
D ’aprcs cette confidération de tous ces
lacs falés qui reçoivent des rivières &
qui n’ont pas d’iflue, Halley en tire cette
conféquènee , qu’il faut néceffairement
que les eaux verfées par les -rivières,'
éprouvent une évaporation au moyen de,;
laquelle les eaux douces s’exhalent en
vapeurs pendant que les particules faillies
apportées par ces rivières, & qu’elles
ont dilfoptes en lavant les terres fur lef-
quelles elles paffent, relient dans l’eau
qui n’eft pas évaporée. Il efi donc évident
que le fel continuera d’augmenter
dans les lacs , & que leurs eaux deviendront
(le plus en. plus falées. Mais dans
les lacs qui ont une ou plufîeurs ifïues,
comme eft le lac de Tibériade;, le lac
fupérieur de Mexico , le lac de Genève,
& la plupart des autres lacs de Suilfe ,
l’eau s’en écoulant continuellement entraîne
tous les principes falîns dont elle peut
être chargée à melîire qu’elle arrive; &
il en eft de même des autres eaux qui
les remplaçent, dans lèfquelles les particules
falines font en fi petite quantité
qu’on ne peut s’ en appercevoir.
Mais fi telle eft la vraie çaufe de la
falure des lacs dont nous venons de parler,
n ’eft-il pas très-probable que l’Océan
n’ait acquis le dégré de falure qu!ii_ a
que par la même caufe ? & ce principe
étant établi, Halley préfume qu’on
pôurroit par la falure êftimer la durée
de toutes chofes. Car fi l’on détermînoit
quelle" quantité de feL eft maintenant
contenue dans une quantité d’eau donnée
par le poids : l’eau par exemple dé la
mer Cafpienne prife dans un lieu déterminé
& dans la faifon la plus fèche , &
qu’après quelques ftècles, le même poids
d’éau pris -dans le même lieu & dans les
mêmes «confiances foit trouvé contenir
une quantité fenfiblement plus grande de
fel qu’au tems de la première expérience :
on pourroit par la règle de proportion
eflimer tout le tems dans, lequel l’eau
'auroit acquis le dégré de falure que nous
lui trouvons maintenant.
Cette expérience feroit encore plus
concluante fi par un effai femblable, on
trouvoit une pareille! augmentation dans
la falure de l’Océan qui reçoit d’innombrables
rivières , lefquelles. dépofent dans
fon badin, les parties de fel dont elles
ont dépouillé les continèns qu’elles ont
parcourus. Mais comme ce moyen ne
peut être d’aucun ufage poùr nou s, parc
e , qu’il demanderoit trop de tems, il
auroit été à défirer que les anciens auteurs
grecs & latins nous euffent fait connoître
le'dégré de falure de la mer ïl y a deux
mille ans , nous ferions aujourd’hui en
état de juger de cette augmentation qu i,
je ne doute pas, feroit très-fenfible.
L ’auteur finit-par délirer que les académies
qu’il regarde comme devant être
de longue durée veulent bien faire de
fuivré ces expériences, dont les réful-
tats ne peuvent qu’intéreffer la poûérité.
- Quoi qu’il en foit de ces expériences,
on ne peut douter que les preuves du
doéleur Halley n e ', foient,/très .- concluantes
& que lés effets naturels des eaux
courantes ne nous indiquent de femblables
réfultats. ( Voyeg_ l ’article falure. des eaux
de la mer dans le diélionnaire.
H E N C K E L .
Extrait du chapitre V , de la pyrito-
logie.
. L ’extrait que je joins ici & que j ’ai
tiré de l’ouvrage favant .& inftruâif de
cet habile chimlfte, roule fur deux malles
d’objets qui ont trait a la compofition
du glob e, fur-tout dans les parties qui
renferment des métaux. On y traite d’abord
des différentes natures de terres ,. de
métaux, de minéraux, & luMput de la
pyrite aux premiers âges du -mondé.
J’ai cru qu’on feroit fort aife de vqir
dominent un profond chimifte allèinancj
: avoit fuivi les différèns progrès." de la
création, fur-tout fi l’on compare fa marche
avec certains phyficiens'un peu. romanciers
qu i fe font occupés de femblables
difpofitions : on voit pour lors que ces
différèns mondes portent l’empreinte du
génie & des connoiflances des auteurs
qui en hafardent la defeription. Si l’on
n’adopte pas tous les plans hypothétiques
de Henckel, on-en fera du moins dédommagé
par fes vues fur les matières premières,
fur la-compofition des. couches
de la te rre , fur les terres métalliques ,
fur l’arrangement & là diftribution des
filons, 'que cet habile: minéralogifte nous
développe pour appuyer fes affertions , :
&. pour en former un certain énfemble :
c’eft ce que renferme l’article premier,
Dans le fécond ,- Henckel traite des.
révolutions que le déluge a pu opérer',
fuivant lu i, dans les couches yoifines. de
la furfaçe'de la ferrer Ceux qui ne /.croient
p o in t1 à l’influence de cette .inondation
générale fur l’organifatioimâueUe du globe,
{auront , je crois, biejrecarter cette cataf-
trophe pou-r fe borner à faifir les détails
inftruélifs qui fe trouvent dans le travail
de Henckel, & qui, même, bien examinés
& bien difcutës, pourroient détromper
facilement fur les effets du déluge. Ce
renvoie ainfi à l’article Holbach, où les
raifons. principales qu’on peut opofer à
Henckel font développées avec-autant de
force que d’intelligence. .
Au relie , délirant offrir à mes leéteuvs
tout ce qui a été écrit par des vues différentes
fur la conftitution du" globe ,
j ’ai cru que ce mélange ne. devoit point
m’engager à fupprimer ce qui fe trouve
d ’inflrudif fur les mines, de traiifport -,
fur les couches de la furface de la terre;
en un mot, fur les effets qu’on attribue
au déluge & qui annoncent aux pe.rfonnes
dégagées de tous.préjugés..des caufes plus
fimples & plus1 naturelles.
H E N
I .
Vue s générales fur la formation primitive
des terres , des métaux, & fur-tout des
pyrites dans le fei/i de la terre ; avec
des réflexions fur la féparation des
matières folides & fluides, & fu r la
diflinâion des trois règnes de la nature.
En réfléchilfant fur la forme intérieure
primitive "de notre globe compofé de
terre & d’eau, dans lequel les minéraux
font contenus, ,1a r.di'on aulli bien que
le témoignage de;Moïfe nous font voir
qu’elle étoit très-différente d e là forme
que prit ce même globe à la fin du
fixièmé jour de la création ou de celle
qu’il a maintenant, puifqu’alors il s’étoit
fait des réparations & que les fubftances
fluides s’étoient déjà féparées des folides.
Quant à la "forme, extérieure de notre
globe , Moïfe nous apprend qu’elle a été
changée par la production des végétaux,
& qu’enluite, ce même globe a, éprouvé
' par le déluge univerfel des révolutions
confidérables , non-feulement à fa furface,
mais encore dans fes parties intérieures ;-
qüe la terre fertile & noire dont il étoit
couvert, a été détériorée par le mélange
des débris des pierres, des terres- minérales
& grolfières , des fables & de toutes
fortes de màt-ières étrangères à fa première
conftkution : que là figure quiétoit d’abord
fphérique & régulière, eft devenub .informe
& raboteufe, Henckel ne parle
ici que de la première mixtion ' générale
qui fe -trouvoit dans le globe terreftre,
avant qu’il fût queftion d’aucune produc-r
tion ou combinaifon:, & lorfqu’il n’étoit
encore qu’un lîmple mélange de terre &
d’eau. Il,e ft impoflible que ce' mélange
ait été fait d’une manière purement méchà-
nique; au contraire on a lieu de croire, que
ce qu’oi-l appelle le cahos, n’a été qu’une
matière vifqtieufe , c ’eû-à-dire un mélange
dans lequel les. parties folides & . /les
; parties fluides- étoient tellement confondues
, qu’elles n’auroient pas été en état
* de fe fpparer. les unes des autres avec