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trouvent quelquefois au fommet comme à
la bâfe de ces montagnes. Les loix de la
nature connues ne nous permettent pas
d’imaginer que cette compofîtion Sc cette
liaifon intime de différentes pierres ou particules
pierreufes obfervées dans ces rochers
aient pu. fe faire autrement que parla
fluidité. Il faut abfoiument qu’elles aient
fubfifié entières dans une matière fluide
conglutir.ante. En effet les crevaffes & les
fentes des montagnes, plus grandes dans
un endroit, plus petites dans un autre , ici
ouvertes, là remplies & réunies par une
matière pierreufe hétérogène qui fe trouve
dans prefque toutes les malles montueufes ,
6 indiquent infailliblement un refferre-
ment de parties occafionné par un deiTé-
chement, ces crevaffes , ces fentes ont la
même forme, la même itruéture que celles
de l’argile defféchée; elles font élargies
vers leurs parties inférieures & fe refferrent
infenlïblement vers leurs parties inférieures.
Or il efl évident.qu’un corps dur
& fec ne peut.fe deflecher. Il efl donc
certain que ces fentes & ces crevaffes _
n!exifleroient pas dans les montagnes , li
ces montagnes n’avoient pas été dans un
état de fluidité & de molleffe. C’efl ce
que confirment pleinement encore quelques
cavernes & quelques filons qui proviennent
du refferrement de la maffe pier
reufe , lors de la defficcation de la matière,
quoique cependant beaucoup de cavernes,
* comme nous verrons par la fuite, aient une
toute autre origine. Les filons métalliques
& pieireux exiifans au milieu.des rophersj,
les veines & les gangues que l’on obferve
dans le centre des mafjcs les plus dures ,,
n’auroient pu y être renfermés & s’accroître
en même;tems fi ces maffes avoient
toujours été auffi dures.
Voulons-nous examiner plus partir
culièrement les minéraux ? Cet éxamen
ne fera que npus confirmer dans l’idée
que tout vient de l’eau.
5 - I I.
Les Jeux terres calcaire Cf argilleufe fout
les feules fubftances primitives ainfi que
les pierres qui eu font formées.
Parmi les différentes' efpèces de terres
qui fe trouvent difperfées dans notre globe,,
Wallérius n’en reconnoît & n’en confi-
dère que deux comme primitives , la terre
calcaire & la terre argilleufe ; . les autres
font adventices & étrangères , ou font im
mélange des terrés primitives, foit avec
d’autres corps, foit en diverfesproportions
modifications. Quelques naturalifies
modernes veulent que l’omregardecomme
terres primitives & fondamental es, lamagné-
fie, la terré filiceufe , la terre du fel d’ep-
;fom & quelques autres ; mais on doit d’autant:
moins lès regarder comme telles qu’on
ne lès a pas trouvées exiftantes par, elles-
mêmes & fcparément dans aucun endroit
du globe , qu’elles n’ont produit & ne ■
•p'roduifent aucune pierre ; car on a toujours
découvert la magnélîè dans quelques
; pierres , ou conféquemment elle efl combinée
avec ‘ d’autres terres. Il faut donc
chercher ailleurs l’origine de ces terres
prétendues primitives.
Que la terré calcaire provienne dé 1 eau
c’efl: ce dont ne doute pas Wallérius. De
même l’affinité de l’argiile & de l’eau , les
différens dépôts qui s’en font dans les
citernes & au fond des autres amas d’eau,1
tout indique, félon Wallérius, que i’ai-
-gille-n’a pas d’autre origine que l’eau.
Parcourons les pierres : deux obferva-
tions nous convaincront qu’elles n’ont
pas d’autre origine que l’eau ; les.cryfla:-
lifations de la plupart dc-s pierrçs calcaires,
. filiceufes, quartzeufes & au très, indiquent-
elles autre chofe? Péut-on concevoir une
cryftallifation fans l’intermède d’ün fluide
; comme le feu ou l’eau '1 D’ailleurs, Ie1
f A L
corps étrangers renfermés dans les cryftaux
le prouvent allez. Perfonne rie peut nier
qu’on ne doive en dire autant des pierres
du même genre quoique non cryftallifées.
Voyez les pétrifications les corps étrangers
, végétaux , animaux ou minéraux
qu’on y rencontre , foit que ces pierres
(oient calcaires , quartzeufes , filiceufes ,
aiarneufes, fchifleufes, &c, démontrent
l’état ancien de fluidité de ces pierres ,
dans le tems que ces corps y ont été
enveloppés. Les fables ne fauroient avoir
d’autre origine que le quartz : les matières
étrangères fouvent fixées fur les plus
petits grains de fable - & leurs furfaces
luifantes, comme dans certains grès, fup-
pofent une matière liquide ou glutineufs
à laquelle elles ont pu fe fixer. Si l’on
ajoute que les vapeurs aqueufes .donnent
une terre' quartzëuîe avec l’acide phofpho-
riqu.s, & que lés pierres filiceufes font
les produits de la terre calcaire coagulée
par. un acide, 1 ainfi qu’on l’a dit dans le
fyftême minéralogique de Wallérius , on
; ne doutera plus que ces corps durs ne
doivent leur êxiflence à l’eaif.
Les mines métalliques & les métaux
ne datent pas du même-tems que les mon-
; tagnesqui les renferment, & à proprement
. .parler, on ne peut dire que la voie humide
leur .a donné najffince. Ils'ont été produits
fans doute , comme ou le fera voir ,
I dans un teins pofïérieur, par les vapeurs
qui tràverfoient les veines Sc les cavités,
que le mouvement des eaux , à travers les
rochers encore mous avoit formées dans
! lés montagnes. Mais ces vapeurs dépendant
de l’eau, foit médiàtement, foit immédiatement
comme on peut le dire de tout
' principe filin Sx fulohurcux ’« il femble
qu on a .droit d’avancer , que ces dépôts
métalliques tirent auffi leur origine de
1 eau. La figure çryftaiiifée des parties élémentaires
de la plupart des mines, leur
.•étroite adhéfion , la côncrefcence des
mines avec certaines gangues , confirment
Çètte origine.
f A L 5S9
De tout ce qui a été dit jufqu’à pré-
fent, on croit être en droit de conclure
que le globe & les différens folides qu’il
renferme ont été autrefois dans un état
de fluidité ; mais quecette fluidité ne doit
pas être attribuée à quelque diffolution
des principes élémentaires ;.car toute folu-
tion fuppofe des particules propres à cette
diffolution; & alors on retombe dans l’O-
I méomerïe d'Anaxagore , félon laquelle il
1 y auroit eu autant de particules princi-
j pales ou limilaires qu’il y a de corps diffé- J rens. Or, ces fuppofitions répugnent à
I l’identité des principes premiers , 8c à la
i faine philofophie , comme on le fera voir
9 dans le paragraphe fuivant. De plus, il
i faut obferver que.chaque diffolution exige
| un menftrué qui lui convienne & lui fuf-
fîfe. L’eau petit d’autant moins remplacer
ce menltrue , qu’elle ne peut pas même
diffoudre la terre qu’elle produit, encore
moins les autres molécules terreftres &
les petites pierres. Au contraire, puifque
l’expérience nous apprend que les eaux
& les folides reConnoiflènt les mêmes éle—
mens , puifque l’eau produit la terre calcaire
.& la terre vitrefcible, Wallérius fe
croit en droit de conclure .d’après ces
fuppofitions, .qu’il faut rechercher dans
l’eau la première origine des folides , que
ces corps ont été primitivement mêlés
aux eaux & ont exiJlé dans les eaux qui
les ont produits, ■
: En faveur de ceux que les faits allégués
■ ci-deffus ne peuvent convaincre, qui n’ont
point apprisà philofopher de cette manière,
& qui doutent encore de la tranfinuta-
tion de l’eau en terre , Wallérius a reqours
à la tome-puiffance du Créateur ; il lui
a été facile , félon lui, d’opérer une fem-
blable tranfmutation, .Sc il efl bien plus
naturel de fuppofer qu’il l’a opérée en
effet, que de croire qu’il a d’abord créé
une multitude de particules élémentaires
différentes; qu’il les a mêlées aux eaux pour
: les en féparer enfuite plus ou moins com-
i binées, Wallériiis cite piufieiu's paflages