
Certaines rivières augmentent quelquefois
beaucoup par les pluies & par la fonte
des neiges , & ces augmentations dépendent
alors des circonûances qui amènent
les' pluies ou les fontes de neiges.
Il y a dans le Pérou & dans le Chili
quelqties rivières fi petites qu’elles ne
coulent pas pendant la nuit, mais feulement
le jou r, parce qu’elles ne font entretenues
qüe par,l’eau que produit la fonte
des neiges , & qui tombe des andes , tant
que dure l’ardeur du foleii-î-Il y a de
même au Congo , à Angola, des rivières
qui font plus confîdérabies le jour que
la nuit. On en voit de femblables au
Malabar & dans le Coromandel ; les
rivières font prefque toutes à fec pendant
l ’été : mais elles le rempliffent & débordent
en hiver & dans les’faifons des pluies.
On peutindiquer auffi le Wolga dont le lit
eft rempli en mai & en juin juliju’au point
de couvrir fes bancs de fables- & fes ifles,
& qui eft fi bas dans les autres tems de
l’année qu’il eft à peine navigable. Car
les neiges étant fondues au retour de la
chafeur fur les nv. ntagnes, elles forment
plus de cent ruiflfeaux qui coulent dans
le Wolga Se caufent cet état d’inondation
que ce grand fleuve éprouve;. Le N il, le
Gange, l’Indus , &c . - font fi gonflés par
les pluies, qu’ils éprouvent, comme on
fait , des débordement. corjfidérables &
foirtenus ; mais ces crues arrivent dans
destèms différens de l’année, parce qu’elies
font produites par des eaux que diverfes
caufes & divers lieux concourent à verfer
dans lés'canaux des fleuves. Ainlî certaines'
drues quifont cauféesparlespluies, arrivent
en, hiver ; parce que ces pluies font plus,
abondantes alors que le refle de l’année ;
mais li elles viennent des neiges qui ’ fe
fondent en certains endroits au printems,
& 'dans d ’autres en été., les inondations
qui eh foh't la fuite, arrivent auffi au
printems ou en été , ou enfin dans le
tenis que la neige eft fondue fur les bords
des petits rpiffeaux qui forment ces rivières.
D ’ailleurs biendss rivières, & fur-tout
les grandes , viennent d’endroits fort éloignés
des contrées qu’elles parcourent ,
enforte qu’on ne-doit pas rapporter l’oti-
gine de leurs crues à telle, ou tefle-faifon ,
à moins qu’on ne connoiffe-celles qui
régnent dans les contrées où ces rivières
prennent la plus grande partie de, .leurs
eaux.
Cependant on peut dire que la plus
grande partie des rivières grofli.Tent au
printems, parce qu’alors la neigé fe fond
prefque par-tout, ou bien à la fuite des
laifons pluvieufes «de la Torride, , comme
nous le ferons voir en décrivant un grand
nombre de riviè'res fujettés à des débor-
deme'ns annuels.'
D :s fources.
Je ne parlerai pas ici d’après Varénius
des cauft-s .qui, contribuent à fournir de
Peau , fait aux fources, foit aux fontaines,
Quoiqu’il paroiilè un peu pencher vers
i opinion dé ceux qui confidèrent les pluies
A la fonte des neiges , comme fervant à
l’entretien deS fources & des fontaines,
cependant ,. il ne ci aint point de conclure
d’une longue difèuflLn , que l’eau des
fources p r vient en grande partie de la
mer par des'eanaux fouterrains, & en partie
des pluies & des rolées qui humeâent la
terre. Il ajoute enfin, ce qui eft évident,
que 1 eau des rivièrés vient autant 'des
fources que des pluies & dés neiges- fondues.
On voit que dans toute cette difeuf-
fion Varénius a facrifié encore àu goût de
l'on fiècle pour le s; hyp.othèfes merveil-
léufes d’Àriftote & de Defcartes, pendant
que Tobfervatioh & le rapprochement des
faits qu’il connoilfoit aurOient pu -le déterminer
à écarter toutes ces dédiions hafar-
dées.
Des rivières & des divers phénomènes de
leur cours.
Nous allons paffer maintenant aux différens
phénomènes que l’étude & la diftri-
bution régulière de différens fleuves Sc
rivières nous préfenteront dans la géographie
générale.
Il y a des riyières qui fe perdent fous
terre & qui reparoiffent enfuite, après avoir
parcouru dans un certain trajet des canaux
lbuterrains.
Les plus renommées de ces rivières
font I®. le N ig e r , fleuve d’Afrique, qui
rencontrant les montagnes de N ub ie , fe.
perd deffous & reffort à l’Ouéft de ces
mêmes montagnes.
Le Tigre , en Méfopotamie , fe
perd fous terre dans le mont Taurus , &
| fort de nouveau par l’autre côté de cette
: montagne.
3°. Ovide & Sénèque citent le Lycus
Se l’Erafinus, comme des ; fleuves qui fe
; perdent.
4”. JLa Guadiana , riviere d’Efpagne ,
|fê perd fous terre auprès de la vilie de
Médélin , & reparoît à environ huit milles
d’Allemagne de cet endroit.
j ”. Le Dan qui réuni avec le Jo r, forme
le Jourdain , le perd à quelques, milles
dAilemagne de fa fource, enluité il reparoît.
Nous avons fait l’énumération de plufieurs
autres rivières dans i’3rticle de Sénèque
, & nous avons expliqué les circonf-
tances qui contribüent à cette difparution ,
ainfmous y renvoyons. Voyez Sénèque.
« La plupart des petites rivières, quel-
» ques-unes de la moyenne grandeur , &
» toutes les grandes déchargent leurs eaux
» dans la mer ou dans des lacs, il y en
» a qui n’ont qu’une embouchure, d’au-
» -très en ont deux, trois, ou même
» davantage; plufieurs des moyennes &
» des . petites rivières fe déchargent dans
» de plus grandes. »
A 1 égard des grandes rivières , comme
le Rhin , l’Elbe , le Danube , le Wolga ,
il eft évident qu’elles ont plufieurs embouchures.
Quelques auteurs donnent au
Wolga plus de 70 embouchures. Le Nil
en a fep t, &V.le Danube un très-grand
nombre. Ce qui produit cette multiplicité
de canaux dans cette circonftance, c’eft
la fituation des bords de la mer, ; ce font
les écueils 8c les bancs de fables qui s’y
forment & qui., par fuccelîion de tems,
deviennent des ifles ; s’il ne s’en trouve
qu’une , la rivière a deux embouchures ;
s’il y en a plus, le nombre des embouchures
cfoît à. proportion.
Les courans d’eau qu’on appelle proprement
rivières, & qui ne fe.déchargent ni
dans d’autres' rivières, ni d’une manière
apparente dans la, mer, fè perdent dans
des amas de terre & de fable. Tels font
les courans d’eau qui fortent des montagnes
du Pérou, de l’Inde & de l’Afrique^
lefquels après un coursplus ou moins long,
finiffeht par être abforbés dans dès graviers
-a'ooridans ou des amas de fables : il
y a pareillement à Meten, village voifin
ou gbife Arabique, une petite riviere dont
le lit efkplein de gravier , fous lequel l’eau
fe cache l’été,. & cpule fans qu’on en découvre
la marche. Si ces rivières ne trouvent
pas d’iflues fôuterraines, elles fîniffent par
former des lacs ou.des étangs : mais il y
en a qui coulent fi lentement, fur - tout
dans i’A rabiè, que l’eau s’exhale en vapeurs
prefque à mefure qu’eîle loit des fources.
On en trouve aufî! plufieurs de cette lorte
ën Mofcovie : commele Confira, le Salle,
le Marèffa , le Jeleelk , 8c d’autres dont le
cours eft tracé fur des cartes particulières
de certaines provinces.
« Plus les lits des rivières font voifins
» des fources, plus ils font cieyés, enlprte