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en faire l’ufage que ces obfervateurs défirent
, en affujetüfi'arit ces faits aux vues
d’après lefquelles ils ont été raffemblés.
Cette forme qu’on doit donner aux
réfultats des obferyatîons fur les cartes de
géographie-phyiique , indique aux natù-
raliltes la manière de les recueillir & de
les rédiger fous des points de vue afforti;
à leur emploi ultérieur. Je fuis convaincu ,
par expérience , que fans l’emploi qu’on
fe propofe d’en faire , on ne fe feroit pas;
fouvent occupé de certaines vues de géné-
ralifation & de.rapprochement qui , fou-
vent , fervent à Amplifier les opérations du
géographe. Cette affociation de travaux
fait que le naturalifle adopte , dans fes
études , une manière particulière de voir
& d’analyfer les faits. Non-feulement il les
voit mieux , mais encore il les voit à
différentes reprifes & fous tous les rapports
inflruâifs ; il fe feroit borné à des déterminations
vagues , qui font fur beaucoup
d’objets toute notre fcience , au lieu que
ce qu’il étudiera dans ce plan de recherches
ferafavamment décrit & préfenté dans
un développement inftruftif & même élémentaire,.
Je dois infiller principalement fur ces
rédaâions élémentaires , parce que j’y
trouve deux avantages inellimables. Une
étude févère des objets d’hiftoire naturelle,
& la defcription exafte de toutes les maffes
jk de leurs formes.
Je le répète, cet emploi qu’on doit faire
des obferyatîons fur les .cartes , force les
naturalises à diriger leur marche vers un
but précis, à lier les faits analogues, à pré-'
fenter chaque objet d’après les caraftères
diflinétifs qui leur conviennent. Cette
marche eft , fans contredit, plus philosophique
que celle de certains géographes
de plufieuys écrivains qui ont Servilement
adopté leurs décidons. I ls fe font bornés à
dp fimples conjectures, fans Sentir l'imperfection
d’un pareil travail & fans être Frappés
des motifs qui pou voientinfpirer les moyens
de le perfectionner en le rédigeant fur le
plan que je viens d’expofer.
Je dois faire remarquer ici qu’on fent
aifément ce qui manque aux obfervations,
dès qu’on, tente d’en faire ufage fur des
cartes. Effeâivement, on rencontre les
plus grands obflacles dans leur emploi, fi les
faits ont été recueillis fans un but précis,
fans liaifon entr’eux , & fi le naturalifle
n’efl pas en état de préfenter un enfemble
bien complet & vu fous toutes fes faces ;
le vague , la confufion & le défordre's’annoncent
par des vides qui détruifent cet
enfemble fi néceffaire pour établir les
conféquences qu’on peut tirer d’un travail
que la géographie-phyfiquepeut avouer.
Ce font ces inconvéniens que j’ai vus
avec regret dans certaines cartes miné-,
ralogiques qui étoient deftinéesà préfenter
le tableau de fthiftoire naturelle des diverfes
contrées de la France. Ces cartes font rédigées
fans aucune figure du terrein. Les
objets y font préfentés par des caraftères
ifolés , fans aucune détermination relative
à leur niveau., à leur volume, a leurs
limites, & au fol dans lequel ils peuvent
être contenus. Les mémoires deflinés
à les faire connoître offrent le même défordre
& la même confufion , foit
dans l’arrangement des corps naturels ,
foit par rapport à la détermination de leur
niveau. Il ne paroît pas enfin qu’on s.’y
foit occupé à diftinguer s’ils font dans
leur giflement primitif ou naturel, ou s’ils
doivent leur déplacement à quelque changement
ou révolution. Voye^ la notice
de Guettard.
Il convient maintenant de donner a ces
principes des dëveloppemens fuffifans pour
en faire fentir tous les avantages, en faifant
l’application des moyens de la géographie-
phyfique à plufieurs points importais de
i’hiftoire du globe.
§, m
Géographie du globe.
Le premier objet fur lequel je montrerai
l’application des moyens que j’ai expofés
ci-deflus, comme appartenant à la géogra-
phie-phyfique eft la géographie du globe,
confidérée dans fes formes générales &
dans fes différentes modifications.
Lorfqu’on jette un premier coup-d’oeil
fur nos mappemondes,. la divifion la plus
générale,, qui fe préfente eft celle‘par
laquelle on conçoit la furface de notre
globe comme partagée en grands tractus
de terres fermes qu’on nomme continent,
& en grands baflins couverts d’eau qu’on
appelle mers. Comme dans les parties
couvertes d’eau on obferve plufieurs
pointes de terre qui s’élèvent au-deflus des
flots , & qu’on nomme îles ; de même on
remarque en parcourant les continens des
efpaces couverts d’eau. Si elle eft tranquille
& fédentaire, ce font des lacs &
des étangs; fi elle coule, ce font des
rivières & des fleuves. -
Les grandes parties de-terres fermes &
les grands baflins couverts d’eau, s’étendent
réciproquement les uns' dans les autres.
On obferve d’ailleurs que dans les configurations
relatives des limites qui cireonf-
crivent ces deux portions de la furface
du globe ,. la mer , fans aucune interruption
, environne de tous côtés les terres
fermes qui, en conféquence , font entièrement
fëparées les unes des'autres. Si la
mer pénètre dans l’intérieur des terres
fermes ou continens , ce font des Médi-
terranées. des golfes, des baies , des anfes.
D’un autre côté , fi les continens forment'
des avances plus ou moins étendues dans
les baflins de la mer , ce font des caps ,
des promontoires des pertinjules*
L e s can au x relferrés par lefq uels la mer
8 ° 9s
coule entre deux terres pour former des
méditerranées , des golfes, ou des baies
fe nomment détroits. On en diftingue trois
fortes, en tant que l’on confîdère les terres
qui forment les bords du canal ; ou ces
deux maffes de terre appartiennent au
même continent ou elles font partie d’un
continent & d’une île, ou enfin ce font
les rivages oppofés de deux îles , ou de
deux continens. Les détroits fous un autre
rapport peuvent être confidérés comme
formant une communication d’un grand
badin de la mer à un autre grand & large
badin comme le détroit de Magellan, ou
d’une mer à une Méditerranée comme le
détroit de Gibraltar & celui du Sund; ou
enfin d’une baie a une baie comme ie
détroit des Dardanelles.-
Il y a des golfes qui s’étendent en longueur
: d’autres qui s’arrondifîent a leurs
extrémités & préfentent une vafte ouverture
, fans d’autres détroits que ceux qui
font formés entre des îles & les bords des
terres fermes ou bien entre deux îles.
Enfin, quelques-uns. de ces golfes, d’après
un ou plufieurs détroits qui fervent de
communication avec la grande mer, fe
prolongent & fe .ramifient en plufieurs
branches , comme la Baltique.
Une bande déterré, t.eflerrée entre deux
mers , fe nomme ijlhme. Il elt vifible que
les ijlhmes réunifient de grandes portions
de continens à d’autres ou des prefqu’iles-
aux continens.
Quant aux îles & aux lacs qui font deux-
objets oppofés , on peut dire qu’ils occupent
des pofrtiens qui méritent d’être
fuivies, foit dans les baflins des mers pour
les îles, foit fur les continens pour les
lacs & les étangs.
Je. reprends maintenant toutes cesformes
modifiées, foit des parties du baftin de la
: iner, foit des terres fermes , & j’oppofe
les continens aux mers ,-les îles aux lacs,.