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la terre étoient avant le déluge des cercles ;
parfaits ; que le déluge a commencé le
dix huitième jour de novembre 2349
ans avant l’ère chrétienne ; que l’année
Polaire & .l’année lunaire étoient les mêmes
avant le déluge & qu’elles contenoient jufte
360 jours ; qu’une comète defcendant dans
le plan de l’éclyptique vers fon périhélie
a pafle tout auprès du globe de la terre
le jour même que le déluge a commencé;
qu’il réfide dans l’intérieur du globe ter-
reltre un fond de chaleur qui fe répand
du .centre à la circonférence : que les montagnes
font les parties les plus légères de la
terre. C’eft au déluge univerfel que Whiflon
attribue toutes les..altérations & tous les
qhangemeps qui ’ font arrivés 5 - la furface
du globe, aipfî.que dans fon intérieur ;
.fit pour faire,..l’application de tops .les
ragens qu’il'inet eu ce uvréiL .adoptu .entièrement
l’hypothèfe "de Wbodwrârd ,
fe fert de-toutes, les robferyatio,ns de;
cet auteur au fujet de l'état adufel de la'
.terre; mais il yajoute ; beau coup fori qu'il
jvient à, s’occuper, de fon état futur. Selon
lui,: elle périra par le feu , & fa deltruc-,
tion-fera précédée de météores effroyables.
Le foleil & la lune auront un afpedhideux,,
lesécieux 'p_ar.o.îtfant,s’éerouler , Pfocendjej
’fera général ■ for la terre ; mais ferlque le!
feu: aura, déyoré ce qu’elle contient d’impur
, lorfqu’elle fera vitrifiée & tranfpa—
rente.comrne le cryftal , les- faints & iesj
bienheureux viendront en prendre ..poflèf-
'fion pour l’habiter jufqu’au temps du ju-
geme'fit dernier.
L’auteur a manié avec tant d’adrefife &
réuni avec tant de force' toutes ces.hypo-
thèfes. qu’elles celfent de paroître téméraires
& chimériques , & prennent fous fa
plume un air de vraifcmblanoe. On le
fuit fans répugnance lorfqu’ilnous parle du
Tout- EuiQant qui dre la terre du nombre
des comètes pour en faire h ne planète,
au .ee qui revient au. mêmeqdorfque
d’un cahos. informe, il en fait .une .babi-
Uiion'tranquilie: & un fejour agréable; On
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fait en effet que les comètes font fujetes à
des viciflîtudes terribles à caufe del’excen-
tricité de leurs orbites ; tantôt il y fait une
chaleur excelïive, tantôt il y fait un froid
violent; elles ne peuvent donc être habi»
tées par aucunes créatures qui ne fauroient
endurer ces états extrêmes fans périr.
Les planètes, au contraire , font des
lieux de repos & d’une température affei
égale & uniforme, attendu que la diftance
du foleil n’y varie pas beaucoup , & qui
fa chaleur bienfaifante favorife -le _ dévei
loppement, la durée & la multiplicatioi
des plantes & des animaux.
Reprenons maintenant le plan général
de Whiilon, il nous apprendra qu’au commencement
Dieu créa l'univers , mais <M
là terre,-, confondue-, avec les autres âflra
.errans.rfétoit. qu’une comète inhabitabjï
fouffrant alternative,ment -.l’excès 'du .froid
& du chaud , & dans Jaqueile les mat,ièt|
fe liquéfiant, fe vitrifiant, ie glaçant tout
à-tour , iformoient un cahos , un abîuii
enveloppé, d’épaiiTes ténèbres. Cç ■ cai,yl
étoit i’atmofphère de la comète , qu’il faj
fe reprefenter comme: un aiîbmblagc J
matières hétérogènes , dent ie centre étojl
occupé par un .noyau fghérique, folide-l
chaud, d’environ deux mille lieues «
diamètre,autour duquel s’étendoit une trè
grande circonférence d’un fluide épais U>®
d’une matière, infor me, confufe. Lette val
atmofphère ne contenoit que fort peu «
parties folides ou, terreufes, encore uioW
dé particules aqueufes ou aériennes Jn-jj
enfembie.
Telle étoit la terre ‘à la veille des I
jours ; mais des. leJendeiçajn,,
dès le premier jour* de là création, fuiva^
le fyftême .de Whiflon , lorfque l’prbiii
excentrique de la -comète eut été changi’
en, une ëliipfe prefque circulaire ,schaf
chofe prit-fa:place, & les corps,q-ui co»J
-pofoiènf lê'Oahos s’arrangèrent -fui.van"
-foi-de leur gravité fpéçiiiqùe ; les pat*
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[les plus denfes defeendirent au plus bas
[^-s’arrangèrent autour du noyau les ma-
[tières terreflres mêlées d’eau fuivirent &
[abandonnèrent la région fupérieureà l’eau,
lenfuite à l’air. Cette fphère d’un volume
liuimenfefe réduifit à un globe d’un volume
; médiocre, au centre duquel elHe noyau,
Iqui conferve encore aujourd’hui la cha-|
■ eur que le foleil lui a autrefois corn-;
Imuniquée lorfqu’il étoit noyau de co-
îniète. Cette chaleur peut bien durer depuis
Ifix mille ans puifqu’il en faudroit cinquante
(mille à la comète dé 1680 pour fe re-j-
tfroidir. Autour de ce noyau folide,& bruyant
St qui occupe le centre de là terre,
i Je trouve le fluide denfe & péfaht qui
(defçendit le premier ; c’eft ce fluide qui
I forme le grand abîme fur lequel la terre
(porte,. Comme-les parties terreflres etoient
■ mêlées, de beaucoup d’eau, elles ont en
(defcendant,entraîné une'partie de cette eau
J,qui n’a, pu remonter lorfque la croûte de;
lia terre a été confolidée; & cettè eau
■ forme une couche concentrique au fluide
(pefant qui enveloppe le noyau , de forte
i que le grand abîme eft compofé de deux
(orbes concentriques ; dans ie plus bas efl
(un fluide pefant, & le fupériéur efl de l’eau.
(C’efl proprement cette couche d’eati qui
» fert de fondement à la terre, & c’efl de
(cet arrangement étonnant de l’atmofphère
(de la comète devenue terre que dépendent
(tous les points de la théorie de Whiflon,
(& l ’explication des principaux phéno-
(mènes.
D’abord on fent bien que quand l’atmof-
î phère de la comète fut une fois débar-
j raflée de toutes les matières folides & ter-,
(reflres , il ne relia plus que la matière
( légère de l’air , à travers laquelle les rayons 1 du foleil paffèrent librement ; ce qui ,
( tout-à-coup produifit la lumière. En fécond
(lieu les différentes parties de l’orbe de la
(terre s’étant raffemblées avec précipita-
ïtion , elles ont dû fe trouver de denfités
:| différentes,& par conféquent les plus peian-
9 tes ont enfoncé davantage dans k fluide j
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fouterrain , tandis, que les plus légères fe
font enfoncées à ,une moindre profondeur^
& c’ëft ce qui a produit à la furface de
la terre les vallées & les montagnes. Ces
inégalités'étoientavant le déluge diflribuées
autrement qu’elles'ne ' le font aujourd hui ;
au lieu de la vafte vallée qui contient
l’Océan, il y avoit for toute la furface
du globe , pkiCeurs petites cavités fépa-
rées qui contenoient .chacune une partie
de l’eau qui avoit gagné la furface de li
terre,,ce qui faifoit autant de petites mers
'particulières.
Les montagnes,, étoient auffi plus divî-
fées , & ne formoient pas dés chaînes
foivies comme elles en forment aujourd’hui.
.Dans cet' état . la:; terre .étoit beaucoup
...plus peuplée:,. & Par conféquent beaucoup
.plus-ifei-tije qu’elle ne i eft aujourd’hui.
La vie des hommes étoit dix fois
pliis longue-, & tout'-,cela parce que la
chaleur, intérieure de la terre,qui prove-
noit du noyau -central -: etoit alors dans
toute fa forcé, & que ce plus grand degré
de chaleur faifoit éclore un plus grand
nombre d’animaux', germer une 'plus
grande quantité de plantes, & donnoit.aux
U11S& aux autres le degré de vigueur nécef-
faire pour durer plus iong-tems & multiplier
plus abondamment. Mais cette
même chaleur porta malheureufement à
la tête des hommes & des t aux',-elle
augmenta les pallions ; tout, à l’exception
des poiflons , qui vivent dans-un
élément froid, fe rcffentit de cette chaleur
du noyau ; enfin tout devint criminel &
mérita la mort. Elle arriva cette punition
un mercredi 28 novembre,1 par le moyen
l'd’un déluge affreux de quarante jours &
quarante nuits ; & ce grand événement
fut caufé par la queue d’une autre comète
jqui rencontra la terre en revenant de fon
périhélie.
La queue d’une comète eft, comme on
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