
greffier. Les autres terres fe dépoferent"
enfuite par lits à proportion de leur
péfanteur. Il s’en forma d’autres au-deffus
de la couche la plus profonde , parmi
lefquelles fut celle qui devint par la fuite
du charbon de terre. Il s’en forma encore
de nouvelles après celles-ci, & enfin il fe
dépofa une couche d’une forte particulière
de pierre , quiefl communément rouge ,
jaune ou brune. Ce fut là le premier dépôt
que firent les fubftances détrempées par les
eaux. Quandparla fuite les eaux laiflèrent à
fec les fo minets des montagnes-primitives ,
elles en entraînèrent encore bien des fubf-
-tances , le vent qui s’y joignit mit les eaux
dans une agitation violente & augmenta leur
force. Enfin elles demeurèrent long-temps
tranquilles dans les plaines; par-làles parties
terreufes qui avoient été détachées des
montagnes & délayées par les eaux, fe
dépoferent. C’eft cë qui forme les différais
-'bancs-qui font portés fur le foi rouge,-
bâfe des charbons de terre. Ces dépôts
comprennent donc les ardoifes jufqu’à la
première couche , qui ell à la furface de la
terre. Quant à ce qui concerne les irrégularités
qui fe trouvent dans ces montagnes
à couches, Lehmann penlà qu’elles ont eu
lieu , parce que les parties terrellres qui fe
dépoferent ont pu s’amafler tout naturelle- i
jnent dans les creux ou dans les ouvertures
approfondies par la violence des eaux &
par la forme des couches, qui s’enfonçoient
profondément en terre. Lorfque ces cavités
pu ces creux, ouvrages des eaux , ont
été très-grands & très-profonds , en forte
que les eaux y avoient formé un tourbillon,
la matière que l’eau entraînoit fut longtemps
fans pouvoir fe dépofer àvec tranr
quillité, tout fut confondu ; de là viennent
les différëns rejiverfemèns des couches.
D ’un autre côté ces couches ont pu fe-
dépofer dans certains endroits qui étpient
plus élevés que d’autres ; c’eft là l’état du
terrein , dans lequel qn trouve que les
çouches font un fàult ou s’élèvent brufque--
ment. En un mot, c’eft à des accidents de
■ cette nature que font dye? les irrégularités
& les inégalités qui dérangent fouvent le
paralléiifme des couches , 8c qui font que
tantôt on les voit s’elever , & tantôt on les
voit s’enfonce’^. Ainfi l’on voit que les
•couches n’étoient originairement que de la
terre atténuée & divifée, compofée d’argile
, de terre calcaire , de fable de
débris depierres.de différentes grandeurs,
de plantes , foit entières fait à moitié
détruites , d’animaux , &c.
Lorfque les eaux furent écoulées, lèvent
auffi bien que le foleil , qui vint à luire fur
les couches les fécha , & ce déflechement
fe fit de manière que chaque banc ou lit
fe trouve féparé , & cela devoit néceffaire-
mentarriver, attendu que ceslits différoient
les uns des autres-par les fubftances dont
les couches étoient compofées : 5c confé-
quemment ces lits ne pouvoient être étroitement
liés & encore moins fe combiner
enfemble , attendu qu’ils n’en ont eu ni le
temps ; ni les moyens. Par le defféchernent
il ne pouvoit manquer de fe former en
1 piufieurs endroits de ces couches , des
fentes , foit horifontales Toit perpendiculaires
que la nature à par la fuite remplies de
nouvelles fubftances. Voilà pourquoi,
furtout dans les endroits où les' couches
varient & changent de pofition , on trouve
foüvent des ' pierres d’une nature toute
différente, telles que font le talc , le fpath ,
la félénite.
Nous favons que c’eft la pierre calcaire
qui forme le toit ou la couverture des
couches dont nous avoirs parlé; que cette
pierre eft difpofée à fe diffoudre peu-à-peu
dans l’eau. Nous favons auffi que toutes les
couches font remplies de fubftances qui
. contiennent de l’acide vitriofique , qui eft
renfermé, foit dans les charbons de terre,
foit dans les ardoifes. On trouve auffi fou-
vent que ces fentes font remplies d’autres
efpèces de terres ou de pierres, qui ne fe
font pas trouvées p ropres à fer vir de matrice*
aux métaux & aux minéraux. C’eft du là
que viennent ces dérângemens que l’on
rencontre fréquemment dans les mines par
couches , êc que l’on défigne fous le nom
de roches faiivages. Tous ces détails fur la
formation des monta'giies à couches, peuvent
êtr-f utiles1 , non-feulement pouKU.
minéralogie , mais encore "pour répandre'
du jour fur l’hiftoire naturelle de notre
globe. Cette diftinâion des différëns ordres
de montagnes , leur correfpondance &
leur relation établies par des obfervations
multipliées, offrent une fuite de principes
lumineux & très-importans par leur - enfemble
pour la Géographie-pkyfique de
cette partie de l’Allemagne que Lehmann
nous a fait connôître.
Des différëns lits, dont les couches font
g ordinairement compofées dans lès montagnes
qui ' environnent' les montagnes
primitives.
Après 'avoir effayé de rendre raifon.
de l’arrangement & de la formation des.
couches dans les montagnes du fécond
ordre, Lehmann tâche de faire connoître
plus en détail les différents lits dont ces
couches font compofées; pour cela il
donne d’abord une defeription générale des
lits qui co mp oient les montagnes à couches ;
enfuite. il examine quelques-unes de ces
montagnes , eu égard aux differents lits
■ qui s’y rencontrent.
Avant que d’entrer en matière, il eirpofe
quelques règles ou avis préliminaires, fondés
iur l’expérience & l’obfervation ; il
commence par avertir qu’en parlant de
ces lits qui compofént les couches de la
terre, il n’a point égard à leurs variations
, à leurs renyerfements, à leurs,
irrégularités , à leur façon de s’élever
ou de s’enfoncer ; il ne fera donc quel-
tibn que des couches qui ont leur direction
& leur' inclinaifon régulières.
,^En fécond lieu, ceux.qui veulent examiner
les couches par eux-mêmes, doivent
toujours commencer leurs recherches
par les couches les plus profondes qui
touchent immédiattement aux montagnes
à fflons ou ..primitives, & les difeonti-
nuer aux endroits où ces. couches fe
perdent dans'1 les plaines.
".'"•En troifieme lieu, il faut tâcher de
I recqnnôître- exaâement la nature des
terres dont, les différents lits font com-
pofés ; cela mettra en état de rendre raifon
pourquoi un lit s’eft dépofé plutôt
qu’un .autre.
Cefa pôfé-, voici ce qu’une obfervation
raifonnée des couches à pu apprendre
de certain : i°. Les: lits ne-' font point
partout en même nombre. Cette variété
vient de piufieurs cailles; - en effet les
terres qui ont été délayées par les eaux
du. déluge' uniyèrfèl n’étoièlit pas de
nature différente, dans un même lieu. La
plupart 'étoient homogènes & par con-
féquent plus propres,à fë dépofer à la
fois que dans un autre lieu où il y en
avoit d’un plus graBd nombre de natures ■
différentes ; c’elt pour cela qu’on voit
des maffifs ou ; montagnes très-confîdé-
rables qui ne faut formées que de trois
ou'quatre lits. On peut citer pour preuve-
la montagne de Freyenwald , dont la
partie fupérieure n’eft que, de fable mêlé
d’une petite portion de terreau ; au-
deffous de ce fable eft un banc de pierre
calcaire en morceaux détaches;, & au-
deffous de' ce lit- eft celui de la mine d’alun.
On voit, donc que toute la montagne
n’eft compofée que de trois lits.
2®. On remarqué que les bancs ou
les.,' lfts dont les montagnes font compofées
One font point également épais;
la . ration de . cette ■ différence vient en
partie des terrés qui ont été. délayées ,
en partie de la pofition des hautes montagnes
à filons, qui font dans le voifi-
n.age ■ & en partie du mouvement des
eaux qui ont dépofé ces lits ; les fubf