
flexion fur laquelle je ne puis trop infifter,
c’eft que le travail de Hutton annonce des
réfultats.d’oblervations q u i, indépendamment
de l’interprétation qu’il en a faite ,
t eurent fervir dans tous les cas à enrichir
l ’hilloire naturelle de la terre &. la géographie
phyfique de l'Ecolfe, où les objets
obfervés fe trouvent. C’efl-là que fes con-
tradideurs auroient dû fe tranfporter pour
rédifier ces réfultats, en;y fubflituant une
analyfe mieux raifonnée.
On verra dans l’extrait du mémoire
de Hutton qui précède ( § II. ) un palfage
où fe trouvent les réfultats des obfervations
de ce favant , & qui m’ont paru affèz in-
téreffans pour être préfentés dans le plus
grand détail.
§, I V .
Réflexions fur la confolidation des pierres
par Teau : fu t la deJlruBian du globe
dans les parties de l'ancienne .& de la
nouvelle terre : fur le foulevement des
couches & leur Jortie du bajflti de la
mer.
Quels font les matériaux qui ont concouru
à la compolrtion des couches de la
terre ? quels font les moyens que la nature
a pris pour leur donner la confolidation
que nous leur trouvons maintenant T telles
font les queflions que nous nous propofons
de difcuter & d’éclaircir à la fuite des deux
extraits fur la théorie de la terre du docteur
Hutton.
Les couches de la terre (ont les réfultats
de l’affociation de plufieurs fubftances,
d’abord peu liées enfemble. Telles font
d’abord les bancs calcaires qui font formés
des débris des dépouilles d’animaux
marins , & qui ont pris une grande fofi-
dité, comme les pierres à bâtir des environs
de Paris , ou même comme certains
marbres coquilliers , fufceptibles du plus
beau poli.
Il efl évident que cette forme de couches
n’a pu être communiquée à t-.us ces ma
tériaux que par une dillribution dans le
badin de la mer , & par une folution dans
cette eau , & une; concrétion fubféquente
des. fubftances diifoutes q u i, après avoir
été féparées de leur dilfolvant, ont reçu
enfuite une infiltrationdente qui en a com-
pletté la confolidation.-, telle que nous
l’obfervons aduellement.
La double opération de l’eau eft aifée
à fuivre & à prouver. On voit d’abord que
la puiffance de ce dilfolvant, agilfant dans
la première formation des lits fous la mer,
a pu fuffire pour unir toutes les fubflances
& en faire une pâte uniforme. Enluite après
la retraite de la mer & à la fuite de la deflic-
cation qui a dû avoir lieu , une infiltration
fnnple & foutenue, a produit cette foli-
dité dés lits , 8c leur pétrification telle que
nous la voyons.
La. comminution des corps organifés
qui appartenoient aux animaux marins ,
me paroît avoir été différente fuivaut l’or-
ganifation primitive de ces animaux &
fuivant la difpofition de ces débris- dans
le baflin de la mer , & leur mélange avec
certaines fubftances hétérogènes. On ne
peut donc pas confidérer ces effets comme
une folution par rte feu , telle que la fup-
pofe le dodeur Hutton.
C a r , i c . il y a des coquilles qui font
entières ; 2°. d’autres font en gros fra-
grnens : ailleurs ce font de petits débris ;
enfin , plus loin on ne trouve que des
atomes réduits en poudre fine , & qui,
lorfqü’ils ont été pénétrés par l’eau , ont
formé une pâte : enluite un plus long
fejour dans le baflin' de la mer a lié ces
différens débris, ces produits de la décom-
polîtion , fans influer fur celte décom-
pofition , autrement que ne comportoit
l ’organifation primitive des coquillages.
A une couche il en a fuccédé une autre,
lorfque les matériaux qui ont été diftribués
dans le balfin de la mer ont été accumulés
avec une interpofuion de fubflances hétérogènes.
Il paroît que la defficcation s’eft opérée
quelque tenus avant que l’infiltration-ait été
établie. A mefure que l’infiltration s’exé-
cutoit, toutes les parties;des couches primitivement
incohérentes, & qui s’étaient
rapprochées, à un certain point par la
defficcation , ont été liées enfemble, fur-
tout par l’introduétion de la- matière de
l’infiltration dans les. fentes : ainli, l’infiltration
a c.onfolidé les couches de la
terre non-feulement en pénétrant, les élé-
mens de ces- couches , mais encore les;
vides opérés par. lai defficcation. D’après -
cette théorie de la confolidation des bancs ;
pierreux , il s’enfuit qu’il y. a eu dans les
couches , par la defficcation , une retraite-
égale à l’efpace qu’ont occupé les élémens
de l’infiltration ; & par conféquent à la fuite
de ce travail, les couches n’ont pas- dû
augmenter de dimenlions , ni en confé-
quence s’élever au-defiùs du niveau des
eaux de la mer.
Si l’eau & Ton travail foit dans le baflin
de la mer, foit hors du baflin , peuvent
fatisfaire, comme on vient de le faire
voir , à tous les phénomènes de la confolidation
des couches, je fuis étonné que
le doéleur Hutton ait eu recours à l’aâion
d’un feu intérieur qui n’a pu y fatisfàir.e
également. Car le feu, de quelque maniéré
qu’on en fuppofe l’aélion fur les couches
de la terre , ne formera jamais , par exemple
, d’une pâte calcaire un marbre com-
pofé de débris de coquilles liés enfemble,
par une infiltration fi abondante, qu’elle
rend ces réfultats fufceptibles de prendre
le poli.
Les autres pierres brutes calcaires auroient
de même perdu toute liaifon par
l’aétion du fe u , bien loin de prendre un
certain degré d’induration.
D ’ailleurs les intervalles des couches
pierreufes , formés fouvent,d’argile ou de
marne argileufe , auroient- - éprouvé un
certain degré dé eufffon par l’effet du-meme
agent. Ils ne feraient donc pas reliés dans
l ’état où nous les obfervons maintenant-.
Il eft- vifible qu’ils ont confervé leur mol-
leffe & leur- du&ilité , parce que ces fubf-
tanees ont reçu & rendu l’eau furabon-
dante-' à l’infiltration-, & n’ont acquis que
par hafârd & très-rarement, une- confoii-
dation approchant de celle des couches
pierreufes.
Je ne puis pas concevoir d’ailleurs comment
l’aétion des feux fouterrains que le
doéteur Hutton fuppofe réfîder au fond du
baflin de. l’Océan auroit été capable , en
defféchant 8c confondant- les couches de
la terre , d’y produire un; foulevement &
une élévation au-deifus du niveau; où elles
ont été formées; élévation & foulevement
qui auroient été de iqo à ip.o toifes au-
deffus. de ce niveau; De quelque manière
qu’on, dirige l’action de ce; prétendu feu
fouterrain, il n’efl pas poffible d’y trouver
le dénoûment 8c l’explication des deux
dalles de phénomènes qu’a diftinguées le
doâeur.Hutton. Outre que la force expan-
five , communiquée aux matières par le
! feu , auroit été infuffifante pour élever les
couches du fond de l’Océan jufqu’a' la
hauteur qu’elles occupent maintenant , la
déformation de ces couches auroit été fi
confidérable qu’à peine pourroit-on les
recannoître par les moindres vertiges de
leur état primitif & régulier. Ges lits
auroient tellement changé leur fituation
naturelle par l ’expanlion violente de la
chaleur , qu’on n’y démêlerait plüs que
de vaftes ruptures , au milieu de la con-
fufion 6c du défordre des matières qui
auroient été livrées à de pareilles cataf-
trophes.
O r , fi nous examinons tous les phénomènes
que nous offrent les bancs pierreux,
nous verrons qu’ils ne peuvent s’accorder