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S cH E U C H Z E R .
Ce naturalifte eft un de ceux qui a le plus
contribué à répandre |> 6c même à àccré-‘
diter la fauffe 'opinion que les dépouilles
dej animaux marins, St fur-tout dès coquillages,
qui fe trouvent difperfées , foit à
la furface de nos continens, foit dans les
bancs intérieurs voifîns de cette furface,
font l’ouvrage du déluge univerfel.
Dans une diflertation adrefféê à l’Académie
des Sciences , en 1708 , Scheuchzer;
attribue ',~'comme; W oodtvard, le chari-
gement, ou plutôt la fécondé formation de
la furface du globe au.déluge : & pour ex-;
pliquer la formation des montagnes-, il
imagine qu’après le déluge, Dieu voulant
faire rentrer les eaux dans des réferyoirs
fouterrain^ , avoit brîfé 8c replacé de fa
main toute-puiffante un grand nombre de !
lits auparavant horifontaux, 6c les avoit
élevés à la furface du globe. Comme il
falloir que ces hauteurs fuïïenf d’une ‘côîri
fiftance folide,- Scheitchzer-prétend que
Dieu ne les établit que dans lés contrées
où il y avoit beaucoup de pierres! C ’elt
d’après ce principe que les contrées q u i,
comme la Suilfe, renferment une, grande
quantité de rochers folides’- , font très-
montuèux , & qu’au contraire^ ceux q u i,
comme la Flandre,la Hongrie,la Pologne,-
n’offrent que des fables ou des lits d’argile
, même à une: allez grande profondeur
, font prefque entièrement fans montagnes.
déluge qu’il attribue ces repréfentations
de poiflons.
VHsrbanum diluvianum ell un ouvrage
entrepris dans lés mêmes vues. Cet herbier
extraordinaire n’èft Compofé que de
plantes qui, fui'vant ce nâturalifte,"ayant
été. enfevelies , au tems du déluge , .dans
des matières molles , y ont laiffé l’em-
■ prêinte de leur figure , qui s’y efl con-
lervée, loffque ces matières ont pris une
" certaine ' confiftance , par une fuite de la
pétrification.
Il féroit fort à défirer que l’ on f ît dés
recueils très-exaâs dès différentes èipèces
de plantes qui fe trouvent imprimées dans
nos mjnes de charbon, dans nos ardoifîères,
& même datas nos pierres calcaires feuilletées
, & que l’on comparât ces plantes
avec les analogues qui fe trouvent dans
les provinces étrangères ; il en réfulteroit
de grandes lumières fur les changemens
■ db climats que le‘s-,continens où ont crû
ces plantes , & les mers dans le baffin def-
quelles tous ces dépôts fe font faits, ont
éprouvé, & par conféquent fur les époques
de lf'c'onilrüâioh de certaines par-
ties-’de nos continens ; mais il convient
maintenant de donner les dé.veloppëmens
convenables à ces trois objets que nous
venons d’indiquer.
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De la formation des mtntagnes.
Scheuchzer a fait outre cela un cata- | Si le globe de la terre étoit parfaite-
logue raifonné de toutes lés pierres q u i! ment fphérique, c ’eff-à-dire , fans vallées
renferment, des poifforis , ou plutôt des | profondes & . fans montagnes élevées : fi
fqselettes de poiiTons ; c’eft encore au | les ffifférens. lits de pierres, de terres &
de
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de fables dont il eft compofé , étdierit partout
comme ils le font en une infinité
d’endroits , allez exactement parallèles
entr’eux & concentriques à la furface du
globe, on pourroit fuppofer que le tout
auroit été formé d’une liqueur chargée
de différentes fubflances hétérogènes dont
les parties inégalement pefantes fe feraient
fépatées naturellement les unes des autres,
par les loix de la pefameur, & arrangées
en différentes, couches circulaires , qui
auraient eu toutes, le' centre du globe
pour centre commun; on juge aâfément
que cette féparation auroit fait ceffer la
fluidité. Ce fÿftême ne feroît pas feulement
poffïble, mais même nécefiàire, fui-
vant l’hiflorién de l’académie des fciences,
car 011 n:e pourroit guères attribuer à une
autre caufe la parallélifme & la con-
centricité. des couches.
Que la terre ait été d’abord un fluide
chargé, comme nous l’avons d it, Sc que
par les loix du mouvement , elle foit
devenue folide avec le tems , 8c que tout
fe foit arrangé comme il eft , ou que
Dieu l’ait créée tout d’un coup en-l’état où
les loix du mouvement l’auroient amenée,
c ’eft la même chofe fuiyant l’ingénieule
réflexion de Defcartes.
Des parties d’animaux terreftres ou
marins, des branches d’arbres, des feuilles
trouvées dans des lits de pierres même
allez profonds confirment ce fÿftême de
la fluidité de la terre. Car , fanscetêtat, les
corps dent on a parlé n’auroient pu
être renfermés comme ils lé font dans
des corps folides; mais il eft vrai aufli,
qu il faut fuppofer une fécondé formation
des lits ou couches beaucoup moins
ancienne que la première, du tems de
laquelle la terre n’avoit encore ni plantes,
ru animaux. Sténo-h établit plufiegrs formations
fécondaires , caufées en. différens
tems par plufieuis inondations extraordinaires
, par des tïemblemens de terre , &c.
Burnet, Woo.dward & Scheuchzer aiment
Géographie-Phjfique. Tomt I .
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mieux attribuer au déluge' une fécondé
formation générale, qui n’exclut cependant
pas les particulières de Stenon.
Mais les montagnes fembleitt renverfer
le fy-ftême de la fluidité ; elles n’auroient
jamais pu exifter p-uifque tout ce qui eft
liquide fe met de niveau. Cependant ce
fyllémeeft fi.vraifemblable en lui-même,
6c il fe foutient fi bien dans la plus grande
partie du globe terreitre , qu’il mérite
qu’on faflb quelques efforts pour le c enferrer
; c’ell pour cela que Scheuchzer
adopte, la penfée de ceux qui o-nt cru
qu’après le déluge univerfel, Dieu voulant
.faire rentrer les eaux dans des réfervoirs
fou-terrains, avoit brifë 8c déplacé de fi
main toute-puiffante un grand nombre de
lit s , auparavant horifontaux, 8c les avoit
élevés fur le-globe. Toute la diiTertation
de Scheuchzer a été faite pour appuyée
cette idée & cette fuppofition.
Comme il falloit que ces hauteurs ou
éminences fuffent d’une confiftance folide,
S cheuchzer remarque que Dieu ne les établit
que dans les contrées où il y avoit
beaucoup de lits de 'pierres. De-ià vient
que les pays où il y en a une grande
quantité, comme on le voit en Suiffe, font
fort montagneux, & qu’au contraire ceux
q u i, comme k Flandre, la Hongrie &
la Pologne , n’offrent que du fable 8c de
l ’argile, même à une affez grande profondeur,
font prefque’entièrement fans montagnes.
Il a été impoffible que les lits
rompus , déplacés 6c élevés foient demeurés
horifontaux ; aufli n’en trouve-t-on
jamais dans les montagnes qui aient cette
direâion : mais ce qui eft un relie de
celle qu’ils avoient autrefois, ils font
encore parallèles entre eux, & c’eft en effet,
fuppofé le déplacement , tout ce qu’ils en
ont pu conferyer.
Scheuchzef a fuivi leurs différente*
directions dans toute une chaîne de montagnes
de trois lieues, fur les bords du-
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