
» montagnes primitives à couches incli-
» nées. «
C ’eft à la fuite de cette même confîdé-
ration fur les déplacemens des bancs qu’il
a cru voir un grand nombre d’iflues libres
aux eaux, & la plus grande facilité dans leur
circulation intérieure^ Cependant il eft vi-
fible que les mêmes phénomènes s’obfervent
à peu près dans les contrées ôû les lits &
les bancs Ont conlèrvé leur pofition. hori-
fôntalê primitive : de forte qu’on peut
alfurer que tout'ce qui tient à la nature
aies eaux qui circulent dans le fein. des
montagnes*, ainfî qu’à l ’abondance des
fources , ne dépend en aucune manière
de Tinclinaifon des couches.
Sténon donne dans ce paragraphe ainfî
que dans le'VTLL des apper'çus fur la for
mation des montagnes , qui me paroiffent
bien contràireseà ce que les obférvations
lui auraient montré s’il eût fçü fuivre la
. marche de la nature dans ces Opérations :
ces apperçus nous indiquent des moyens
très compliqués & très incomplets. A in fî,
par exemple , il forme les croupes des
montagnes à la fuite des affaiffemens' produits
par les excavations des eaux fouter-
raiiies. N’étoit-ilpas plus naturel de faire
creufer les vallées , & enfuite de détacher
les montagnes au moyen des eaux courantes
fuperfîcielies , dont le travail continue,
à s’exécuter fous nos yeux, & a dû donner
aux croupes des vallées les formes qu’elles,
nouspréfentent, & qui prouvent en-mêmff
tems que ce travail s’ëft fait par des progrès
irifenfiblés? J’avoue cependant que les excavations
des eaux fouterraines, & les affailfemens
qui en font la fuite-, ont eu lieu dans
certaines parties de la 1 terre où il y a des
vallons fermés. Stenon en a reconnu
plufieurs en Tofcane ; mais c’eft fans aucun
fondement qu’il prétend généralifer cette-'
mafche des eaux pluviales & leurs-effets
dans l’ap.profondilîëment des vallées & la
formation des chaînes de montagnes. Il s’en
faut bien que ces opérations locales & p eu
étendues foient comparables à l’excavation-
des grandes vallées ciëüféesparles eaux courantes
des rivières & des fleuves , qui
par-tout fe font formés des canaux pro-
portioriés à la maflè d’ eau qui y a un. mouvement
continuel & non interrompu , mais
fujet à toutes les variations qu’y produifent
les grandes fecherelfes &les pluies longues
& abondantes. !
D e s corps organifés fojjiles.
Dans les paragraphes X. .XI. & XII.
Sténon traite d’une manière fort claire &
fort lumineuiê des coquilles foliiles & des
autres dépouilles des animaux marins &
terreftres qu’on tire du fein de la terre :
puis il fuit la' même méthode dans çè qui
concerne les plantes & les végétaux que la
terre renferme, 'I l infille beaucoup fur
l’exiflence primitive de ces corps organifés,
& expofe toutes les raifbns les plus foliées
& les plus- propres à détruire entièrement
la prétention de certains écrivains de fon
temps, qui ne c'onfidéraiit que les gîtes
aftueis de cescorps avoient douté,de-leur
produflipn première. Outre cela , il nous
fait connoître très méthodiquement les
différens états où fe rencontrent ces corps
dans les lits delà terre, & avec les différentes
circonftances qui ont pu influer fui
ces états.
Suite des changeniens arrivés dans le fo l dt
la Tofcane„
Nous paffons maintenant au paragraphe
-le plus important de toute la préface,
quoique ce qui précédé y conduife. Il y
cft queftion des changemens arrivés dans
le fol de la Tofcane, ou plutôt des diffe-
■ rens états par lefqueis Sténon croit que
,1a portion du refrain de l’Italie comprime
: entre i’A rn o& le Tibre , à partir depuis
le fommet de l’Appennin jufqu’â la mer ,
a paffé fucceffivement. Sténon commence
parfuppofer i ° . deux grandes inondation®
de ■ mer qui ont couvert la Tofcane.
2°. deux retraites des eaux delà mer qui
ont biffé à découvert les dépôts foumarins
qui s’y font forméspendant fes deux féjours,.
& dont la furface étoit fort unie : y 0. Enfin
deux intervalles de temps pendant lefqueis
les parties; abandonnées par la mer ont
été fillonnées de vallées par l’aétion des
eaux courantes. Je dois remarquer que
dans-l’examen des deux derniers états où
il eft queftion des inégalités de la furface
delà terre,-Sténpli a cru devoir introduire
fes principes,fur la formation dès
montagnes,. Comme nous les avons dif-
cutés à l’apticle du V ile paragraphe, nous
ne rappellerons pas ici en quoi pèche prin-
cipalement ce fy ftème fur la formation des
vallons & des inégalités de la furface de
laterre.
Je n’entrerai pas d’ailleurs dans un plus
grand détail fur chacun de ces fix états par
lefqueis il paroît effeâivement que lé fol
de la Tofcane a paffé depuis l’origine des
cnofes , d’autant plus,que,je me propofe
d’expofer la fuite des principaux événeme.ns
dont les veftiges fe préfentent de toutes
parts le long de l’Appennin, en donnant
une explication raifonnée des planches de
l’Atlas, où ces états fucceflîfs font rèpré-
fentés par autant de coupes différentes.
L ’expofition au relie de tout le fyftème
-d’époques & de leur fucceffion, tel qu’il fe
trouve dans l ’ouvrage de Sténon , dont j e
donne ici lafubftànce , en nous offrant des
ordres de faits précieux , doit nous donner
en même tems un idée de l’efprit d’ana-
lyfe qui avoit dirigé les obférvations &
les recherches de ce naturalifte fur l’état
phyfique.de la Tofcane. Je dois dire d’ailleurs
que cette contrée préfente , dans un
rapprochement très frappant, & très inf-
truclif, tous, les monuments des fix états
que Sténon y a diftiligués. Il eft vrai que
cet auteur montre un certain embarras lorf-
qu’il eft queftion de nous faire connoître
les différens''agens que la nature a mis en
jeu , pour opérer d’abord les deux inondations
de l’Océan, ainfî que fes. deux
retraites, qu’il fuppofe , pour rendre raifon
de tous les phénomènes que ce fol intéref-
fant préfente aux obfervateurs en état de
les apprécier. Peut-être auroit-il mieux
fait d’admettre ces événemens , comme
des faits dont il ne fe hafardoit pas d’établir
les caules. Au relie Sténon a recours à des
moyens que d’autres naturaliftes ,foit de fon
temps foit du nôtre , ont. fait valoir avec
beaucoup plus de confiance qu’il ne paroît
y en avoir mis.
On pourrait encore montrer de grandes
vérités à la fuite de celles-ci, & que nous
devrons au fol. de la Tofcane , elles, ne
m’ont point échappé au milieu des courfes
que j’ai faites en iy ô y dans cette contrée
intéreffante. Mais je me réferye d’en donner
le développement, foit dans des .articles
-particuliers-du diétionmire, foit à l’article
de Targiôni difciple de Stenon , & qui a
1 fçu retrouver par fes propres obférvations
tout ce quéles circonflances Ont fait perdre
à fon maître. Je finis par remarquer
qu’on trouve dans cette préface d’un
ouvrage égaré , & dont jedonne ici lafubf-
tance, la preuve que Sténon étoit l’un
des hommes de fon lîëcle qui cormoiffoit
le mieux la méthode d’étudier la nature, &
qui joignoit le plus heureufement les vues
fyftématiques au talent de faifir les détails.
J’ajoute dans le dernier paragraphe
l’extrait d’un mémoire dans lequel Sténon
toujours occupé des mêmes objets , &
d’après les mêmes principes, s’étoit attaché
à montrer que les gfoffbp.etres éto-ient des
dents de chien de mer, & qu’elles avoient
appartenu à ces efpèces d’animaux, avant
d’être cnfevelies dans les couches de la
terre. Comme cette,. vérité étoit encore
fort douteufe de, fon temps , il prend tous
les moyens de convaincre ceux qui oppo-
foient. encore des doutes aux affertions des
■ obfervateurs qui avoient fuivi à ce fujet la
méthode & le bon efprit de Palilîy. (F o je^