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H U T T O N .
Notice de Jes ouvrages fur la théorie de la terre & fur celle de la pluie.
( T uoique nous nous foyons bornés dans
les notices précédentes à rendre compte
des ouvrages des favans morts , nous avons
cru devoir nous écarter de cette difpofition
relativement à ceux de ce favant Ecoffais ,
parce qu’ils nous ont paru avoir fort occupé
les naturalifles Anglais foit comme
approbateurs , foit comme critiques-
Effedivement, on n’a pu voir avec indifférence
les vues nouvelles que le doc.
teur Hutton y développe , & les nouvelles j
queftions qu’il y difcute,. lefqtfSllès ne;
peuvent qu’intérefler ceux cjtfi + par leurs
recherches, font occupés à éfifieffir l ’hif-
toire naturelle du globe.
En I78y le D. Hutton publià d’abord
le précis de fon mémoire fur la théôTre de
la terre, qu’il dillribua à fes amis. Ce ifs.
fut qu’en 1788 qu’il fit paroître dans les
tranfaélions philoTophiques d’Edimbourg,
le mémoire lui-même avec tous les déve-
loppemens qu’il crut devoir donner à fon
hypothèfe. On trouvera dans cette notice
( § . I er. ) la tradudion de ce précis,
& l’on y verra que l’auteur , dans tout fon
travail, s’eft propofé d’abord de nous faire
comprendre par quelles fuites d’opérations
la nature a non-feulement conftruit les
différentes parties de nos çontinens , mais
encore a opéré la confolidation des bancs
pierreux & leur émerfion au-deffus des
eaux de l ’Océan , où il fuppofe , ayec le
plus grand nombre des naturaliftes , que
toutes ces maflès ont été fl ratifiées : enfin,
il finit par nous faire voir que foit la confolidation
des pierres , foit leur émerfion ,
ont été l’ouvrage des feux fouterrains.
C ’eft à la fuite de cette tradudion que
j’ai placé ( §. II. ) l’extrait du favant mémoire
de Hutton lur la théorie de la terre,
où je rends compte du plan général de cet
écrit. Il efl diflribué en trois parties. Dans
la première , l’auteur s’occupe de la conf.
ticution du globe & des bancs pierreux
deilinés fuivant les vues de la nature à une
. deftrudion continuelle, & dont les produits
font entraînés par les rivières & p ar
les fleuves dans le baflin de l’Océan. C ’ell-
là que fes eaux les diflribuent de nouveau
par couches & par fédiinens plus ou moins
étendus. Enfin , il nous "montre en même
tems de femblables lyftêmes de bancs,
cooepofés de ces débris & des dépouilles
des animaux marins plus ou moins coin-
minués , jefquels fe forment fucceflfoe-,
ment au fond du même baffin.
Dans la fécondé partie, Hutton s’occupe
de la folidification des couches pré
cédentes , à la formation defquelles il nous
a fait afïîfter. H lui paroît que cette opération
a été précédée d’un certain état de
liquidité ou de molleffe qu’il attribue à
une fufion par le feu. Enfin , il parcourt
toutes les fubflances qui font entrées dans
la compofition des bancs pierreux, foit
pierres calcaires , foit marbres , foit bitumes
, foit cryftaux , foit métaux , où il
croit voir les traces des feux fouterrains.
C’ell alors qu’il difcute plufieurs queftions
importantes fur différentes matières que
l’Eçoffe lui a offertes , & dans lefquelles
il prétend avoir reconnu les effets .d-un
feu intérieurqu’ilfuppofe avoir cuit, foiwu
j & foulevéleurs malles, primitivement pr^'
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parées ainfi fur le fond du baffin de
l’Océan.
Dans la troifième partie, Hutton cherche
à établir , comme un des principe^ fondamentaux
de fa théorie, que les feux
fouterrains ,qu’il emploie comme agent
principal, n’ont pu produire des éruptions
à la manière des. volcans , mais 'que
leurs effets , après la fonte des différentes
matières , ont été bornés au foulevement
des bancs au-deffus du niveau des eaux de
la. mer. Dans, cette partie, l’auteur décrit
les maffes de trapp , de whin-flone, dé
toadftone, de manière à n.ous en faire,
connoître la difpofition & l’étendue. Mais
quoiqu’il envifàge toutes ces fubflances ,
comme durcies par l’aâion du feu, il efl bien
éloigné de les confondre avec les laves de
nos volcans. Le principal motif de diftinc-
ùon qu’il nous propofé entre ces deux
ordres de fubflances , confifte en çe‘ que
les maffes pierreufes fondues , fuivant lu i,
dans les entrailles de la terre, ont été comprimées
pendant l’adion du feu : ce qui i
leur a donné une difpofition & une ftrùc-
ture totalement différente de celles que
f l’on peut fuivre dans l ’examen des laves
[autour des bouches des volcans éteints.
Il feroit peut-être très-facile de montrer
que ces fubftàn.ces qui diffèrent des laves ,
& que Hutton prétend avoir été fondues
j par les feux intérieurs, dans un état de ç.om-
preffion , n’ont éprouvé aucune forte de
fufion , vu qu’elles ne préfentent ni dans
Ieuj difpofition générale, ni dans leur tiffu
intêriëur aucuns veftiges de cet état de
fufion qui auroient dû fubfiflèr après leur
refroidiffement.
D’ailleurs le favant Ecoffais paroît à ce
fujet moins décidé fur le trapp , le -vyhin-
llonë & le toadftone que certains natp-
raliflçs Anglais , qui ont prétendu que.qes
r.qchesétoiejn des réfidus d’anciens.volcans
en Ecoffe & dans le Derbishyre. Çes.épqi-
vains dont Hutton veut modifier les affer-.
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lions, me paroiffentpeu instruits fur.les diffé-
rens États .où fe trouvent les laves dans les
pays yoleanifes. Comme ils n’en ont pas
é.tudié les principales circonftances , ils
font très - peu capables de retrpuver les
effets primitifs du feu .dans les altérations
que la fuit,e des tems a pu y apporter...
Mais en même tems que le D . Hutton cpn-
tefte, avec fondement, à ces nalurajifte,?;
L’opinion qu’ils ont mile en avant, en prétendant
que les chaînes du \yhin - ftone
d’Ecoffe font les produits des feux fouterrains
en éruption, on peut lui contefter
pareillement qu’aucune de ces fubflances
aient éprouvé une fufion , fort dans les
parties de la terre voii'pes de la furfa.ee ,
toit dans fes entrailles à une .certaine profondeur.
Je renvoie à ce fujet à l'article
volcan du didionnaire, où j’expofe tous les
principes d’après lefquels on doit o b for ver
les produits des feux fouterrains en. .éruption
, pour en conftater les opérations &
les réfidus.
A mefure que les naturaliftes Anglais
lifoient & méditoient les ouvrages dont
nous venons de parler, & qu’ils difeutoient
les principaux points de cette théorie de
la terre, ils ont propofé leurs doutes-&
leufs objedions. Je dois diftinguer parmi
ces favans , le dodeur Kirwan peut-être
plus chimifte, que naturalifte pbferyateur :
en co.nfé.quence , il m’a paru convenable
d’expo.fer dans le § I I I , les, principales
obj'edlons que ce. chimifte a faites fur
quelques-unes des queftions dont Hutton
n’a pas craint dp niquer la fpluiion, &
qui font un peu du reffort de la chimie.
J’y difcuteen même - tems les différens
états primitifs des fubftances qui compofent
lps.bancs pierreux , ce qui concerne l’origine
,de,s. pierres calcaires & leur ftratifica-
i tion au fond de la mér ; enfin , j’y expofe
toutes les raifons qui me paroilTent propres
à détruire l’hypotlièfede leur confolidation
p a r l ’aélton du feu.
Dans le § I V , je reviens a .cette com
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