
ïnée dé ces matériaux venus des montagnes
primitives & furtout de cailloux
roulés.
C’eft donc à la fuite de cescirconf-
tances que quelques-unes de ces collines*
renferment plufieurs couches de gravier,
dont les parties font liées enfemble par
un ciment «ompofc de terre, de fubf-
tanee féléniteufe & d’un gluten pierreux
d’une confiftance très-forte. I l y en a
où le gravier de différentes grofièurs fe,
trouve diyifé par couches ou dans l’état >
de poudingue ou fous forme pulvérulente.
& friable. On voit même au milieu,de'
ces couches de gravier, de gros cailloux
arrondis, à la furface defquels font des
trous de dails ; ce qui prouve que ces
cailloux ont été roulés d’abord par les
flots de la mer, puis après envafés de
manière que les coquillages marins ont
pu s’y établir pendant quelque tems.
D ’iin autre côté , il y a des collines
formées de dépôts loumarins dont, les
principaux matériaux font les dépouilles
des animaux marins, tels que les coquillages
, les polypiers , les plantes marines,
lefquels ne paroiffent pas s ’être
éloignés à une grande diftance des bords
de l’ancienne mer en Tofcane.
Pour avoir une idée plus générale
des matériaux qü’on trouve dans les
couches des collines de Tofcane , nous
allons donner ici en détail ce qui conf-
titue un efcarpement confîdérable de ces'
couchés. La colline de Çapraia efl par
fa partie méridionale, tellement fôngée p'ar
l’Arno , qu’il s’y eft formé un elcarpe-
ment perpendiculaire d’environ 60 brades
florentines. Cette coupure met à découvert
trois principales couches horifonta-
les. La plus élevée eft de tu fo , c ’eft à-
dire de fable mêlé de terre fembiable
à celle qu’on rencontre dans certains
attériflemens des fleuves, tant pour la
couleur que pour d’autres circonftances ;
elle a onze braffes d’épaiffeur j la fécondé
couche a environ vingt-deux braffes dPë-
paiffeur : : dans la partie 'fufréneùreq il y
a de l’argille bleue : dans la partie inférieure
, on y voit du tufo au milieu
duquel eft difperfée une grande quantité
de gravier d’une groffeur moyenne &
fembiable à celui des fleuves. La troi-
fième couche à 37 braffes d’épaiffeur , &
eft compofée entièrement de tufo .qui
fe trouve mêlé avec du gravier, fluvial ;
ellé fe termine au lit de l’A 1'110 qui la
ronge.
Targioni a fait deux claffes de collines,
celles de , tu fo & celles d'argille ; auflï en
a t-il, décrit avec foin les couches,en
notant tous les phénomènes qui peuvent
intéreffer les naturaliftes.
Les collines de tufo fe détruifent en
un temps donné , beaucoup moins que
celles d’argille, parce qüe les maiïifs de
tufo étant plus durs que ceux d’argille ,
l’eau ne les détrempe pas aufli facilement,
& n’en entraine pas laplus grande portion ,
mais feulement les couches fuperlïciellei
réduites en pouffièrepar l’aâion de l ’air; car
elle ne pénétré pas dans les autres bancs.
Les traâus de collines compofées d’argille
, paroiffent au premier çoup-d’oeil un
vafle lac de cendres, tant ils font privés
d’habl.ations & de culture.
L ’argille différé du tufo, non feulement
par la couleur, par lacompofition des couches
& par le grain, mais encore parce
qu’elle s’imbibe plus facilement par les eaux
p luviales & torrentielles. Les couches d’ailleurs
de ces maflïfs ont reçuiun plus léger
fiégré de pétrification. Car comme ils font
compofés de parties élémentaires plus fines
& plus farineufes que celles de tufo , elles
s’agglutinent entr’elles par. une force at-
rraflive très-marquée, & dans cet état elles
ne fe laiffent pas pénétrer par le chevelu
des plantes , ni par l’eau qui feroit nécef-
fafre à leur entretien. C’eft pourquoi fui
les terreins à couches d’argille, on voit
très peu de plantes fpontanées, ou bien
elles y font foibles.
Les grains qu’on y feme produisent
cependant quelques récoltes dans ,les lieux
où cette efpèce de terre a été labourée &
ameublie par des mélanges. Le foible lien
-de la pétrification eft facilement détruit
par l’adion de l’air, & alors les eaux pluviales
par ‘leur Chute , entraînent les
parties fuperficielies de ce terrein léger,
& les portent dans les rivières. La diminution
des collines d’argille occafionnée
par les eaux de pluie ,'eft lenfiblement plus
grande dans le même temps que l’abaif-
fement des collines' de tufo.
Les ravines ou vallons creufés au milieu
des maflifs d’argille par les eaux courantes
ou pluviales , n’ont point de bords efearpés
à pic , comme le font ceux des ravines
creufées au milieu des collines de tufo ,
excepté cependant dans lès lieux où les
rivières rongent'la bàfe de ces collines,
& font tomber de grands blocs d’argille.
On rencpritrebéaucoup plus de coquilles
marines. foflîles dans l’argille, que dans le
tufo : on en trouve fouvent même dans
l ’argille des bancs immenfes qui rendent
le foi entièrement ftérile , fur-tout dans les
endroits où l’eau pluviale ayant emporté
la terre n’a plus laiffé que des coquilles
foffiles.
L ’eau des fontaines & des puits dans
\e.s traSus d’argille , n’eft généralement pas
bonne , parce qu’elle eft chargée de principes
terreux; aufli trouve-t-on peu de
villages, & d’habitations fur ces collines,
parce qu’on ne peut y établir de.maifons,
faute de pouvoir y affeoir des fondemens
Tolides, & que d’ailleurs le terrein ne produit
point .dp pâturages pour les animaux ,
ni de bois pour les ufages domeftiques.
Cétte efpèce de terre au refte eft très
bonne pour les briqueteries & les pote-
«es , & celle qui eft la plus fine & fans
aucun mélange de végétaux ou de tefta-
cées, fert aux fculpteurs pour modeler.
Vqye%_ les paragraphes fuivants.
Les parties de la Tofcane qui font
occupées par des collines , font à droite
de l’Arno , celles de la Nievole, & d’une
grande partie de la vallée du Serchio où eft
Lucques. A la gauche de l’Arno ,• une
grande partie de -la vallée de la Pé fa,
p-refque toutes celles de. tElfa , de l'Era ,
de la Cécina Sc de la Fine en offrent de
grandes fuites.
Dans l’Etat de Sienne, il y a des collines
immenfes comme celles- du val de Marfa. ,
& du val à’ Ombrone. Depuis Montelupo,
jufqu’aux Alpes , C’eft-à-dire dans la T o f cane
fupérieure, il y? a une grande quantité
de baflîns à collines ; mais particulièrement
toute la vallée fupérieure de TA rn o ", 8c
celle de la Chiana en offrent de grands
tradus.
Le petit tradus de collines qui eft au
midi de Morrona, & au bas d’une vafte
chaîne de montagnes qui commence à
Cafciana, & s’étend jufqu’à Caftellina,
eft compofé pour la plus grande partie
d’argile, & fait le commencement de la
vallée de la Cafiina , fleuve qui a fa fource
un mille environ au-deffus de Morrona
près de Chianni. Cet amas" d’argile eft pofé
fur les flancs des montagnes qui forment
cette chaîne de manière que là où fe termine
le dernier lit d’argile, lequel paroît
à l’oeil décrire une ligne droite , on commence
à voir les filons de la montagne,
& depuis mette ligne, on obferve un fol
d’une nature 8c d’une forme toute différente.
Quelques torrens, qui en fe précipitant
des montagnes ont rongé l’argile ,
font voir encore que cette argile eft un
terrein adventice formé de couches , dé-
pofé fur les flancs des montagnes J & fous
lequel une grande partie de la bâfe des
montagnes eft enfevelie. La même dif-
polidon s ’obferye dans lés collines du