
prélentent par leurs ouvertures des enfon-
cemens coniidérables a 1 eau de la mer qui
y acccurt , A abandonne ainfi de glandes
parties de la furfice du globe qu’elle lâjfie
a f e c . 'C ’eft le premier écrivain qui nous
ait fourni les moyens les plus fîmples
qu’on ait imaginés pour rendre raifon de
la retraite de. la mèr ,' & de la diminution
fucceffive de fes eaux. Auffi les natura-
liftes qui ont travaillé fur les mêmes mar
tières., ont adopté les mêmes reflources :
on peut- citer lur-tout BùfFon & D e lu c ,
qui ont le plus exagéré & embelli ces
moyens,
L IN N É .
Le célèbre Linné a prétendu que notre
globe , d’abord couvert & enveloppé
d’eau , s’elf defféché. infenfiblement &
que ç’eft ainfi que les continents fe font
-découverts , & que la mer a été reflerrée
dans fon badin. Mais ce fa van t naturalifte
eft bien éloigné d’attribuer l ’inondation
qui a précédé l’état aétuel, au déluge. Il an -
nonce même pofitivement que dans toutes
fes recherches , il n’a pu découvrir à iâ
fiirfa.ce du globe aucun des effets du déluge
univérfel , mais feulement ceux de ;
la retraite lente & fucceffive de l’Océan.
Il èft vrai qu’il ne .nous indique nommément
aucun de ces effets. Il efl vrai que-
comme il étoitdefiopinion de ceux qui en
Suède ont foutenu la diminution de la
mer Baltique, il faut croire qu’il a rangé
parmi ces effets les preuves que plu-
fieurs phyfiçiens ont alléguées pour établir
cette diminution. On a vu combien
tes faits étoient vagues : & qu’il éloit difficile
de les confidérer , comme pouvant
établir une véritable diminution des eaux
de la Baltique.
On ne peut gu ères douter que la mer
n’ait couvert une très - grande partie de
nos continents ; mais on ne peut' pas
nous dire comment elle les a laiffés à fec 5
comment enfin elle occupe les limites de
fon baffin afluel? C’efl ce que Linné ne
n us a pas appris , ou ce qu'il auroit dû.
admettre comme un fait Amplement.
Cette- première vérité étant une fois
établie , Linné s’occup e enfuite de la formation
des corps organifés. Il confidére
l’eau , la terre; & les fels , comme les
feuls principes qui ont concouru à la formation
des végétaux <Sc des animaux, qui
à leur tour, fe font réduits par leur dé-
compofition en une fubflance terreufe ,
propre à la formation de nouveaux corps
organifés par un cercle perpétuel. Linné
nous dit, par une fuite des mêmes fuppo-
fitions , que les fels folublès dans 1 eau
combinés avec les fubflances terreufes ,
ont fourni la matière des .pierres : le mtre
répandu dans l’air , a formé & continue
la formation des fables : le fel qui efl
dans la mer , s’empare de l’argile, le
patron qai efl dans les animaux: ,
donne, de la confiftance & du corps a
la fubflance calcaire. L ’alun qui efl diflri-
bué dans les végétaux , durcit auffi les
terres p tels fo n t, fuLvant Linné, les matériaux
que la nature a mis en-oeuvre pour
la formation des pierres.
Ce favant naturalifte va bien plus
loin encore ; il confidére . les argiles
comme le produit des précipités, que les
eaux de la mer ont formés dans fon baffin :
les fables accumulés font l’effet du lavage
des eaux pluviales, & de la cryftallifa-
tion qui s’en efl enfuivie; Le terreau
efl le réfultat de la décompofition .des
végétaux chargés d’acides : & enfin la
fubflance calcaire efl le réfidu' de U
putréfaction des matières animales.
Des argiles fe font formés les talcs,
■ les micas , les asbêtes ; des fables , viennent
les graviers, les grès , les quartz ,
les roches, &c. : du terreau fe forment
les fehifles, les charbons de pierre, les
ochres , le tuf. De la fubflance calcaire ,
fe (ont formés les marbres , tes craies , les
fpaths , les gypfes : c’efl: encore jv e c ces
mêmes matériaux que, fe compofent les
pierres, M
Les pierres ainfi compofces, fe réfdlvent,
fuivant les mêmes apperçus de Linné , en
diverfes autres fubflances, dont lés com-
binaifons donnent chaque jour dès réful-
tats fort variés. Ainfi l’argile s’unit à la
marne pour donner aaiflànce aux talcs- ;
le talc fe , rélÔHt en marne , & puis Et!
marne fé régénère en amiante. La fubflance
calcaire s’infiltre en marbra , fe
réfout en craie , & fe régénère en gÿpfe.
Telle e f l , fuivant le favant. Suédois, la
marche de la nature , toujours agiffante
dans la décompofition , comme dans la
réproduâion des minéraux , fuivant les
différentes eombinaifons des principes
Amples qui fe multiplient chaque jour à
l’infini.
C ’eft toujours par les mêmes apperçus
un peu vagues , que Linné nous apprend
que les cailloux tranfparens fortent d’une
matière fluide , que les cailloux opaques
font les produits d’une matière fixe : que
les uns & lès autres ont été teints par
l’ochre vitriolique-: que le mica efl une
concrétion de l’argile ; que le quartz
efl une cryftalifation dans l’eau élémentaire
: le fpath une cryflalifation dans l’eau
calcaire : que tous les cryflaux naiflènt
dans l’eau, chargée de fels, fans en être
faturée, mais remplie en même tems de
particules rerreufes impalpables : qu’enfia
ils font colorés par les fubflances métalliques.
v
L ’acide vitriolique, fourni par l ’alun,
combiné avec lès métaux , prend différentes
figures , fuivant la nature de ces
métaux, foit fer , cuivre ou .z inc : c’eft
de-là que fe forment les pyrites fulphu-
reufes q u i, par une décompofition affez
prompte , nous donnent-des ochres jau-
®àtres ; fi c ’efl du f e r , verdâtres ; fi c’eft
Géograyhit-Phyjique. Tonte I .
du cuivre & un acide -, bleues avec le
cuivre & un atkali. C ’eft au moyen de
ces divers principes quefe trouvant colorées
tant de pierres.
Nous obferverons ici que toutes ces
vues fur,les differents corps de l’hiftoîre
naturelle , annoncent combien peu Liane
étoit , avàncé fur la compofîtion de
ces corps, fur laquelle la chimie moderne,'''&
des obfervations poftérieures
à Linné g ont répandu beaucoup de lumières.
Mais i l faut continuer à fuivre
les apperçus du naturalifte Siîédois.
Quant à la formation des métaux, Linné
imagine qu’ils font le réfultat d’une com-
binaifon & furcompofition.de terres,, de
fels. & de foufres, qui fe déçompofent
par une réunion, intime, & fe régénèrent
diverfement : que c’eft ainfi que ' tant de
minerais offrent la plus grande variété ,
& les modifications les plus précieufes.
En envifageant ces vaffes rochers qui
ont autant de folidité que de profondeur,
il les regarde comme la charpente du globe
de la terre, & les compare, comme l’avoient
fait avant lui les anciens, à la charpente
offeufe des animaux. Ce fo n t , félon lui ,
les rélultats de la concrétion des.fables,
fous la forme de grands & petits frag-
mens de pierres, mêlés à l’argile endurcie
, quelquefois talqueufe avec des intervalles
occupes par des cryflaux dè quartz,
de fpaths & de mica. Il efl aile de reconnoî-
tre les rochers graniteux par ces grands -
caraâères ; mais ce qu’ajoute Linné , no
me paroît'pas leur convenir également. Il
nous annonce ces rochers comme difpofés
dans leur piaffe par lits & par couches ,
&'il trouve dans cet arrangementune preuve
de leur origine & de leur ancienneté, comme
dépôts formés par les eaux. C’eft dans le
fein.de ces.rochers , que les ménllurgiftes
vont chercher les gîtes des métaux, &
fur-tout les. filons fui vis & primitifs.