imaginer avUi
une hypothèfe pour nous rendre raifon de
ces grands malfifs.
De certains cas particuliers dans lefquels
on voit des bancs de fchilles ou fort inclinés
ou même verticaux , fous des couches
calcaires moins inclinées pu prefque
horifontales, le doâeur Hutton conclut
généralement que la clalfe des fchilles quartzeux
étoit formée des relies d’anciens con-
tinens q u i, lorfqu’ils ont été prefque détruits
par le laps du tems, fe font enfoncés
à la-fois en grand défordre & ont été couverts
p^r la, mer , où ils Ont fervi de bâté
à ce . qu’il appelle les couches propres de
nos continens.
C’elt ainfî que l ’auteur nous repréfente
l’origine de la fituation d’une des maffes
les plus importantes qu’on obferve dans
une grande partie de nos continens. Le
doâeur Hutton cite feulement le casjdes
bancs calcaires repofant lur des fchilles
bouleverfés. Il devoit favoir qu’on trouve
dés bancs de certaines fortes calcaires repofant
fur des couches bouleverfées, mais
compofées de fubflances calcaires. On vpit
auflî des bancs calcaires fraâurés fous des
couches de grès. Les houilles & leurs
couches contiguës , déplacées d’elles-'
mêmes , le trouvent fou vent fous des
couches plus anciennes de pierres calcaires
ou de gnès qui ont été évidemment
tourmentées. Enfin , on voit dans plufieurs
endroits de nos continens des couches incohérentes
, contenant des dépouilles marines
, couvrir les débris de couches
pierreufes en différens états : il faudroit
que le doâeur Hutton nous fixât la limite
qu’il met entre les relies des anciens continens
& les couches propres de ceux qui
exillent aâuellement.
Les obfervations faites dans les grandes
montagnes , nous ont appris qu’indépen-
damment des ruptures fuccelîîvès & par
tielles'des couches qui ont eu lieu pendant
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le tems employé à leur formation , elles s
ont éprouvé de plus grandes catallrophes, j
à la fuite defquelles les fraâurés ont pénétré 1
à-la-fois plufieurs claflès de couches qui I
ont été déplacées en même tems ,. & ont
pris le fyltême d’inclinaifon qu’elles nous
préfentent aâuellement. Ledoâeur Hutton
croit trouver dans ces faits les preuves
décifives en faveur de fon hypothèfe :
niais il oublie qu’il n’admet point le granit
&. le fchilte quartzeux au nombre des
couches propres de nos continens.
Le célèbre chimilte Kirvan avoit relevé
de fon côté , dans, les tranlaâions philo |
fophiques' de la fociété.d’Irlande , l ’aflèr-
tion de notre auteur, par laquelle il prétend
que toutes les couches de la terre font
compofées ou des dépouilles calcaires
d’animaux marins, ou du raffemblement
de matériaux femblablès à ceux qu’on
trouve fur nos rivages.
Le doâeur Hutton, dans fa réponfe , le ,
taxe de s’être trompé, parce qu’il n’a ob-
fervé que des parties de la terre peu étendues
: nous avons développé les objeâiôns
de Kirvan dans le § I I I , mais nous y reve-
nonsencoreici endifcutant ce qui concerne
les graviers. On diflingue ordinairement
deux fortes de graviers, foit à la furface
de nos continens, foit fur leurs rivages.
L’une de ces fortes, allez commune dans
plufieurs parties de nos continens , efl
formée de cailloux ou de filex, dont i’un
des Caraâères efl de fe trouver toujours
en petites mafles ifolées , & ordinairement
dans des bancs de craie ou d’autrès fubi
tances calcaires, & de ne jamais former
des couches folides & continues : 1 autre
forte de gravier offre autant de variétés
qu’il y a de couchés folides ; car elle eîl
compofée de fragmens & de débris de ces
couches plus ou moins arrondis par le
frottement. On retrouve ces deux fortes
de gravier dans des fubflances qui ont été
primitivement dans un état de molleflè ,
& font maintenant folidifiées fous forme
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pierreufe. Mais il y a déjà dans ce cas une
circorllance à obferver , & dont la théorie
du doâeur Hutton ne peut nous fournir
l’explication : c’elt que les mafles confo-
lidées qui contiennent des filex ne font
que fuperfioielles , tancis que celles qui
contiennent des fragmens de couches pierreufes
fe rencontrent à de grandes profondeurs
dans la maffe folide de nos continens.
Or , l’une ou l’autre forte de
gravier fe trouve fur nos rivages. Si donc
nos couchés étoient formées des memes
matériaux qu’on rencontre au bord des
: mers, ne troùveroit-(on pas ces deux fortes
de gravier dans nos continens à toutes
profondeurs ï
Si l’on examine d’ailleurs cette claffe
particulière de pierres qui renferment les
fragmens des couches , on verra d’abord
qu’elles offrent des fragmens de couches
pierreufes de differentes fortes , & c elt ,
; pour cette raifon, que certains naturalilles
les tint nommées brèches.
Les bancs de brèches , bien loin d’être
entièrement compofés de fragmens arrondis
, contiennent le plus fouvent, dans
les parties intérieures de nos continens ,
des fragmens qui n’bnt pas même perdu
leur forme anguleufe. Ne peut - on pas
conclure de ce phénomène , que quelle
que foit la caufe qui ait feulement , par
intervalles , garni le fond de la mér de
fragmens pierreux pendant la formation
de nos couches , ces fragmens ne proviennent
pas d’ uji continent d ’où ils ont
été précipités dans la mer enroulant. Mais
peut- être pourroit-on découvrir la caufe
de ce phénomène en le confîdérant de
plus près!
*
On trouve dès -bancs de brèches dan s
les parties de la maffe de nos continens oui 1
exifteunpaffage entre uneclafle ou un certain
ordre de couches que nous avons dillingué,
& un autre. Au furplus, on a remarqué ,
à cette oceafîon , toutes ces circonlhnces