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Buffon s’eft approprié d’une manière fi
brillante par la fuite , & qui n ’en eft pas
devenu plus vrai ëc plus conforme a
la marche aétuelle de la nature.
I I I .
Sur torigine des fources & des fontaines,
avec des idées fur la circulation de l'eau
dans les parties de la terre voifines de
fa. furface.
Palifîy a donné un traité des eaux &
des fontaines , dans lequel il combattit le
iÿftême de certains phyfîcieris de fon
tems, qui foutenoient que l’eau de la
mer étoit apportée dans des réfervoirs
fouterrains par des conduits particuliers,
à travers lefquels elle filtrait & fe delfaloit.
Après avoir montré i’impoffibilité de cette
circulation, de l’eau de la mer , il établit
le principe admis allez généralement parmi
les phyficiens de nos jours , que les eaux
de la mer , des lacs , des rivières s'évaporaient,
fe difïolvoient"dans l’air, & que
chariées par les vents elles étoient tranf-
portées dans différentes contrées, d’où
d’après des circonflances particulières ,
elles fe formoient en nuages, elles fe pré-
cipitoient en pluie'; que ces eaux arrivées
ainfi à la fürfaçe de la terre pénétraient
à travers les premières couches , le
raffembloient dans différentes cavités d’où
elles s’écouloient lentement, & donnèrent
naillànceaux ruiffeaux , aux rivières , aux
fleuves,, aux lacs , .aux étangs’ , qu’on
trouve dans les différentes contrées de la
te rre .*
Palifîy étoit convaincu que l’origine
des fources - & des fontaines étoit “ due
aux pluies., à la fonte des neiges &c.
I l parait même que cette opinion de. fa
part étoit la fuite de l’obfervatiûn qu’il
avoit faite de i toutes les. parties de la
terre qui ; concouraient à la collsâion
des eaux pluviales , à leur.«circulation
P A L
dans l’interieur du globe 8c à leur fortie
au dehors par les fources. I l avoit tellement
étudié c ette organifation des premières
couches de la terre;., qu’il propo-
foit à fes antagonifles de démontrer par
expérience , que tels étoient les moyens
que la nature employoitpour le raffem-
blement de l’eau dans les réfervoirs fou-
terrains & fon épanchement au dehors
par les fources.. _I1 propofoit donc d’élever
une colline qu’il compoferoit de couches
d’argile , de lits de fables , de terres &
de pierres , & il affuroit que cette colline
fadice , en recevant feulement les eaux de
la p lu ie , donnerait par fes-flancs des
• écoulemens d’eau plus ou moins abon-
dans , fuivant l’étendue de fon, fommet
applati qui recevrait les eaux. Cette
idée lumineufe eft véritablement, d’un
bon efprit, inftruit par les faits fimples,
que la nature nous offre de toutes parts ,
! fur la circulation de l’eau dans les entrailles
de la terre.
En nous bornant ici aux feuls'points
de phyfîque & d’irifloire naturelle fur
i lefquels Paliilÿ fçut découvrir avec une
grande fagacité le fecret de la nature,, il
lembleroit que nous voudrions diffimuler
fes erreurs. Nous finirons donc par remarquer
ici fans partialité qu’il a foutenu -que
les glaçons charriés par les rivières , ne
fe formoient pas au fond de leur lit ;
mais nous ajouterons que de tous les.rai-
fonnemens que les. phyficiens de notre
•tems ont hsfardé contre la fuite des obfer-
vations qui établiffent le fait contraire ,
ceux de Palifiÿfuppofoient plus, de vues,
s’écartaient moins du po in t. précis, de
laqueffion & méritoient plus d’être écoutés
& réfutés. On voit dans Mairàn & NoUet
des moyens incomplets , des idées vagues
pour combattre ce que l’obfervation pré-
çife.des glaçons réfidans au fond du fit des
rivières:, a bien appris à ceux qui ont
fuivi la nature dans cette partie. Ce qui
furprend ici iorfqu’on a bien connu la
marche ordinaire de Palifiÿ, c’elt qu’ils
f
P A L
fe foit écartés de fa méthode rigoureufe de
voir, & de confulter la nature qui l’avoit
fi bien fervi dans toute autre occafion. U
a été féduit par les premières apparences,
q u i, dans cette queflion, en ont impofé
a tant d’autres; de manière que dans le
tems préfent la vérité fur ce point n’ell
pas bien connue de tous les phyficiens ,
fur-tout de ceux qui fe bornent à des
apperçus légers 8c fuperficieis.
P A L L A S .
Notice de fes obfervations fur les différais
ordres des montagnes & terreins
de l’Empire de Rußte.
Quoique je me fois fait une règle de ne
point placer dans ces notices d’auteur
vivant, cependant l’importance du compte
que Pallas a rendu de fes obfervations , qui
embraffent une.très-grande partie du globe,
m a déterminé à l’adopter ici comme rein-
pliffant un grand nombre de vues relatives
à la Géographie-Phyfique. J’y ai joint auffi
les détails d’une hypothèfe qui entre moins
peut-être dans les principes de cette fcience,
attendu que l’o it y tente d’expliquer les
faits qui ont été expofés dans ce compte ,
par des cataffrophes violentes & lubites qui
écartent trop vifiblement la confidération
des agens ordinaires dans des effets où leur
influence paraît très-marquée & très-facile à
rëconnoître, lorfqu’on fe donne le temps de
voir, & àla nature celui d’opérer. Au relie,
cette hypothèfe en réunit un grand nombre
d’autres qui avoiertt déjà été mifes en avant
pour expliquer un grand nombre de phénomènes
: elle me femble être le dernier
effort des naturaliflés qui veulent à quelque
prix que ce foit terminer leurs travaux par
des théories de la terre , par des vues
générales , dans un temps où il femble
tju’on ne fauroit trop encore fe borner’
a des recherches particulières. Du moins
ce font là les principes auxquels je penfe
que > doivent s’attacher çeys qui yeulçnt
P‘ A L 34
faire faire quelques progrès folides à la
Gèographie-Phyfique, comme àla partie de
l’iiiftoire naturelle, qui raffemble lentement
& fagement les. matériaux do/it on pourra
quelque jour faire tifage pour la théorie.
Au relie, en attendant il faut toujours
rapprocher ce que les- oblervateurs ,
comme Pallas , ont penfé fur les objets qui
les ont occupés, dans leurs voyages, &
recueillir les réflexions qu’ils leur ont
iufpirées , quand même elles ne nous
offriraient ni un certain enfemble-, ni
un dénouement, ni une explication rai-
fonnabie de tous ces faits.
Pallas après avoir vécu long - temps
au milieu des. montagnes., & les avoir
décrites., cherche à expliquer l’état préfent
des maffifs que préfente la terre à fa fu rface.
En fuppofant que les hautes montagnes
qui font compofées, de granit aient formé
le noyau du globe 8c des ifleS qui fe
montrent à la furface des mers, & que la
décompofition de ces maffifs ait produit
les.premiers amas des fables quartzeux &
feld-fpathiques, ainfi que les débris de mica
dont les fclîifles & les plaines des anciennes
chaînes font formes , la mer qui entourait
ces maffifs a du amener autour les matières
légères & ferrugineufes, produites par la
deltruâion des animaux & des végétaux
dont elle a-été peuplée dans ces premiers
temps, 8c le relie de ces corps mêmes a dû
être amené à une certaine dillance des
, terres lèches & y former, en infiltrant ces
principes dans les couches qui fe dépo-
foient fur les granits, des api as de pyrites,
foyers, des premiers.volcans, qu’on vit
éclater fucceffivement en différentes parties
du globe. Ces anciens .volcans dont les
traces ont été effacées par k fticceffion des
fiècles, bouleverlerent les couches déjà
r endues foli des par le temps & fous lefquelles
fe firent leurs explofions. Ils changèrent
les matières de ces couches par l’aflion
des feux , & produifirent les premières
montagnes de la bande fchiflçufe qui répond