
pour convertir les fcories de verre primitif
en argilles , former les acides-, les.feîs,
les pyrites. Ces grands & premiers effets
ont été produits enfemble dans lesteras qui
fe font écoulés depuis i’établiffèment des
e a u x ju fq u ’à leur abaiffement & lë-ur retraite.
Enfuite a commencé ' la féconde
période. Cette retraite des eaux ne s’eft
pas faite tout-à-coup ; mais par mie longue
fucceiïion de temps , dans laquelle Burfon
veut nous faire faifir différens degrés.
Buffon-cité, à ce fujet.,-.les effets que le,s
eaux ont dû produire à mefure qu’elles ont
lailfé le fommet de Langres à découvert;
il y avoit une nier dont les mouvemens
& les courans étoient dirigés vers le Nord,
& de l’autre côté de ce fommet une autre
mer dont les mouvemens étoient dirigés ■
vers le Midi. Ces deujt mers ont battu les ,
deux flancs, oppofés :de cette montagne , 1
comme l’on voit dans la mer acluelle les
eaux’battre lesdeux flancs oppofés d’une
longue if ie , ou d’un promontoire avancé.
Lorfqu’on regarde ces efcarpemens , .
Couvent élevés à pic de plufieurs toifeS de
hauteur, & qu’on les voit compofés de
haut en bas , de bancs de pierres calcaires -
très-maflives & tres-dures, on ell étonné
du tems prodigieux qu’il faut fuppofer,
pour-que les eaux aient ouvert & creufë
ces énormes tranchées; mais deux circonf-
tances ont concouru, fuivant-Buffori, àl’àc--
célération de cegrandouvrage.L’une décès
circonftancès eft, que dans toutes les collines
& montagnes calcaires, les lits fupérieurs
font les moins cômpaâes & les plus tendres,
enfôrte que les eaux ont "entamé aifément
la fuperfiçie, du terrein , & formé la première
raviné qui a dirigé leurs cours. La
fécondé circonftance efl, que les matières,
des fédimens n’ont acquis de la confif-
tance que par la defficcation. Buffon en
conclut qüe, dans ce-tems, ou les courans
de la mer rempliffoient toute la largeur
des vallons, les bancs calcaires. dévoient
leur céder avec beaucoup moins de ré-
fiftance qu’ils ne le feraient actuellement.
- - - *
C ’efl pour la conftruâion même des
terreins calcaires & non pour leur divilion
que Buffon affigné une longue période de
tems. Il en prend moins pour la divifîon
& la configuration de ces terreins calcaires,
& pour la retraité des "baux qui étoient
élevées de deux mille toifes au-deffus
du niveau de nos mers aâuelles. Ce n’eft
què vers la fin de cette longue marche en
retraite, que nos vallons ont été creufés ,
nos plaines établies, & n o s collines découvertes
y & pendant tout ce tems, le glqbe
n’dtôit peuplé que d’animaux à coquilles
& depoiflbns. Lesfommetsffës montagnes
que les eaux n’avoîent pas furmontés ou
qut-avoient été abondonnés par la nielles
premiers., étoient aufli couverts dç végétaux
, dont les détrimens immenfes ont
formé les veines de charbon. Tous ces
êtres organîfés ont exillé long-tems avant
les animaux terreftresi On n’a trouvé des
indices & des veftiges de l’exiftence de
ceux-ci que dans les couches fuperficielles“,
ou bien dans- les vallées 8c dans les plaines
qui ont été comblées de déblais entraînés
: de lieux fupérieurs par les eaux cou-
' rantes.,
A meflire que les mers s’abaifioient, &
découvroient les pointes les plus élevées
. des coiitinens , cés fommets, comme nous
' l’avons d it , commencèrent à laiffer exhaler
| les nouveaux feux-produits dans l’intérieur
[ de la terre, par l’enervefcence des matières
■ qui fervent d’aliment aux volcans ; mais
: hèureufêment, cés fccnes épouvantables
I n’ont point eu de fpeflateurs, & ce n’eft
' qu’àprès cette période- entièrement révolue
que l’on peut datter la naiflànce des
animaux terreftres.
Cinquième époque.
C ’efl dans cette époque que d’abord
les parties feptentrionales de la terre ont
t été attiédies de manière que les animaux
terreftres ont pu naitre & fubfifler ; &
ce n’ell que quelques Cèdes après que ces
mêmes animaux oyt pu b&biïet les cqütréeJ
plusjî ptùfqu’on trouve encore de ces dépouilles
méridionales, qui ont confètvé _
long-tems unechaleur brûlante qui excédoit
de beaucoup la chaleur vitale des animaux.
■
C ’efl en conféqûence dans les parties
les plus élevées du Nord , que lés premiers
animaux, les Eléphans, les Rhinocéros, les
Hippopotames , & probablernèiit. "toutes
les efp’eces qui rie peuvent fe multiplier
aâuellem.ent que fous là Zone-Torride ,
vivoient & fe multiplioient. Ils y étoient
en grand nombre; ils y ont féjo.urné long-
tems. La. quantité d’ivoire . & de. Tqurs
autres dépouilles que l’on a découverte
âc que l’on découvre tous .lès" jours dans
ces contrées feptentrionales nous démontre
évidemment qu’elles ont été leur patrie ,
leurs pays natal, & certainement la prè-
miere. terre:qu’ils aient occupée.-Mais de
plus les mêmes monumens-prouvent que
ces animaux ont exifté en mêiiie-tems
dans les contrées feptentrionales de l’E urope
, de.l’Afle & de l ’Amérique. Ce qui
nous fait connaître que les deux continens
étoient alors > contigus, & qu’ils n’ont
été' fëparés que dans des tems fùbféquens ;
& ce n ’eft pas feulement dans les terres
du Nord qu’on a trouvé cés dépouilles
d’animaux du Midi ; elles fe rencontrent
encore dans- tous les pays tempérés î en
France ; en Allemagne , eii Italie , & en
Angleterre.
1 II paroît même que ces premiers animaux
terreftres étoient comme les1 premiers
animaux marins, plus grands qu’ils ne le
font aujourd’hui; car les dents, les défenfes
des Eléphans & des Hippopotames de ce
tems là, appartiennent à des animaux d’une
taille fupérieure - à celles des Eléphans &
des Hippopotames vivants.
Buffon ne doute pas qu’après avoir
occupé les parties feptentrionales de la
Ruflie & de la Sibérie jufqu’au foixantieme
f-dégré où l’on a trouvé leurs dépouilles
en grande quantité. , ils n’aient enfuite
agné .les terres moins feptentrionales.,
en Mbfcovie, en Pologne, en Allemagne ,
en Angleterre, en France & en Italie;
en forte qu’à mefure que les terres du
Nord fe refroidifîbient, ces animaux cher -
çhoient dps terres plus chaudes.
Mais cette marche régulière qu ’ont
fuivie lesplus grands, lès premiers animaux
dans notre continent, paroît avoir fo'üffert-
des obftacles dans l’autre; ainfi quoiqu’on
ait. trouvé des dépouilles d’Elephans ,
dans ..quelques endroits de l’Amérique
feptentrionale , aucun monument ne nous
indique, le même fait pour les terres de
l’Amérique méridionale. D ’ailleurs l’efpèce
même de l’Eléphant qui s’eft confervée
dans l’-ancien continent, ne, fubfifte plus
dans fautre ; non-feulement cette efpèce
ni aucune .autre de toutes celles des animaux
terreftres qui occupent actuellement les
terres méridionales de notre continent,
ne- fe fo ni trouvées dans les terres méridionales
du Nouveau Monde ; mais même
il paroît qu’elles n ’ont exiflé que dans les
contrées feptentrionales "de - ce nouveau
continent.
Buffon conclut, dif.ee fait que l’ancien
& le nouveau1 continent n’é'toient pas alors
féparés vers de Nord, & que leur réparation
ne s’èft faite que poftéfieurement au
tems de l’exiftencé- des Eléphans dans
l’Amériqüe feptentrionale, où leur efpèce
s’eft probablement éteinte par le refroi-
diffement, parce que ces animaux n’auront
pu gagner les régions de l’Equateur dans
ce nouveau continent, comme ils l’ont fait
dans l’ancien, tant en Afie qu’en Afrique.
En effet, fi l’on confidère la furface du
nouveau continent, on-voit que les-parties
méridionales voifînes de l’Iilhme
de Panama , font occupées par de très-
hautes montagnes. Les Eléphans n’ont
pu franchir ees barrières à caufe du
trop grand froid qui fe fait fentir fur
ces hauteurs. Ils n’auront donc fublifté
dans l’Amérique feptentrionale qu’autant