de la mer & près de la métairie de Lagno. |
On voit par cette infcription qu’elle
étoit horifontale au niveau de la mer
Idans le tcms que Gifle la traça , & elle fe
trouva à fept aunes & demie au deflus
«lu niveau de l’eau quand Dalin ecrivoit
fon hiftoire. Il ell fâcheux qu’on ;■ ait
oublié d’y marquer l’année ; mais l’hif-
toire nous apprend qu’un certain Gifle
Elinefon demeuroit dans cette contrée
vers le treizième fiècle, ce qui s’accorde
allez bien avec la proportion établie par
Çelfius.
Dalin examina attentivement en 174$
& 1746 , vers le même tems de l’été,
la ligne tracée en 1731 par Celfius fur
le roc Suart-Hallari, dont noua avons
parlé , & trouva que dans l’efpace de 14
a 17 ans, la mer »voit exaélement diminué',
fuivant la proportion de. Celfius ;
ces obfervations forcèrent Dalin à admettre
la 'mefure celfienne,
Harleman , Chydenius, Hafelquit3" ,
ainfi que plufieurs fâvans , ont ajouté;
de nouvelles preuves, & cependant malgré
tout cela, l’ouvrage de Dalin. : éprouva
des contradiélions delà part de les compatriotes
, principalement de celle du
clergé, qui marqua fon zèle en 1747 5
dans un mémoire où il rcnverfe le tableau
que Dalin donne fur l’origine de là Suède:.
Nous ne pouvons rapporter ici les raifons
que lui ont oppofées fes adverfaires : il y
a répondu fuccinctement dans la préface
du fécond tome de l’biftoire de Suède,
ou i’hyrothèfe de la diminution de la mer
a paru- dans un'plus grand jour , malgré
la critique que Richardfon en fait dans
fon ouvrage publié en 1771 & en 1773,
fous le titre de Eollandia antigua Cf
nova.
Ce fut en 1777 , que Brouwallius ,
évêque d’Abo s’éleva contre le lyftême
de Dalin & eîTaya de prouver que le
niveau de la mer a de tous tems été
ie même , & que le? Ygiliges & les prç>-
duâions maritimes que Fon rencontre fur
le continent, font l’effet du déluge général
ou des aterrilfemens que la mer fait
le long des côtes en enlevant d’un côté
ce qu’elle donne de l’autre. Il a recours
à la Genefi. pour , démontrer. L’erreur de
ceux qui foutiennenr que la terre a été formée
fous l’eau que cette eau s’Ëft, retirée
infenfîblement, ce qui lui fournit de
nouvelles preuvés fur le déluge uftiverfel.
La queftion n’cft pas., continue Ferner, de
favoir fila terre doit fon origine à la mer ,
comme leprétendi Maillet, ni de calculer
l’àge du monde par l’élévation des montagnes
au-deffus du niveau de la meri
.elle fe réduit à favoir, fi Feau a été
autrefois plus élevée fur le continent,
qu’elle ne Feft aujourd’hui , & fi elle
continue actuellement "à bailler aihfi que
l’ont pènfé Celfius, Dalin g 8cc. Brou-
wallius répond à cette queftion , que-dle
quelque manière que Fon s’y prenne on
eft forcé de convenir que fi mille obfer-
1 varions plaident en faveur de la diminution
de l’eau , & qu’il y :en ait une feule
qui y foit contraire, ces milles obferyàtions
perdent leur force, de font réduites a
rien. Il ajoute qu’il peut oppofer des
traditions à des traditions, des faits à
des faits, des témoignages de pilotes à
des témoignages de pilotes, & il objeâe
aux remarques faites fur le rocher de
Suarth-Rallan près Gefle , le rpçher
nommé Swarta-Eunder, dans le Galleron.
Fiarden. Cet écueil paroiffoit autrefois
au deffirs de l’eau, & il eft à préfent fous
l’eau malgré les pierres qu’on y a transportées
pour l’élever , afin de le faire
découvrir aux navigateurs : l’évêque rapporte
encore plufieurs autres preuves
lemblables.
Gadolin, profeifeur d’Abo, fut auïïi
un des adverfàires de Celfius & de Dalin.
Le château d’Abo a été conftruit il y a
700' ans ; ainfi en adoptant la menue
celfienne, le niveau de la mer doit avoir
bailfé de 22 pieds & 2 pouces dans cet
çfpaçe 4e tems j cependant la partie la
plus élevée du rocher fur laquelle il eft
bâti eft .à 24 pieds 2 pouces de la marée j
la plus haute 5 donc les fondations de
ce château auroient été de 4 pieds 7
pouces au-dcffous de I eau dans le tems
de fa conftruâion. Il donne une nouvelle
preuve contre la trop grande étendue de
la mefure celfienne , en difant que le
château d’Abo n’etoit au-dclfus .du niveau
.de la mer, que de 4 pieds 3 pouces,
îorfque Jean III, alors duc de Finlande,
l’habitoit il y a 120 ans. Gadolin préfente
encore une démonftradon plus
claire. Il fitabattre fur cette même côte,
en cinq endroits différens dans un terrein
bas & voifin de la mer de grands pins
& de vieux chênes après les avoir fait
feièr par le milieu , il en compta les
couches intérieures. Tous ceux qui ont
eu . la plus légère idée de l’hiftoire naturelle
, lavent. que chaque année il fe.
formé une nouvelle couche dans l’inté-!
rieur d’un arbre quelconque , & qu’ainfi
on peut juger fiirement dé ■ l’âge du
bois j ar le nombre de fes. couches ;
on reconnut diftinéfement fur le chene
le plus vieux 3Ô4 couchés concentriques ,
fon élévation étoit de trois -aunes , le
plus ' moderne, des pins avoit une aune
de. hauteur & 227 couches concentriques,
e’èlt à -dire 227 ans.
Il eft encore bien, prouvé qu’il eft de
la nature de ces arbres 3 e ne pouvoir
pas croître ôç vieillir dans des ter reins
humides & que leur femence n’y fructifie,
jamais , d’où ion peut conclure ,
avec raifon , qu’il y .avoit terre ferme j
dans l’endroit ou ils ont commencé à:
pouffer. ;
Brouwallius obje&eà Celfius & à Dalin, {
que Kalmr qui. leur avoit fourni des j
indices pour là diminution de la mer,;
fur les côtés de. la province de Bahus,
a été obligé de fe- rétraâer & de convenir
que1 dans les recherches faites à;
ce fujet en Nartrege, en Angleterre , en
Amérique3 il n’a jamais trouvé de vraie
diminution , mais feulement quelque
aterriffement dans certains endroits , &
dans' d’autres des parties de terre ferme
englouties par la mer. B. appuie encore
fon opinion fur la relation de Lewis-
Evans ingénieur , qui parle de la fontaine
de Sainte-Marie, lituée. près du bord de
l’eau, & faifant partie de Fifthme de
Comavonskire dans la province de Yallis.
Cette fontaine , dit Lewis-Evans ,. fe
trouve maintenant à quelques pieds au-
defious de Feau lors de la plus haute
marée , & elle eft découverte Iorfque la
mer eft dans fon élévation moyenne. Les
anciennes annales, c’éft-à-dire celles du
dixième ou du onzième fiècle., rapportent
que les religieux des environs aiioient
chaque année en procelCon vifiter cette
fontaine, fuivis d’une multitude de per-
fomies pieufes & dévotes, & qu'ils avoient
foin de choifir le tems de • la plus baffe
marée; ainfi cette fontaine’’étoit alors
au même niveau qu’elle eft aujourd’hui.
Notre auteur ajoute, 'd’après les obfer-
yations de Kalm, qu’on rencontre fou-
vent en Amérique dans l’intérieur des
terres , à la profondeur de 10, 30 & 60
pieds , des huîtres, des moules , &c.
Que - ces 'coquillages ont plufieurs toifes
de diamètre en hauteur ; qu’en 'd’autres
endroits on trouve, à des profondeurs
très-confidérables, des fruits, des pommes
de pins, des arbres à moitié brûlés , &c,
& que le terr-ein du fond recouvert par
les fubftancès étrangères, a le même goût ,
la même odeur que la vafe de la mer , d’où
on ne petit conclure la diminution de
l’eau, de la mer, mais fimplement un
aterriffement.
Tous les voyageurs conviennent qu’il
fe fait ' chaque jour des -aterrifiemens
■ confidérables près des rivages & des
embouchures des grands’ fleuves de l’Amérique
feptenmonale, de près du nouveau
Jerfiy. Dans ce dernier endroit, fur-tout,
on ne peut ereufer des puits fans rencontrer
| des couches de coquillages; chofé qu’on
1 trouve prefque jamais dans la Penfil-.