
volume d’- i de pouce cub e, toutes celles
contenues dans ce pouce eulfent formé
un folide de 2 mille 314 toifes cubes ,
.& par conféquent ce pouce auroit pu
couvrir d’un banc de deux pieds d’épaif-
feur & fans aucun vuide une -fuperficie
oe 65)42 toifes carrées. Quand on examine
tous les autres bancs du pays , on recon-
noit qu’ils ne font pas formés d’autres
matières ; que ceux dont le grain eft le plus
fin ne font compofés que de cette même
femence écrafée & des autres coquilles, les
unes brifées & les autres comminuées en
poudre fine : ainfi en ne conlîdérant l’efpace
d’où cette pierre fe tire que fur trois lieues
carrées & une quarantaine de toifes de
hauteur , on voit qu’il a dû y avoir un
tems où cette malfe énorme qui contient
623 millions 7 j y mille toifes cubes n’a
été qu’un folide de iy d pieds cubes environ.
Nous n’avons pas pris ici les termes qui
auroient rendu cette croiffance encore plus
merveilleufe 5 car i° . la grolfeur de ces
femences n’eft pas fa première grolfeur,
puifqu’elle n’a pu parvenir à ce terme
que par une infinité de degrés inféri-urs
par lefquels doivent palfer tous les êtres
qui fe développent organiquement ; 20. les
pierres dans lefqueJles cette femence ell
confirmée & b ro yé e , font bien plus com
pactes & en contiennent par conféquent
bien plus de 46 millions par toifes cubes ;
8c 3®. il eft certain que cette femence
é to it, pour la plus grande partie dénaturé
à acquérir un. plus grand volume que
celui d’^j' de pouce cube , chofe fenfible
par les coquilles plus entières & plus avancées
, & par les fragmens épais que l’on
trouve dans les autres pierres de la contrée.
Si les deux extrêmes de ©es volumes
& grandeurs etoient connus, ces feules
carrières nous feroient prefque ju g e r , à
coup fur , que la maffe des collines &
même de plufieurs montagnes & la plus
grande partie des continens, ont eu pour
commencement fous les eaux des malfes
peu confîdérables.
J’ai trouvé les mêmes embrions dans
un grand norn' re d’autres carrières 5 le
boulin, par exemple, de la pierre de
Saint-Maur & des autres pierres dont on
fe fert à Paris eft de même nature. Toutes
les carrières des coteaux de Choignes,,
près Chaumont en Balfigny , font rem-t
plies de ces embrions de coquilles; mais
ce n’eft pas le boulin feul, c’eft la pierre
entière de toute la carrière qui. en eft
formée. J’ai fait les mêmes remarques en
plufieurs contrées de la France ; ainfi les
pierres qui font entrées dans la conflruc-
tion des parties hors des eaux du pont
d’Orléans , ont aufïï un boulin de cette
nature , & ces embrions .qui ne fe voient
ordinairement que pétrifiés dans les pierres
dont je viens de parler, ainfi que dans
beaucoup d’autres de la vallée de là Marné'
& de la Loire , que j’omets i c i , fe retrouvent
en nature & femés dans les fa-
blons de Courtagnon-, de Grignon, de
Pont-le-Vire, de Mary & L ify , de Da-
mery & de tous les autres lieux connus
par leurs beaux coquillages fofliles. IV.
IV . La fécondé obfervation fe trouve
dans la même lettre dont j’ai tiré la première
; elle ne prouve pas avec moins
d’évidence combien la fubflance de nos
pierres doit aux animaux marins. C e
même boulin de la pierre de Savonnières
en Champagne ., de Saint-Maur , de Saint-
Leu près Paris, les pierres mêmes où
ces embrions trop comminués-ne fe distinguent
plus, & où l’ on ne diftingue pas
plus le moindre veftige* de coquilles 5
toutes ces pierres échauffées fous le marteau
ont une odeur défagréable & fétide
qui ne peut provenir que de ; la fubflance
toute animale dont elles font formées.
Cette obfervation que j ’ai faite en, plufieurs
contrées de la France l’a été de
même en Allemagne. Les bancs d’ardoifes
chargés de poilfons pétrifiés & qui fe
trouvent dans le comté deMansfeld ,font
furmontés d’un banc de pierre appellée
puante ; c’eft une efpèce d’ardoife grife
qui a tiré fon origine d’une eau croupifi-
fante, dans laquelle les poiffons onypourri
avant de fe pétrifier; elle répand une très-; I
mauvaife odeur lorfque les ouvriers la travaillent
, & qu’on la brife ou qu’on la frptte
avec violence ; & ces mêmes phénomènes
fe font préferités de la même manière en
plufieurs autres provinces d’Allemagne,
où fe trouvent des fchiftes & des ardoilés
chargées de poiffons ; enforte que non-
feulement les poilfons qui,ont été enfevelis
dans ces ardoifes ont contribué à cette
odeur, mais les autres couches d’ardoilés
qui ont recueilli tous les débris & toutes les
dépouilles des poilfons qui ont pourri,
ont confervé la même odeur de créatures
vivantes putréfiées.
Ce qu’on 11e fauroit trop admirer à la
fuite de ces obfervatipns , c’eft le concert
des naturaliftes étrangers , les uns à l’égard
des autres^ qu i, en divers temps & en
divers.lieux, en Allemagne, en Angleterre,
comme ceux de France , deduifent des
mêmes phénomènes, les memesi: confé-
quences 8c les. rendent prefque tous dans
les mêmes termes. Cette odeur inleèle,
qui eft plus générale dans les pierres qu’on
ne penfe , mrtout quand elles .font tirées
des carrières , a oçcafionné un, foupçon
nouveau fur la caufe des mauvaifes qualités
de certaines eaux.
Ces dépôts infeâs dont l’intérieur de
la terre eft rempli & dont un grand
nombre de fies couchés font formées.,
peuvent être confideres comme les caufes
de la mauvaife qualité des. eaux qui les
traverfent. Entr’autres obfervations qui
peuvent confirmer cette, réflexion, on
peut citer'- celles faites dans les contrées
de la Touraine, où fie trouvent les./? luns,
dont les eaux ont un goût extrêmement
infipide, que l’on ne peut guère attribuer
qu’aux amas de corps marins dont la
quantité innombrable en fait tin des
dépôts fous-marins , le plus fingulier , le
plus remarquable qu’il y ait en France.
J’ajouterai ici un fait que M. de Reaumur
n’a pas vu parce qu il n ’a pas été à portée
de le yoii, J’ai trouvé dans quelques-uns
des trous de falu ti, des. lits horifontaux
d’une pierre grife fort dure ; cette pierre
étoit remplie d’une infinité de daiis ovales
& gros comme des noix moyennes. Ce
coquillage quoique logé , dans la pierre
n’étoit pas adhérent à la loge qui le ren-
férmoit: en agitant la pierre on fentoit
fon mouvement, & il fortoit lorfqu on
l’avoit calfée ; mais il étoit d’une fi grande
délicatelfe qu’à peine pouvoit-on le_ toucher
fans. le rompre. Les loges contiguës
8c placées les- unes très-près des autres
n’en contenoientjamais plus d’un.
Je ne crois pas qu’il puilfe y avoir une
démonftfatibn plus évidente de la tranquillité
.dont j ouiffoit le balïin de la mer ,
quand elle travailloit a la multiplication
& à la dilpofîtidn de tous les corps marins
que renferment les bancs de cette contrée ;
le féjour calme & paifîble, de la mer y
eft ’empreint de manière à frapper les
moins clairvoyahs.
V . De tous les corps étrangers que nous
trouvons dans les différentes parties de
nos continens, il y a encore une. con-
clufîon à tirer non moins importante
& non moins générale que celles dont
nous nous fommes occupés jufqu’à pré-
feht. Nous avons dit que dans prefque
toutes les matières molles des couches d.e
la terre,, fe trouvent compris & renfermés
des échantillons dé tout ce que les règnes
animal '8c 'Végétal produilènt naturellement
fur les continens ; on y voit des parties
d’animaux ter-reftres, desarbres, des atbrif-
feaux & même.les herbes de nos landes ,
de nos marais , comme de nos plaines
élevées ; ainfi, indépendamment de toutes
les productions marines, on voit des corps
qui font les, ; dépouilles des animaux ter-
reftres 8c des végétaux de la meme claflè.
Ce n’eft pas feulement dans les bancs fuper-
ficiels que ces corps étrangers fe rencontrent
; c’eft auffi dans les carrières profondes
& fouvent au-deffous de ces autres
lits réguliers où les coquillages fe trouvent
avec tant d’abondance ; ce n’eft pas non