
plus en plus tous les débris qui y avoient
été précédemment eïifevelis.' Mais je dois
dire que Rouelle 1 diflinguoit avec foin
aux yeux de fes élèves ces explications
& ces Conjeftùres,'des .grandes vérites'qu’il
nous avoit annoncées dans fes premières
leçons.
Indépendamment dès changwnens uni-
verfels que-peuvent1 opérer fur -le globe
ces fortès de-révolutions, Rouelle nous
en faifoit envifagtï d’autres & même
très-confidérables & beau&oup s-pitis faciles
à rêcorînùftre , &■ qui-,'étoi'ent dus-à
des caufes qui agiffent chaque jour fous
nos yeux! [Délies font les eaux pluviales
la fonte' des neiges, les commotions violentes
des tremblemens de terre &- les
grandes éruptions des volcans.
Quelque part qu’ on porte les yeux , on
peut.fui»re & contempler , même avec
étonnement, les changèmens que lés eaux
ont produits à la furface de la terre» Les
grandes montagnes , quelque ferme &
folide que foit leur conftitution phyfique
& leur compofition, étant toujours le pdus
èxpofées à l’aftiondes différents niété,très,
font p eu t-ê tre les parties du globe qui
éprouvent les plus grands changemens.
Ce n’eft pas allez des débris énormes dont
ellesfont couvertes , ces débris font encore
tellement ' entrâmes par les ‘tor-réns’
qui y prennent leurs fources, qu’ils forment
de. nouvelles montagnes aux pieds des premières
, & vont former de nouveaux ter-
reins dans les plaines voifînes & même dans
le baffin de là mer.
Quels changemens n’ont pas produits
Sc ne produifent pas encore les grands
fleuves fur tous les térreins qui font expo-
-fés à l’aétion des eaux coûtâmes qui rèm-
plilTerit leur lit & fur-tout à leurs débor/
demerisï Qu’on juge du Gange, des.grands
fleuves de la Sibérie, des plus.grands encore
qui fe partagent l’Amérique , par
ceux de notre Europe,1 la Garonne, la
Loire , le Rhône , le Rhin & le Damibé.
Qn ne peut fuivre , étudier & contempler
la profondeur de leurs vallées, la
vafle étendue, des terreins qu’ils ont couverts,
les débris des montagnes & des collines
qu’ils ont tranfportés, & qui ont
fervi à combler tes plaines'qui fe trouvent
au fond de leurs vallées. Voyez ce mot
dans le diétionnaire.
Nous paffons à ,un .autre ordre. d’évév
nèmens que l’on a fouvent lieu d’obferver
fur le globe , & qui frappent le pluà les
habitarls qui en,fgnt .témoins , parce qu’ils
font .accompagnés . de grandsj fracas,, &
lui vis , de grands défaftres. ■ Ce font lés
éruptions . des volcans, ou' les, fecpufles
violentes des tremblemens de terre , 6c-par
iefquels la terre paroît même s’ébranler
jufque dans fes fondemens.
Le golfe de Santorin tient aujourd’hui
la place d’une partie de cette grande ifle
quia été engloutie,,, & la plupart des ifles
dfe l’Archipel font les relies d’un continent
confîdérable autrefois découvert & au-
deffus 'des flots ,-mais aujourd’hui affaiffé
dans les gouffres excavés fous lui.
_ C ’eff par des commotions femblables
& peut-être réfultantes delà même caufe-,
que la mer-Noirc s’eft ouvert un paffagc
rat l’Héllespont, & a verfé fes eaux dans
la Méditerranée.- Rouelle citoit à cette
occafion l’opinion de Tbürnefort qui
avoit obfervé toute cette contrée, & c’eft
aflurément là marche des eaux la plus na-
tiiiêlle & lapltîs vraifémblable. Toute cette
partie de là Thrace, les ' côtes dé i’Àfie
Mineure, celles de la Syrie & de l’ancienne
Judée , portent encore aujourd’hui
des marques indubitables à qtfi fait les
recorinôître , des ravages qu’y ont faits
autrefois les. feux, fouterraiiis. Témoins
la nier Morte ou la mer de' Galilée , d’oil
l’on tire, fuivant lés voyageurs Ejanois!,
beaucoup de produits de volcans.
Une femblable cataftrophe aura d e 1
même forcé & détruit l ’ifthme de Gibral- .
tar & ouvert ce' détroit 'qui a fourni
un débouché aux eaux de l’Océan, Rouelle1
ne croyoit pas qu’on pût révoquer en
doute l ’èxillence de l’ancienne ifle Atlantide
fi célébrée par les anciens, & fur
laquelle les détails les plus intéreiians nous
ont été tranfmis par les égyptiens, & probablement
exagérés par Platon. Ce quicon-
firmoit l’opinioji de Rouelle fur i’exiftence.
de Fille . Atlantide , . c’étoit l’attention
qu’il avoit donnée à l’état des lieux où-
il-la plaçoit, & fur-tout à la petite profondeur
de l’Océan dans ces parages. Ce,
qui l’autorifoit à penfer que la deftrudion
de cette grande ifle avoit été la fuite d’em-
brafemens & de commotions fouterraines
qui avoient produit un affaiffèment général
de terres mal-affuqéès, c ’étoit le rapprochement
de plufieurs faits qui lui avoient
perfuade que toute cette contrée portoit
fur un immenfe foyer. L ’affreufe cataftrophe
de Lisbonne lui en paroifloit une
preuve frappante : outre cela, il bous in-
diquoit une folphatape d’où l ’on tiroitdu
fouffre, dans un endroit nommé Conil,
diftant de trois lieues de Cadix, d’une
lieue de la mer & de dix lieues de Gibraltar.
Ce lieu brûle encore , puifqtfon elt
infeâé d’une forte odeür de foufre à plus'
d’un quart de lieue de l’endroit.
Les illés Canaries, d’un autre côté,
n’étoient pas éloignées de ce terrein englouti.
Tout le monde fait que le pic de
Ténériffe eft un volcan qui jette encore
quelquefois des flammes &- prefque toujours
de la fumée. Ce qu’il y a de certain ,
c’eft que toute la maffe conique du pic eft
volcanifée, & qu’une très-grande partie
de Pille a éprouvé les effets des feux fou-
terrains. C ’eft dans ces parties-qu’on trouve
des laves complètes, des fcories & fur-tout
des terres cuites : il en eft de même des
Açores.
Si nous avions une hiftoire fuivie des
changemens qu’ont oceafionné dans le
Pérou ces énormes foyers qui brûlent,
journellement fous une grande étendue
de la chaîne des Cordilières, les éruptions
qu’ils ont produites & les fecouflès fréquentes
qui en ont été la fuite , on feroit
étonné des mouvemens irréguliers auxquels
on eft expofé dans ces contrées, &
combien leshabitans en ont fouffert depuis
long-temps.
D’après tous ces faits que citoit
Rouelle , faut-il chercher d’autres caufes ,
foit générales foit particulières, pour
expliquer les révolutions dont la furface
de la terre a été le théâtre continuel :
mais nous ne nous bornerons pas à ces
apperçus, nous paffons à un des changemens
les plus étonnans , celui de l’cnfouif-
fement des forêts immenfes, à la fuite
duquel fe font formées les mines de char*
bon de terre.
Des charlons de terre.
Rouelle a toujours regardé les mines
de charbon de terre comme étant le réful-
tat des amas immenfes de bois de certaines
efpèces, defcendus des continens qui
formoient les bords de la mer & qui ont
été tranfportés & enfevelis dans fon baffin.
C ’eft là qu’une fermentation lente de ces
végétaux mêlés avec les terres & les débris
des animaux, en a fait les réfidus que nous
connoiffons, & dont nous avons tiré de fi
grands avantages : à quoi il- faut ajouter
pour donner une idée cotnpiette de cette
opération de la" nature , telle que la con-
çevoït Rouelle , les bancs de terres & de
pierres que les eaux ont fucceflivement
accumulés au-deflus des dépôts de ces
bois.
Rouelle au relie diftinguoit avec la
plus grande attention les couches des charbons
de terre1 formées dans le fein des
mers, d’un autre forte d’amas de bois fof