
ne foienc que les réfultats des tralifportç
fueceffifs , occafionnés par les déborde-
mcns des fleuves qui dans leurs accès dé-
truifent & entraînent, & qui enfuite dé-
pofent dans le? parties de leur canal dû
leurs eaux font rallenties tant par la largeur
4e ce canal que par le refoulement des
eaux de la mer.
Nous fommes en quelque forte témoins
d’une de ces révolutions qui s’opère
encore vers l ’embouchure du fleuve des
Amazones. On y trouve des. amas im-
menfes d’arbres qui ont été entraînés par
le fleuve, & entaffés par les courant ra
pides qu’il éprouve dans fes accès. Ces
arbres fe dépofent encore chaque jour .
St font recouverts par les terres qui
font les effets des lédimens journaliers
que. les eaux du fleuve, dlfperlees dans
les -différens canaux de, l’embouchure , y i
forment, étant rallenties par le flux qui
remonte jufqu’aux limites du terrein bas !
qui eft vifiblement l ’ouvrage du fleuve, ;
Voic i la marche que doit fuivre un
naturalifte Iprfqu’il doit fe rendre compte '
JSt aux autres de quelque phénomène
qui tient à quelques cirçonftançes com-
-pliquées ; c’eft de voir ce-qui s’opère
quelque part dans l’ordre des anciens
évenemens , & de remonter ainfi du pré-
fent au pafle jprè* une mure fit févèrp
difcuflion.
Je conclus de tous ces détails, l ° .
qu’ il faut examiner les circonftances qui
accompagnent les amas î d’arbres avant
que d’afligner les çaulés & l’époque de
leur ernaffemept dansun canton quelconque
du globe , fie avant que d’en tirer aucune
conféquence relative aux révolutions que
ce canton peut avoir eflityées. 2°. Que
les arbres accumulés Sc enfevelis dans
}es terres vers i’embpuchure des grands
fleuves, font le produit fie Jeurs transports
fie nullement celui de l’inondation
fle la m er , dont le? effets ,-fqnt aufli
inconnus que la caufe eft incertaine. 30.
Que les circonftances losales donnent
prefque toujours par leur réunion, le
dénouement & l’explication des phénomènes
de cette efpèce fit de prefque
tous ceux qui appartiennent à l’hiftoire
naturelle du globe, f l ne faut donc
rien- laiiïer à la conjeflure , lorfqu’on
peut tirer tous j le.? éclairçiffemens de
l’oblervation; 4e . Que les amas de bois
foflîles enveloppés fie ftratiftés au milieu
des couches ou horifontales ou inclinées ,
doivent être rapportés aux mêmes époques
St aux mêmes çaufes que çes couches
elles-mêmes,.
Je 11e puis m’empêcher de faire remarquer
à cette oçcafion que des çonfîdé-
rations trop générales , bien loin d’éclaircir
aucuns des points qui font relatifs à
la théorie , de la terr-e, ne peuvent que
feivir à égarer ceux qui s’y livrent, au
lieu de, recourir à la feule voie d’inf-
truflion ouverte à ceux qui fe font mis
en état d’en profiter, je veux dire.à l’ob-
fervation & à i’analyfe des faits, Qbfervez
un fait, difçutçz-le, comparez-le,fur-tout
avec d’autres faits analogues, fie décidez
enfuite , fi vous avez recuelli de quoi
affeoir un jugement ; fl-non attendez la
lumière dp l’analogie qui ne manquera
pas de vous éclairer, dès que vous pourrez
lui comparer un fait du même ordre,
flans cela il eft raifonnable de douter fie
de douter toujours.
Q u a t r i è m e C o n s i d é r a t i o n ,
Rapport des terres aux. mers,
On nous dit que dans l ’ancien continent
il y a plus de terres à découvert en-
deçà de l’Equateur qu’au-delà où il y a
plus de mers : St on a rjifon. On ajoute
enfuite que l ’étendue des terres auftrales
eft beaucoup moindre que celle qu’on
avoit foupçonnçe $ çe que les dernières
navigations
navigations autour du pôle auftral ont
cOnllaté : ainfi, à ce fuj,et , il faut, je
penfe, s’en tenir à ce que .les dernières
mappemondes, publiées pûllérieurement
aux voyages de C o o k , nous apprennent ,
quoique toutes les côtes ne" foient pas
entièrement connues. Ainfi , l’inégalité
de la diflribution des mers & des terres
peut très-bien fublîfter fur le globe fans
que, la réunion de tout ce qui en com-
pofelamaffe, perde fon équilibre. Il n’efl
donc pas nécefikire que . les parties des
continens ou de mers fe correfpondent
dans les latitudes oppoféés, & foient .distribuées
lyméuiquement pour fe fervir
de contre-poids ; car, il eft aifé de voir
qu il y a fous l’eau, comme à la furface
des terres" séchés , fit dans l’ëpaifleur de
leurs maflifs , des lits & des amas de matériaux
dont la péfanteur fpécifique varie à
1 infini, & que d’ailleurs le peu.de profondeur
d’une étendue d’eau, co'nfidérable
qui recouvre une grande fuperficie, contrebalance
certains golfes où la mer eft plus
profonde & a'moins' de furface j par conséquent
on ne peut rien conclure ni de
1 état p r é fe t des chofes ,. ni d’un autre
état. Tout ce qu’il importe d’avoir à ce
fujet, c ’eft la vraie forme . du baflin de
la mer dans les deux hémifphères-, déterminée
par des obfervations aftrono iniques
bien faites.
C’eft encore une obfervation qui vient
a la fuite des confidérations précédentes,
que la plus grande partie de l ’Equateur
du globe eft couverte par la mer; mais
on ne peut pas en conclure que cela contredire
les principes d’hydroftatique , en
conféquence - defquels on admettroit une
élévation circulaire qui formeroit une
efpèce de zone renflée à l’Equateur de
cinq lieues fuivantla théorie. Il ne s’enfuit
pas non plus de la figure du globe appia-
tie vers fes pôles , que l’eaù loit foliieitée
a s y porter plus abondamment. Si l’on
trouÿo t quelques difficultés, fur ces deux
points, on ne feroit pas attention que la
Géographie-Phyjîpite, Tome I .
force centrifuge emporte autant l’eau que
la terre, & que la figure du globe affujetti
à tous ces. mouvemens, eft aufli régulière
qu’il eft poflible, foit que l’eau occupe
la partie de l’Equateur, foit que ce foit
une longue bande de terre fèche : car, dans
tous ies cas , l’équilibre s’établit & fe
maintient.
Au relie, quels que foient les réfultats
des principes d’hydroftatique qu’on a cru
devoir employer pour déterminer géométriquement
la figure de la terre dans fon
état primitif, les obfervations prouvent
qu’il a dû furvenir de ; grands changement
qui ont apporté certaines irrégularités
dans cette .-première forme , fans troubler
cependant l’équilibre qui eft toujours le
réfu'ltat des lois certaines de l’hydrofta-
tique. Quelle que foit l’étendue desxévo-
lutions que Té globe a'éprouvées , elles
ont toujours été dépendantes des lois générales
de la pefanteur, & le repos n’a pu
s’y établir que par leur aftivité.- En un mot,
tout a dû s’arranger fuivant ces lois ,
lors des"tranfports immenfes des matériaux j
fit ce font-elles qui ont conftamment
modifié les effets de ces tranfports avec
les différens afpeïts du g lo b e , par rapport
à fon mouvement diurne & , à fon mouvement
annuel.
C inquième C onsidération.
Sur la différente température des deux
pôles.
On fait qu’on relient un degré de froid
plus confîdérable en avançant, vers le pôle
auftral que vers le pôle du Nord. L ’auteur
des Recherches Philofophiques attribue
cette différence de température à la
plus grande quantité de terres qui giflent
en-deçà de l’Equateur qu’au-delà. Dans la
partiefeptentrionale, les glaces fe fondent
vers le mois de mai au quatre-vingtième
degré de latitude , pendant que fous le
foixantième degré de latitude Sud , le»