
Tels font les refultats des obfervations
de Sténon fur les gloflopètres quil avoiç
tirés du fein de la terre enToicane, &
de leur coinparaifon avec les dents des
chiens de mer qu’il avoit- difféqués. ^ On
fent que cette même marche 9 ces mêmes
raifonnemens peuvent être appliqués a tous
les autres corps organifés fofljiles. Auffi*
c’ efl dans ces vues qu’il a traite îe meme
fujet dans les paragraphes X & X I pré-
cédens.
On fera peut-être étonné que dans un
fxècle ou les vérités que Sténon veut établir
, font connues & regardées comme
inconteflables, je falfe reparoitre ce mémoire
de Sténon ; mais je réponds qu’il
e£t utile de connaître ceux qui ont combattu
pour ces vérités , & qui nous en ont
alluré lapofleflion & les avantages parleurs
travaux.
S U L Z E R .
Je diviferai ce que j’ai cru devoir emprunter
des écrits de ce naturalifle en deux
parties. Dans la première, il fera queflion
des vues générales d;e Sulzer fur la théorie
de la terre ; 8c dans la fécondé, de ce qu ’il
avoit imaginé fur l’exiltence des lacs dif-
perfés à la furface de la terre & fur les
effets produits par la rupture de leurs
digues.
Sulzer s’eft beaucoup occupé de la
théorie de la terre, & a renfermé les
réfultats de fes recherches & de fes méditations
dans plufieurs queflions dont il
tente de nous donner à-peu-près les folu-
tions dans un pareil nombre de propo-
fitions.
Dans la première queflion, Sulzer recherche
quelles font les différentes formes
que préfentent les inégalités dé la- furface
de la terre, & quelles en peuvent être les
caufes. Cet objet efl certainement fort
iiuéreffànt, & quoique ce naturalifle ne l’ait
pas difcuté dans une étendue convenable,
on doit luifçavoir gré de s ’en être occupé.
Dans la fécondé queflion il demande
pourquoi les grandes montagnes font
hériffées de pointes , pendant que 1rs.
moyennes & les petites préfentent des
fommets 8c meme applatis fur une très
grande étendue : on fent, de quelle impôt-
tance il efl; d’avoir faifi dés caradères
auflï propres à autorifer la diftindion de
deux ordres de montagnes 8cc.
Dans les quatre queflions fuivantes, il
s’occupe des differentes couches de la
terre foit horifontales, foit inclinées, foit
profondes, foit fuperficielles.
Dans la dernière & feptième , il traite
du travail des eaux fouterraines dans l’excavation
des grottes & des cavernes. Cet
objet tient plus qu’on ne penfe à la con-
noiffance du g lob e , du moins Sturmius
& Scheuchzer que cite Sulzer l’ont con-
fidéré fous ce point de vue.
Après ces difcuflions preliminairès , Suh
zer entré dans l’examen des hypothefes qui
ont été imaginées pour expliquer la formation
du g lob e5 mais j ’ai cru devoir
fupprimer de cette expofitiori -ce qui
avoit trait aux théories de Woodward ,
-de Burnet & de Leibnitz, attendu que
,ces mêmes détails fe trouvent dans les
notices qui préfentent le précis des travaux
-& des opinions de ces favans. Je ne fais
mention , que des idées fyHématiques dé
Ray qui n’a pas ici d’article féparé.
Sulzer paffe enfuite à l’expofîtion de foi»
hypothèfe dont il donne le développement
dans fix propofitions.
Il tente de nous perfuader dans la première
qu’il y a eu un temps auquel la
terre fe trouva dans un certain état de mol-
leffe & même de fluidité. On fent aifément
que cette fuppofition a befoin d’être expliquée
& réduite à fes juftes termes.
Il établit enliiite dans la féconde que
l’eau a couvert autrefois les fornmets des
plus hautes montagnes iorfqu’elles eurent
acquis une certaine confolidation.
Il eflàye de montrer dans la troifième
propofition qu’il y a eu dans les différentes
:partiês du globe diverfes inondations fucr
cellives, entre lefquelles il s’eft écoulé de
longs efpaces de temps. Ceci rentre dans
fou hypothèfe des lacs dont il fera parlé
par la fuite;.
Dans la quatrième , Sulzer s’attache
à prouver que toutes les montagnes n’ont
pas été formées dans le même temps, mi de
la même manière. Cette doétrine qui a reçu
depuis Sulzer de grands développemens,
n’avoit de fontemspour bâfe que de Amples
app.erçus. Par une fuite de cette dilcuffion,
Sulzer donne dans la cinquième propolî-
tion, comme un caradère diftindif d’un
certain ordre de montagnes , les cîrconf-
tancés dans lefquelles les matières dont
les couches régulières fe trouvent com-
pofées ont pu s’arranger, & i l a foin de
diftinguer fur-tout les cas où les matières
ont été dépofées dans une eau tranquille 8c fédentaire ,' 8c ceux où elles ont formé
des.fédimens au milieu d’une eau agitée
& livrée à de.grands mouvemens.
Il efl queflion dans la fîxième 8c dernière
propofition des différentes caufes
qui ont changé en to u t, ou en partie, la
■ Dernière aflîette des couches , ainii que la
lorme extérieure des, montagnes , .qui a
reçu de même de grands changemens à
b fuite des premiers.
On .trouve après ces propofitions une
4ppendix fur la figure des hautes, mon- j
tagnes, & fur les caufes adives qui peuvent
à la furface de la terre contribuer à changer
fon centre de gravité, 8c à produire-, lui-
vant Sulzer, quelques inondations; enfin
il termine le tout par ce,qui concerne
l’origine des fources & des fontaines , &
en général, la circulation intérieure des
eaux près de la furface de la terre.
J’ai cru devoir préfenter dans un
paragraphe féparé l’extrait d’un mémoire
dans lequel Sulzer expofe ce qu’il avoit
imaginé fur l’exiftence d’un grand nombre
de lacs difperfés à la furface du g lo b e , &
diftribués particulièrement aux pieds des
hautes montagnes, & dans le voifinage des
bords de la mer. Il y traite en détail des
effets qu’il a cru être autorifé par fes propres
obfervations à leur attribuer , lorfque les
digues de ces lacs ayant été rompues ,
comme il le conçoit, produifirent plu-
lieürs inondations locales dans les plaines
inférieures à leurs baffins. Je n’ai difcuté
ic i aucun de ces différens effets , non plus
que l’application des caufes que l’auteur
met en jeu dans les diverfes circonftances
qu’il parcourt. J’ai cru qu’il fuffifoit de
montrer dans des remarques .particulières
les difficultés que j’ai cru entrevoir dans
cette fuppofition des badins de ces lacs,
qui font la bâfe de l’hypothèfe de Sulzer.
Je trouve d’ailleurs les mêmes difficultés
dans la rupture fubite des digues de ces
- lacs, fans laquelle cependant tous les
effets imaginés difparoiffent également.
I.
Vues générales de Sulqsr fur la théorie de
la terre. .
Sulzer s’eft beaucoup occupé de la
théorie de la terre , & a renfermé Tes réfultats
de fes recherches 8c de les méditations
a ce fujet , dans plufieurs queflions 8c
propofitions que nous allons préfenter ici
le plus fuccindement qu’il fera poffible.