commode des differentes contrées de la
terre, eft celte qui fe feroit en comprenant
dans chaque partie les divers baffins
des principaux fleuves ou rivic-r'es qui fe
déchargent dans la mer , foit que leur
cours eût beaucoup ou peu d’étendue.
Tous les cantons de la furface de la
terre confidérée fous ce point ^ de
vue, feront compris dans une portion
de baffin quelconque, parce qu’il n’y,a
aucune partie qui ne verfe les eaux qu’elle
reçoit de la pluie dans quelque ruilfeau
ou dans quelque rivière. Par conféquent,
à la fuite de cette divifion , toutes les;
parties, de la furface de la terre fe trouveront
comprifes dans cette diftributionj
par badins. La principale raifon qui^doit
ietter une grande faveur fur ce plan de
divifion , c’eft que les vallées ont été
non-feulement creufées & approfondies!
par les eaux des ruiffeaux, des rivières &.
des fleuves , mais encore altérées par ce|
même agent. On doit comprendre fousj
le nom de rivières , les torrens mêmes qui
dans certains tems de l’année font à fec,
pourvu qu’ils aient des eaux courantesi
dans le tems des pluies.
La confidération d’une grande vallée!
& de tous les objets qu’elle peut offrir ,
elt très-propre à nous dévoiler plufieürsj
vérités phyliques & relatives non-feule-l
ment à t’hiftoire naturelle, mais encore à
la météorologie, à l’hydrologie & à l’agri-
Gulture. Je vais en expofer le détail.
J’y trouve d’abord la nature des maffes
«nontueufes qui forment l’enceinte des
grands baffins & tous les phénomènes qui
en dépendent. Telles font les diflributions
des matières qui les compofent, leurs
allures, leurs diftinftions. Après avoir
obfervé la forme & l’étendue des matériaux
des collines qui occupent le centre
des baffins , il efl aifé de reconnoître
l’origine & les emplacements primitifs de
ces matériaux tranfportés. Il
Il fe préfente enfuite lé fond de la yallée
p'rincipale & l’examen de ce qui conf-
titue les plaines qui bordent les lits des
rivières depuis les parties fupérieures de
la vallée, jufqu’à celles qui font voilines
de leurs embouchures dans la mer.
On comprend enfuite dans le même
examen les vallées latérales où coulent les
ruiffeaux & les rivières fecondaires qui fe
jettent dans la principale. Cette étude
nous donne lieu de reconnoître l’origine
& l’abondance des eaiix qui circulent'dans
toutes les parties du baffin , & les différens
ufages qu’on en fait pour les ulines , pour
les arrofemens & les blanchiffages,- &c.
J’ajoute à ceci les différens niveaux des
eaux intérieures déterminés par celui des
fources & la hauteur de l’eau dans les puits
fuivant les faifons; enfin leurs différentes
: qualités.
Je crois devoir indiquer auffi les poif-
fons qui vivent dans les eaux douces du
baffin & ceux qui remontent de la mer.
Une _ des obfervations les plus utiles
qu’on puiffe faire , eft celle de la nature du
fol des différentes croupes de montagnes
qui circonfcrivent les vallées, de leur expo-
fîtion, & de l’emploi que les cultivateurs
en font & peuvent en faire, fuivant la chaleur
moyenne qui régné dans la vallée ou
dans telle ou telle portion de la vallée.
Dans la première partie, Targioni avoit
projetté de décrire les baffins des fleuves
qui ont leurs embouchures dans la mer de
Tofcane , & qui font diftribpés .fur le
.revers occidental de l’Apennin. J’y trouve
d’abord la vallée de la Magra , enfuite
viennent celles du fleuve Parmignola,
de la VerfiiiaI du Serchio avec Tes rivières
aftïuentes , de l’Arno , de la Fine, de la
Cécina, de la Cornia, de la Pécora,
de la Bruna , de l’Ombrone de Maremine,
de l’Ofa , de l’Albégna-, de la Pefcia , de
la Fiera, de la Marta , du Mignone ,
l’Arone & du Tibre ; en tout dix-huit val-
T O U
lées principales; ce qui annonce une
grande quantité d’eaux courantes fur ce
revers occidental de l’Apennin, fans y
comprendre les fubdivifions qui font fort
nombreufes. Ainfi, par exemple, le baffin'du
Serchio comprend outre ce tronc
principal neuf rivières latérales & fecondaires
allez remarquables : de même l’Arno
réunit les eaux de foixante-fept rivières
plus ou moins oonlrdérables qui ont des
vallées particulières diftribuées fur différens
plans depuis la Chiana, jufqu’aux eaux des
enviions de Pife , & dont la plupart tra-
yerfent les traflus de collines’ qui appar-
“ tiennent à la Tofcane fupérieure.
Si nous comparions plufieurs grandes
rivières de France, nous y trouverions
beaucoup plus de ruiffeaux & de rivières
fecondaires , parce que ces grands troncs
parcourent une étendue de terrein plus
conlîdérable depuis leurs fources jufqu’à
la mer, que ces fleuves de la Tofcane.
TOURNEFORT.
Confédérations fur It débordement du Pont-
Euxin par le bofphore de Tkrace.
Cet habile obfervateur donne dans le
plus grand détail la defcription du canal
delà mer Noire. D’abord il nous indique
fes dimenfîons , tant celles prifes fur (a
longueur , que celles de fa largeur. De-là
il paffe aux différens mouvemens des
eaux & aux degrés de vîteffe qu’elles ont,
& qui paroiffent dépendre de l’ouverture
du canal qui leur fert de débouché.
A toutes ces modifications dans la mar-
ehe des eaux , Tournefort ajoute la note
des courans fupérieurs & inférieurs auxquels
certaines parties de la maffe totale
font aftujetties, fuivant certaines circonf-
tances qu’il difcute avec foin.
En confîdérant le Bofphore comme
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fervant de débouché au trop-plein de la
mer Noire & le verfant dans la mer de
Marmara , Tournefort eft étonné du vo-
lumepeu confidé râble que le canal débite.
Comme il ne fait pas attention à l’évaporation
qu’éprouve la maffe des eaux contenues
dans le baffin de la mer Noire, il eft
tenté, pour fuppléer à la dépenfe du canal,
de fuppofer que cette mer fe vide par des
iffues fouterraines ou par une imbibition
qui s’étend fort loin dans les terres; mais
il eft vilibie que ces moyens , outre qu’ils
font inutiles , font des reffources très-ha-
fardées.
Maintenant, puifqu’avec le fecours du
canal de décharge, Tournefort ainfi que
quelques autres écrivains, font embarrafles
pour concevoir comment la mer Noire
qui reçoit les eaux d’un fi grand nombre
de fleuves, peut être renfermée dans fon
baffin aâuel fans déborder , comment ont-
ils pu imaginer que cette mer ait été réduite
dans les premiers temps à l’état de
.véritable lac totalement fermé , & que cet
état ait fubfîfté long-temps fans qu’elle ait
éprouvé d’ailleurs de grands déborde-
■ mens ï \
Cependant ce n’eft pas la feule difficulté
que je. trouve dans cette fuppofition de
l’état de lac ; j’en vois bien davantage dans
l’ouverture des différentes parties du canal,
en fuppofant qu’il ait été un temps où
toute la maffe des terres ait rempli le
vide qu’il occupe maintenant ; & que fur-
tout les rochers qui fe »'.uvent entamés
& efcarp.és dent formé autrefois une digue
folide & continue. Je ne puis croire à
cette marche de la nature; je fuis porté
au contraire à penfer que ce canal a été
ouvert de tout temps , & qu’il s’eft appro-
: fondi par les progrès du travail des mêmes
caufes qui ont creufé les canaux des fleuves’
qui fe déchargent dans la mer Noire, &
qui ont aggrandi fon baffin : enforte qu’en
particulier le bofphore a été. excavé comme
toutes nos vallées par les eaux courantes,
qui ont commencé à la furface de la terre