
(Jeux autres comme une difpofition primitive
de la nature ; les dépôts fabioneux du
fleuve' étant des amas accidentels, Guet-
tard auroit trouvé de même fa bande fabloneufe
en Suiffe, le long des grands
fleuves qui parcourent les terreins naturels
des deux autres bandes , tels font i’Aar &
le Rhin : mais i 1 n’a pas cru être allez auto-
rifé par les faits & les obfer-vations , pour
établir en Suiffe cette bande,
V I I ,
JFefcription minéralogique de la. Pologne ,
OÙ. Von traite de la dïflrlbution méthodique
des minéraux, fuivant le fyftême
des bandes fabloneufes , mameufes &
Jchifleufes.
Guettard divife la Pologne en quatre
grandes bandes , favoir, en bandes fabloneufe
, marneufe , faîine , fchifteufe ou
métallique. La première renferme prefque'
la moitié de la Pologne ; la fécondé les
baffes montagnes que l’on traverfe après
avoir parcouru les pays fabioneux ; la
troilième comprend les contrées qui font
derrière ces montagnes ou collines & qui
avoifinent les Krapacks ; la quatrième , les
Krapacks mêmes.
C ’efi dans la bande falinequeles bitumes,
les huiles de pétrole paroifl'ent fe trouver
plus particulièrement, quoiqu’il puiffe s’y
en rencontrer de même dans la métallique,
La bande fabloneufe de Pologne contient
la Ruffie blanche au Levant , &
une partie de la Lithuanie, la Courlande,
la Samogitie an Nord , la Pomérélie , Ja
Pruffe Polonaife , la plus grande partie
tle la grande Pologne, la Mazovie , la
Podiaehie à l’Occident , la Poléfie , &
une petite partie delà Volhinie au midi.
Tout ce terrein fabioneux peut avoir du
Midi au Nord cent cinquante lieues, & deux
çent cinquante d’Orient en Occident.
On ne trouve en général dans cet elpace
ponfidérable qu’un fable blanchâtre qui
renferme une plus ou moins grande quantité
de cailloux graniteux qui varient par
la groiïêur, la couleur St la dureté. Ils
font dans certains cantons mêlés avec des
cailloux de-quartz, de jafpe , d’agathe , de
chalcédoine & d’autres pierres femblables ;
dans d’autres cantons, ces cailloux fe trouvent
parmi de petites pierres de la nature
des pierres à chaux ; celles-ci contiennent
affez fouvent des corps marins.
Tout ce terrein fabioneux efl fans montagnes
, il n’offre tout au plus dans quelques
endroits que des buttes ou des fortes
de'dunes de fables; elles s’élèvent infenfible»
ment & deviennent des buttes affez hautes :
elles font nombreufes St difperfées dans
plulieurs parties de la bande fabloneufe.
Dans quelque lieu qu’on les ait rencontrées
, on ne peut les conlîdérer que comme
de petites élévations , & les plus hautes
n’ont pas plus d’une centaine de pieds de
hauteur. L ’Oberland qui fait partie du
royaume de Pruffe, en renferme cependant
qu’on peut regarder comme de baffes
montagnes; on peut en dire autant de
celles qui bordent ce beau Sc grand la c ,
appellé le Frick-Haff', Ce lac n’eft féparé
de la mer Baltique que par une langue
de terre ou plutôt de fable formée, à ce
ce qu’il paroît par les aterriffemens de cette
mer. Ce la c , depuis le Pilau où fes eaux
entrent dans la mer Baltique, jufqu’à
Dantzick , efl bordé de çes monticules qui
en hauteur font les plus çonlîdérables
qu’on voie en Pologne ; leur figure eft
plus allongée , leur fommet plus arrondi,
plus étendu que ceux des précédens; ces
dernieres collines font plus arrondies ,
plus ifolées; celles des bords du Frich-Hajf
St la plupart de» autres font de pur fable affez
fin ; on n’y trouve pas la moindre pierre,
du moins à l ’extérieur : il en elt à-peu-r
près de même de celles dont on tire l’ambre
entre Koenisberg & Meinel , fuivant Hartmann
& Sendelius.
Dans ces contrées, les plaines , le lit
des rivières, le fond des lacs & des étangs,
celui même des prairies font fabioneux. j
Le fable en eft arrondi, obiong ou o voide,
ordinairement blanchâtre Sc quelquefois
blanc , quelquefois auffi jaunâtre, noirâtre
ou de quelqu’autre couleur, & cette nature
de fable replie Sc domine dans toute 1 c-
tendue de la bande fabloneufe.
■ Mais dans l’intérieur des terres , les
fables ne varient pas autant en couleur
que dans les bords du Frick-H'aff' , près
Pilau , & dans quelques endroits du cours
de ce lac & des bords de la Baltique, j
Ces fables reffemblènt-à ceux qui font
aurifères; les grains rougeâtres & jaunes
y font plus communs; ia couleur de la
plupart eft d’un rouge de rubis balais ,
ou d’un jaùne de topafe : les noirs y dominent
& fouVent à un point que le fable
paroît être entièrement de cette couleurj|
ceux-ci font attirables à l’aimant ; quart?
aux blancs, ils font de même que les premiers,
brillans & tranfparens ; on lespren-
droit pour des cailloux de Médoc extrêmement
petits. La couleur totalement jaunâtre
ou noirâtre des fables qui fe trouvent
dans 1 intérieur du pays, dépend des
terres avec lefquelles ces fables peuvent
être mêlés, ilsfont jaunâtres dans les endroits
où il y a de la mine de fer , ou quelque
terre ferrugineufe ; noirâtres, lorfqu ils
lont fous des marais ou dans des tourbières;
mais ces couleurs peuvent être emportées
.par le lavage, au lieu que celles des autres
fables colorés , leur font propres & inhérentes.
■
La grande quantité de cailloux graniteux
dont le terrein fabioneux de ia
.Pologne eft rempli, eft , âpre» les fables ,
ce qui mérite le plus d’attention. Ces
cailloux ne font pas par-tout également
communs ; il y a des cantons où l’on n’en
trouve prefque point ; la terre en eft couverte
dans d’autres ; mais en fouillant un p e u ,
on en trouve par-tout, St toutes les villes
de la Pruffe ducale en font pavées.
La couleur de ces cailloux varie beaucoup,
les uns lont gris-blancs, blancs &
rouges ou couleur de cerife , parfemes
de points noirâtres ou verdâtres. La grol-
feur de ces pierres ne varie pas moins que
la couleur : il y en a qui ont depuis un
pouce de diamètre jufqu’à un , deux ,
trois pieds & même plus ; mais de quelque
groffeur que foient cës cailloux , leur
ligure eft toujours arrondie. On emploie
très-communément ces cailloux a paver
les villes; mais lorfque leurs dimenfions
le permet, on en fait des meuiesde moulin
à bled , ou de petites meules qui fervent
dans chaque maifon de payfan à broyer
les grains dont on fait des gruaux.
I l n’eft pas rare de trouver parmi ces
cailloux graniteux , d autres cailloux qui
font de quartz , d’agathe eu de jafpe ;
ceux de quartz, font plus communément
blancs que de quelqu’autre couleur ; il y
en a qui forment par leur affemblage des
■ fortes de poudingues. On en voit de g ris,
de rouges & de quelques autres coukurs.
Les agathes font ordinairement blanches ;
cependant il y en a auffi de brunes , de
rougeâtres , de grifes , avec des taches de
gris de lin pâle; les jafpes ne font pas
moins diverfifiés en couleur.
Quoique l’on puiffe trouver de cespierres
répandues çà Sc là dans toute l’étendue
delà bande fabloneufe, il paroît néanmoins
qu’elles font pins communes du côté de
Biala en Poléfie , de Niefvietz & ! de
Piîiczovia en Lithuanie. Ces endroits,
fur-tout les derniers ,. fouiniffem même des
agathe-onix, des fardomes , des cbalce-
doines., &c . On trouve auffi parmi ces
cailloux quelques morceaux de taicites
qui difièrent en couleurs, mais ils ne font
tas abondants ; c eft a leur deftruélion que
font dues les paillettes de ta.c qui font
mêlées' avec le fable. Quelques cailloux
'bien plus rares encore que les matières
précédentes , font ceux qui reffemblent
aux cailloux de Medoc , Sc qui , comme
eux , font des morceaux de çryftal de
roche roulés.