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* à p ic , qui s’avançent dans la mer, dont
* les couches font par-tout les mêmes,
* & des vallées ouvertes & creufées par les
» eaux ou par quelqu’autre force, dont les
» bords formés par des montagnes oppo-
» fées offrent des lits abfolument fem-
* blables. »
L e même philofophe dans une lettre
écrite auprofeffeur Bufchihg à Hambourg,
lui dit : « J’aime affez votre opinion que
» les eaux du déluge univerfel fortirent
» de la terre ; je croîs que cet affaiffement
» de fa furface n’a pu s’opérer fans frac-
» ture & fans ruine , car je p>enfe que
» la croûte du globe étoit déjà ferme.
» Mais où eft retournée toute cette eau ?
» Eft-elie rentrée dans le fein de la terre
f par les mêmes ouvertures par lefquelles
» elle étoit fortie ï » ■
L’auteur des lettres à un américain fur
riiiiloire naturelle générale & particulière
de Buffon ,. prouve allez clairement que
les pierres des montagnes primitives ont
été formées d’sne certaine matière fluide
& laiteufe, à-peu-près femblable à celle
que les maçons appellent lait de chaux
qui s’eft confolidée à l'aide de l’eau de
mer qui s’y eft mêlée. Targioni approuve
ce fyftême relativement à cette opération
de la nature; mais il la rejette fur la formation
des lits qui compofent les montagnes,
c’eff-à-dire que dans les épançhemens &
écoulemens fueeeffifs des eaux du déluge ,
cette matière laiteufe foit venue avec les
eaux de. la mer s’étendre & fe condenfer
fur 1 ’ancienne furface du globe.. Le même
auteur ajoute outre cela l ’éruption des
eaux louterraines, l’écoulement impétueux
des eaux pluviales qui ont dépofé
fur les couches de matière laiteufe les matériaux
qu’elles avaient enlevés & roulés
au bas des montagnes ; & il conclut que
du concours de ces deux caufes oppoféës
fe font formés les lits & les fiions compo-
üuu les collines & les montagnes q ui ne
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s’élèvent pas à plus de mille toifes au-ieffus
du niveau aduel de la mer.
Targioni croit qu’il y a beaucoup de
chofes à dire fur cette nouvelle théorie
qu’il confidère comme auflï arbitraire pour
le moins que celte de. Buffon , dont ei’c
eft la critique. Il remarque d’abord que
les filons des montagnes de mille toifes
font abfolument femblables& eonftruits de
la même maniéré que ceux des montagnes
qui furpaffent cette hauteur & s’élèvent
beaucoup au-d.effus ; car rien n’annonce la
différence de leur ftrudure. Par exemple,,
les filons de la cime du mont Saint-Go-
thard, font formés, de la même maniéré
que les valles embranchemens qui fe prolongent
du côté de la Lombardie,julqu’à
ce qu’enfevelis fous les fédimens des eaux
du P o , ils forment cette belle' plaine de
la Lombardie. Le fommet des. Cordillères
en Amérique, eft abfoiument fetnblable
a leurs vaftes flancs doubla pente fe prolonge
j nique fous les collines du Pérou
& du B ré fii, où elles relient enfeveiies. Il
faut donc, lorfqu’on s'occupe à expliques
la formation des filons des montagnes, ne
pas fe reftreindre à celles qui n’ont pas,plus
ne mille toifes au-deffus du niveau de la
mer. Secondement , comment pouvoit-il
fe trouver dans la mer avant le déluge
dans le même temps autant de millions de
coquilles teftacées, autant de madrépores
& de-plantes marines que nous en trouvons
dans les couches de la terre ? Comment
la mer a-t-elle pu.les dépofer. à des hauteurs
: auiîi confidurables. & à de fi. grandes pro-
. fondeurs dans le petit efpace de temps,
que dura le déluge ï Ces confidérations
luffifent pour nous perfuader que tous ces
animaux ont vécu dans des temps différens
& font reliés à fec depuis un temps immémorial
dans les endroits où nous, les
voyons, aujourd’hui. Comment des teftacées
& des polipiers fi délicats, des plantes
marines-fi fragiles auroient elles pu. fe eon-
ferver faines, & entières dans les pierres,,
fi ces corps organifés avoient été apportes
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du fond de la mer dans le bouleverfement
général ? Si l’efiùfîon périodique de cette
matière laiteufe étoit vraie , elle devroit
fe trouver en couches circulaires 8c parai- I
lèles tout autour des .bouches de ces
abîmes d’où on la fuppofe fortie , & ces
couches devroient être plus épaiffes auprès
de l’ouverture à laquelle elles doivent leur
o r i g in e 8c alLer en diminuant à rnefure
qu’elles s’en éloignent. Targioni invite
l’auteur des lettres à prendre la peine de'
faire un voyage de quelques jours vers
le mont Cénis1, ou vers les Pyrénées, il
verra que les filons des pierres ne doivent
pas leurs formés & leur arrangement à des
agens mus de cette maniéré, & que fon
fyftême ne fuffit pas pour expliquer la formation
des montagnes primitives dont il.
n’a peut-être pas été à portée d’obferver
aucunes, ou qu’il n’a pas examinées avec
foin. On voit par tous fes raifonnemens
qu’il ne connoît bien que les collines de
fon pays ; 'mais fon fyftême n’efl pas fuf-
fifant pour expliquer la formation des collines
, laquelle eft cependant bien à portée
de l’intelligence des obfervateurs.
Après cette difeuflien, Targioni ajoute
qu’il croit être le premier qui ait démontré
là différence de ftrudure, d’âge 8c de
nature qui exifte entre les collines & les
montagnes primitives , & il préfume que
fa théorie aura par-tout des partifàns. Il
ne fe fait pas au refte un mérite de cette
. découverte ; car il croit que cette théorie
eft fi fimple & fi facile à trouver qu’elle
fe préfente naturellement à l’ obfervateur,
qui avec un jugement fain, fait en faifir
les différentes parties. Des voyages, des
courfes dans des contrées très-peu étendues,
If fur - tout en Tofcane ) , peuvent :
offrir tous les détails les plus inftruétifs &
les plus .propres à établir l’enfembie de
cette théorie nouvelle.
Il y a lieu d’être étonné que tant de
philofophes très-habiles , qui ont voyagé
pour obferver la ftrudure de notre globe,
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n’aient rien apperçù de pareil ; mais prévenus
de leurs propres fyftcmes, ils fe font
formé des idées confufes & gigamefques
des montagnes 8c des collines. Cette idée
fauffe a fervi de bâfe à tant d’hypothefes
fur la cofmogonie, fur la théorie de la
terre, & fur les effets du déluge ; il croit
enfin que fa feule théorie des collines ren-
vèrfe & anéantit tous cesfyftêmesfpécieux, 8c qu’elle fournira des conféquences plus
julles & plus applicables aux grands faits
de la nature. Au refte , j’ajoute' qu’il faut
diftinguer de ces philofophes dont parle
ici Targioni, notre habile chimifte Rouelle,
qui avoit remarqué, de même que ce natu-
ralifte, les carafteres diftindifs des montagnes
5c.des collines dans un pays où ils
font plus difficiles à faifir : 8c d’ailleurs
nous favons que Targioni avoit trouvé de,
grands fecours dans l’ouvrage de Sténon.
Nous renvoyons en conféquence aux articles
de ces deux favans, pour juger de
leur mérite vis- a-vis du travail de Targioni.
Nous allons le fuivre maintenant
fur le travail dé la pétrification.
Il commence par frire obferver que
le célèbre Jean - Jacques Spada archi-
téde de Gret^atta , planche 1 7 de fa belle
defeription , prouve que les corps pétrifiés
qui fe trouvent dans les. montagnes
voilînes de Vérone, ne font pas des jeux
de la nature, ni du déluge, mais qu’ils exif-
toient auparavant à découvert; que les
collines où abondent les corps marins,
s’élèvent à une hauteur d é te rm in é ed ’où
il conclut que dans le temps où elles étoient
couvertes par la mer, il ne reftoit aux
hommes & aux animaux terreftres que
les montagnes pour retraite.
L ’analogie du fuc pierreux que l’on
nomme tartre, avec les pierres, aide beaucoup
à comprendre leur formation. Quoique
la concrétion du tartre fe faffe par
feuilles ou par lits pofés l’un fur l’autre r
& que dans la majeure partie des pierres
elle s’opère en forme de fphères qui s’étendent
autour de leurs centres particuliers,
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