
pluie fondée fur une loi générale de la
condenlation de la vapeur aqueufe contenue
dans l’air , Hutton fe propofe dans
cette fécondé partie d’en faire l’application
aux phénomènes connus & analylcs
par les obfervations météorologiques ; &
de renfermer également dans cette explication,
les faits dont le dénoûment n’a
pas jufqu’à préfent été donné par les phy-
liciens , & ceux qui frappent par leur
évidence & la lîaifoh qu’ils ont avec les
principes dé la'théorie développés précédemment.
■
D’abord il eft nécelfaire de mettre
beaucoup d’ordre dans la variété des faits
que les obfervations particulières pourront
préfenter , & de tirer des conlequences
générales de tous les phénomènes qui
feront comparés avec la théorie, d’où l’on
déduira facilement des principes phyfîques
très-lumineux.
i°. On peut demander qu’on affîgne
les. caufes en conlequence defquelles fur
toute la furface de la terre prife en général
, il y a toujours dés làifons de pluie ,
foit régulières , foit irrégulières. Cette'
détermination fe rapportera effentiellement
à la généralité de la pluie.
2e. On confidérera les pluies périodiques
régulières qui régnent dans' certaines
Contrées, avec les circonflances qui les
Accompagnent , comme pouvant fervir
d’épreuve à la théorie, ou lui donner un
nouveau jour. Dans cette difcuflion, on
envifagera feulement ici la régularité de la
pluie & non fa généralité.
3°. On examinera les exceptions apparentes
à la doârine fondée fur la théorie,
ou bien les apparences d’irrégularité dans
la nature, lelquelles ne fortent pas de la
théorie., qui peuvent y être foumifes , &
enfin , qu’on pourrott expliquer fi l’on
connoiflbit les circonflances particulières
des faits. Ici la difcuflion roulera fur l’exception
apparente à la généralité de la
pluie,
q.°. On confidérera les quantités proportionnelles
de pluie qui tombent dans
| les différentes contrées de la terre, afin
non-feulement d’éclairer la théorie , mais
encore d’expliquer les faits. Ce fera le
cas de comparer les climats relativement à
la pluie.
y0. Enfin , après avoir confîdérë les
phénomènes que nous préfente le -globe
en général, autant que nos connoiflances
imparfaites nous le permettent, il fera
fort utile de fuivre l’examen d’une‘contrée
particulière très-connue, relativement
aux différens phénomènes de la pluie. Ici
l’objet de l’examen de Hutton fe portera
fur les obfervations météorologiques du
climat d’Angleterre, dans la vue de confirmer
la théorie & de former des règles
générales qui puiffent avoir des applications
utiles. . -
r ° . De la généralité de la pluie.
Suppolons que la furface de la terre
foit couverte d’eau en entier , & que le
foleil foit flationnaire & vertical eonf-
tamment fur un même lieu. Dans ce cas,
fuivant les loix de la chaleur & de la ra-
réfâétion, il fe formeroit une circulation
dans l’atmofphère , qui auroit lièu de
l’hémifphère froid , & plongé dans l’obf-
curité vers la partie échauffée & éclairée,
& qui auroit un retour enfuite par-deffus
la partie échauffée vers les lieux où règne
le plus grand froid.
Comme il exifteroit une caufe de froid
confiante pour l’atmofphère de la terre ,
ce fluide ne parviendroit qu’à un certain
degré de chaleur, & ce degré diminuqpoit
régulièrement depuis le centre de la partie
éclairée & échauffée par le foleil, julqu’au
point oppofé & le plus éloigné de la lumière
& de la chaleur. Entre ces deux
régions de chaud & de froid extrêmes,
on éprouveroit dans chaque lieu deux
couransd’air dans des direâions oppofées.
Maintenant fi l’on fuppofe ces deux courons
fuflifamment faturés d’humidité, comme
ils font de températures différentes, il
s’y formera une condenfation coritinuelle
de vapeur aqueulè dans les.régions moyennes
de l’atmofphère , à la fuite de la com-
binaifon des différentes parties de ces cou-
I rans oppofés.
D’après ces confidérations, on peut
croire que dans cette hypothèfe il fe formera,
fur la furface du globe, trois régions
différentes, la torride , la tempérée
&la froide : ces. trois régions auront des
limites confiantes& les opérations de
la nature, une marche continuelle. Dans
la région torride, il n’y aura que chaleur
& évaporation , & il ne s’y formera aucun
nuage , parce que l’eau ccndenfée
fera évaporée de nouveau par la chaleur.
Mais cette puiffance du foleil aura un
[terme, & c’efl à Ce terme que commencera
la région de la chaleur tempérée &
de la pluie continuelle ; il n’eft pas pro-
[bable qiie cette région tempérée s’étende
[fort au delà de la région éclairée ; au lieu
| que dans l’hémifphère obfcur, on trouvera
[une région d’un froid extrême & d’une
[parfaite fécherefle.
| Suppofons maintenant que la terre
| tourne fur fon axe dans la fituation équi-
[noxiale , la région torride fera ainfî chan-
Igée en une tzône dans' laq-.-ile il fera
[fucceflivement nuit & jour ; conféquem-
Ireent, la chaleur qui y régnera, comparée
lavée celle de la région torride que nous
| Venons de confidérer, fera fort tempérée ,
I & il s’y formera périodiquement une con-
[denfation & une évaporation d’humidité
I correfpondantes aux làifons de la nuit &
I du jour. Comme unetempérature moyenne
Iferoit introduite ainfî dans l’extrémité ‘
Itorride , l’effet de ce changement feroit j
Ifenti de même partout le globe , d^nt
chaque partie feroit alors éclairée & par
conféquent échauffée à un certain degré.
Nous aurions dans cette nouvelle dilpo-
fition une ligne de grande chaleur &
d’évaporation abondante , qui fe termi-
neroit par degrés de chaque côté à une
ligne de congélation & de grand froid.
Entre ces deux extrêmes de froid & de
chaud , on troùve'roit dans chaque hémif-
pbère une région très-tempérée relativement
à la 'chaleur , : dont l’atmofphère
feroit fort chargée d’humidité , & feroit
fujette à la pluie en conféquence d’une
condenfation continuelle.
Il eft clair que la fuppofition que nous
venons de difeuter feroit très-peu propre à
faire de ce globe un monde habitable dans
toutes fes parties. Mais après avoir vu
l’effet de la nuit & du jour , fqui fe fuc-
cèdent pour tempérer la chaleur. & le
froid extrême dans tous les lieux, nous
nous trouvons préparés aux effets d’une
autre difpofition , c’efl-à-dire , de celle
où le globe a un mouvement de rotation
atitour du foleil, avec-une certaine incli-
naifon de fon axe. Par ce moyen , le globe
inhabitable fe trouvera partagé en deux hé-
mifphères, dont chacun fera pourvu d’une
faifon d’été & d’une faifon d’hiver. Mais ,
nous devons nous borner maintenant à
confidérer l’évaporation & la condenfation
de l’humidité. Et avec ce nouveau moyen
des faifons j il eft clair qu’il doit y avoir
une caufe fort puiflante pour opérer ces
deuà effets alternatifs dans tous les lieux.
Car, puifque le lieu où le foleil eft vertical
eft mu fucceflivement d’un tropique
à l’autre, la chaleur & le froid, caufes
premières de l’évaporation & de la condenfation
, doivent avoir lieu fur toute la
furface du globe, y produire ou des faifons
annuelles de pluie ou des fai fon s
diurnes de condenfation 8c d’évapora-
j tion, ou bien ces deux faifons plus oii
j moins, c’eft-à-dire, à certains degrés.
j La caufe primitive du mouvement de