
2 pieds au-deffus du jufant moy'en, auroit
donc été du temps de Tacite (qui écrivoit
pendant la vie de Titus , il y a environ
id yo ans. ) 33 pieds plus haute qu’au jour-
d’hui, 8c par conféqucnt 33 pieds au-deffus
du j niant moyen : dé forte qu’on n’aurbit pas
pû dire alors , que l’ifle -des Bataves étoit.
balle & marécageufe. Qu’on prolonge
même autant que l’on voudra fen étendue,
fur quoi je ne m’arrêterai pas ici ; quoique
vrailémbiablement eile ait été comprit
entre le Rhin & le V/allai (qui eft ünebran
che du Riim), ainfi qu’onpoun-oit le prouver
par Çéfar, Pline, Tacite. & plufieurs;
autres écrivains. De plus , Eumene ( 1 )
allure que vers l’an 2p6 , la . Hollande
n’étoit pas une terre ferme, étant il imbibée
d’eau, qu’elle, fembloit fléchir' fous les
pieds , & les couvrent d’eau quand o n . y
marchóit., non-feulement dans les endroits
où cepays étoit probablement marécageux;
mais même là où i l femble avoir été un-
terrein fermé.-Cependant, Clivant lé fentï-
ment de Çruquius, ce pays auroit dû être
alors au moins 29 piedsplus élevé aurdefîus
de la nier qu’il n e l ’eft aujourd’hui.
§ . 20.
Je iaH .bien que quelques écrivains
prétendent qu’une grande partie de la
Hollande^ à été formée, par la 'vafe des
rivières , & qu’ils cherchent à prouver la
vérité de ce fentimeïi t', par le grand nombre ’
d^rbrèsqu’on trouve en quelques endroits
à 6 , 7 , & 8 pieds , & même davantage
fous terre , mais il faut bien-pblerver que
tous les corps quoh. trouve à une certaine
profondeur Tous terre , ne font pas une
prebve que le , terrein ait été élevé dans
ces endroits par la vafe'desrivières.. J’ai dit
. d'après un écrit de Çruquius, qu’en fouillantpour
faire des puits ou d’autres ouvrages
en a trouvé à une grande profondeur-
fous terre des chauffées, des pavés & des
/ j ) Jq pane^yrice Conltanriôf-ifaii diélcjcap. 8.
fondements, à Dordrecht & à Egriiond-
fur-mer. Pourra-t-on en ^conclure avec
quelque vraifemblance que le terrein dans
la ville de.Dordrecht ait été élevé aune telle
hauteur par la-vafe des rivières '!
Il eil certain du moins que les rivières d®
Provinces-Uniesontété entouréesdebonne-
heure de digues, quoique ces digues aient
été détruites par la fuite de vétufié.
Plulieurs.'écrivains célèbres ont raflem-
blé un grand nombre de faits qui prouvent
qu’en.différents temps les Romains ont en->
touré lés rivières de la Ho fluide de digues ,
& ont , par ce moyen , .préfrnré ce pays
des ^inondations ; il -eil donc indubitable
que l’élévation du letrein paj* la vafe des
rivières n’a pas pu avoir lieu ou du,moins
très-peu, depuis que les rivières ont été entourées
de digues. On ne peut cependant ; as
rtifer que ce pays, ainfi que d’autres , fi aient
fubi de. grands changements^ peut-être
avant le temps des romains 'par .de grandes
inondations. Mais ofera-t-on dire aujour-.
d’hui que les terres, qui dans les temps ont
étéformées parla vafe & le fable des rivières
& de la mer, s’afïàiffent encore-, tandis
que cet affaiffeihent lie feroit que la con-
folidation des terres élevées ou formées
par la vafe ?
§. a i.
Si l’on réfléchit depuis combien de temps
011 fe plaint en Hollande du défaut d évacuation
, Se femiment de çeux.quïpenferit que
chaque Cède , la nier s’élève de deux pieds
relativement à la terre, rencontrer aune nouvelle
difficulté quoiqu'elle doive déjà être
invalidée , li je ne me trompe, pas ce que
nous avons dit. Il paroiryar les regiftres
de la ville de Leyde, qui ont été communiqués
par le célébré Hjftoiieri Jean Mitais,
qu’ en 1304.011 perdait déjà à faire unenop-
j velle évacuation des eaux près deKatwick;
depuis on s’eft beaucoup plaint en IJ37 ,
| i j 66 & 1J70 défaut d'évacuation.
Cependant même en 1 3 3 7 , la te r r e ,!
relativement à ia mer, a dû être au moins de j
quatre pieds plus élevée qu’elle ne l’eff au- j
jOurd’hui, fî le lèntiment de Çruquius pou-}
voit prévaloir; de forte que i’eyacuation
aluoit été très-facile.
Je pourrois encore citer d’autres preuves
prifes des fréquentes inondations auxquelles
ce pays étoit anciennement expofé, mais
qui étoient alors principalement occafton-
nées par les hautes marées. Tandis qu’au-
jo u ft’hui on eft à la vérité fotîvent menacé
d’inondations par kThautes eaux fupérieu-
res : mais on n’a plus à craindre les hautes
marées 8c les fubraerCons qu’elles occafion-
ne-nt : " ï ‘jue j’efpère pouvoir prouver
un jour par un grand nombre de faits
tirés des annales. Il fuffit de dire ici que
il Jajner du iiord s’étoit véritablement élé--.
vée autant que quelques écrivains le prétendent
, il eft probable qu’on .éprouveroit
aujourd’hui fur les côtes de la Hollande
bien' plus de hautes marées & d’inondations
qui en font la fuite.
§.22.
Je n’ignore pas que depuis peu l’auteur
anonyme mais très-inftruit de la deferip-
tion de l’ancienne côte de la Hollande, prétend
démontrer par plufieurs faits que dans
les temps les plus reculés la mer étoit beaucoup
plus baffelelong des côtes de laHol-
lande. Je conviens auffi que., depuis quelques
Cèdes , ia mer eft beaucoup plus
haute le long des côtes de la Hollande
qtl’elle ne l’étoit anciennement! Mais je
ne crois pas que les preuves foient latif-
faifantes généralement, quoiqu’elles indiquent
quelque élévation de la mer ou
quelque abaiifement desferres, ou peut-être .i
l’un & l’autre à la fois. Il faut auffi
remarquer avec attention qu’on trouve dans (
le Zuyderzée, à peu de diilance de 1 Ifle j
d’Urh , deux villages fubmergés , l’un au I
Nord-Eft, l’autre au^Sud , & dont les ba- J
téliers apperçoivent encore les murailles
qu’ils font obligés d’éviter.
Il eft remarquable auffi qu’au Nord du
Texelon ait encore vu en iy y o les relies
d’un bois dans les arbres duquel les ancres
rèftoient quelquefois engagées. Près de
Callants-Oôg, on découvrit en 1704par une
balle mer les murailles de l’ancienne eglife,
qui certainement étoit autrefois à l’abri des
plus hautes marées..
Le foi-difant' château de Britten fe fit
voir en 1 y 20 avec fes murs à- huit pieds
au-deffus du terrein ; tandis que la tour de
Caligula qui fans doute a été bâtie par les
Romains étpit encore enfevelie fous i’eau.
Ces monuments 8c d’autres femblables
nous prouvent qu’il eft arrivé de grands
changemens aux côtes de l’ancienne Ba-
tavie & mêmes auxterr.es, qui-pour lors
étoient baignées par le- 'Zuiderzée : mais
doit-on en conclure que lorfque ces
châteaux, ces bois fubfilloient encore, la
mer étoit plus baffe de a y pieds & même
davantage qu’èlfo n’eft aujourd’hui. Les
preuves qu’on a citées plus haut tirées
de la comparaifon des anciens & nouveaux
nivellemens , ainfi que les confé-
quences qu’on en a dédiâtes , démontrent
d’une manière inconteftable que depuis piu-
fieurs années,même depuis quelques Cèdes,
il n’apu arriver des changemens auffi con-
fidérables dans la hauteur de la mer que plu-
fîeurs.écriyains le prétendent. I l faut donc
remarquer que l’affaiffement des terres &
des bâtimens qui fe trouvoient établis
dellus , n’eft pas une preuve que l’eau qui
les couvre aujourd’hui foit plus haute
qu’elle n,’étoit dans les Cèdes précédents.
Rien n’eft plus facile que de concevoir
que la mer du nord, chaffde par des vents
d’ oueft, de nord-oiieft & de nord contre
lesjcôtes de Hollande, y produit desébou-
lemens conCdérables & en entraîne les
débris : qu’elle mine, par deffous les
bâtimens qui font difpejles fur fes bords