
tagnes & des vallées; les badins des lacs
qui font dans des lieux élevés ; les plaines
«tuées fur des fominets & dans des endroits
bas. Je me bornerai feulement à développer
ici quelques principes fur les montagnes.
§. V I I.
D e P origine des montagnes.
Que les montagnes doivent principalement
leur origine au changement de
pofiiion des couches horifontales, on
peut s’en convaincre, fi l’on fuit attentivement
les formes les plus remarquables
dans chaque grouppe. de montagnes :
i ° . Les grandes plaines qui en couvrent
les fommets;' 2°. plufieurs fyftêmes de
çouclies parallèles à l’horiion ;■ 3 ° . des
couches diverfement inclinées à l’horifon
qui fe préfentent fur leurs flancs; q,°, les
faces des lits interrompus fur les crouppes
oppofées des collines, lefquelles offrent
tous les caraâères de la correfpondance
la plus marquée, tant relativement à la
nature des matières qu’à leur arrangement ;
j ° . les bords de chacune de ces couches
bien à découvert;- 6° . les fragmens &
les débris des couches rompues, accumulés
aux pieds des grouppes de montagnes
en partie fous forme de collines, 6c en
partie difperfés dans les campagnes voi-
fines; y°]ftes indices inanifefles des feux
fouterrains dans les -montagnes à couches
pierréufes, ou dans leur voifinage, avec les
traces des eaux torrentielles .autour des
Collines compofées de couches terreufes. Il
Il faut obferyer que les collines formées
de couches terreufes font le plus fouvent
appuyées fur des bâfes folides , qui font
les,-débris de grands baacs pierreux, plus
propres que les lits de terres à réfiller aux
efforts, des eaux des fleuves ou à l’aftion
impétuèufe des torrens. Souvent même
des régions entières ne font défendues
contre la violence des flots de la mer que
par de femblables digues naturelles ; on
peut citer à cette occafion le Bréfil.
Il efl encore dans la nature d’autres
moyens par lefquels les montagnes ont
pu fe former ; d’abord par l’éruption des
feux fouterrains qui lancent au-dehors des
monceaux de pierres , de cendres , de
feorfes & de terres cuites. Il fe forme
auflides montagnes, chaque jour, par la
chiite des torrens & par la violence, des
eaux pluviales qui dérooiiflent les couches
pierreufes & entrainént. les fragçnens, qui
s’en font détachés par la yiciïïïtude des
faifons. A l’égard des couches terreufes,
on fait par expérience qu’après avoir
éprouvé par la chaleur du foleil des fentes
de defliccatidn très-hombreufes , -elles fe
décompofent facilement & fe réduifent en
pouflîère. Il réfulte defees obfervations
Sc de ces faits, qu’on peut diflingiter deux
ordres de montagnes-' Sc. de c'olfinès. Le
premier comprend celtes qui font com-
pûfées de couches Sc 'qm fé fubdivâfen»
en deux autres claiïes , dont l’une renferme
celles où les bancs de ' pierres dominent
,• & J’autrg relies où les couches
terreufes font les plus abondantes ; le
;fecond ordre de montagnes & 4.e-.cofli.n®s>
comprend, les,, montagnes Formées des
fragmens des couches, .pnmitivës 'jjqui
l e font accumulés conftifément & fans
ordre,. ... s; „p“ -,V-' ■ '
D ’après tous ces ’détails, on peut démontrer:
i ° . que les montagnesqui fiib-
fiftent aujourd’hui- n’ont pas exiflé dans
l ’origine des chofes;- 2°. que les pierres
dures qui font dans le fein des montagnes
■ n’ont d ’autre rapport avec les os des animaux
que la dureté ; C3r elles en diffèrent
fous tous les autres afpeâs.
3 ° . Il n’eff prquyé ni par l’obfervation,
ni par le raîfonnement,, que îés chaînes de
montagnes aient une direûion confiante.
r f . Une fuite d’obfervations nous apprend
qu’un grand nombre de montagnes
ont éprouve des éboulemens confîdé-
rableS ; que des parties dé leur furface ont
été détruites Sc tranfportées jailleufs ; que
leurs fommets fe font élevés ou abaifiës ;
qu’Snfin des gouffres le font ouverts dans
leurs flancs Sc fe font enfuite refermés.
§. V I I I .
De la circulation de Veau dans le,fein des
montagnes.
Le changement de difpofition dans les
couches horifontales, a ouvert un grand
nombre d’ilfues libres aux eaux qui circulent
dans le fein de ..la terre., & qui
fortent des réfèrvoirs fouterrains, comme
celles des fources St des fontaines , foit
froides ou bouillantes , foit pures Sc limpides,
ou enfin chargées de différais principes.
Ce même dérangement des lits horifon-
taux donné palfage aux courans d’air qui
fortent de certaine^ mafles montueufes ,
& qui font produits -par i’aéfion d e . la
chaleur qui dilate l’air , ou par i’effervef-
cencè réfuitantfe du concours de divers
fluides aériens.'
C elt a la fuite de ces mêmes change-
niens qu’on voit une fontaine chaude
fort» tout auprès d’une fontaine froide : I
«les tremblemens de terre opérer des chan-
gemehs notables dans, les fçurces 8c même >
f I1S .a®., cours des rivières ; des valions
iermés de toutes parts, fe décharger des !
eaux qu’ils reçoivent par les pluies- dans- ;
«es vallées 'inférieures ; des fleuves fe
perdre quelquefois fous terre & repa-
roitre enfuite à fa furface ; certains pays
eonftitués de manière qu’on ne peut , y
rouver des bâlês folides polir y affeoir
es batimens.
Enfin c’efl à la fuite de cette inclinaifon
des couches, qu’on voit : 1 ° . pourquoi en
d’autres pays on trouve d’abord de l’eau
dans les premières fouilles voifines de 'la
furface de la terre, Sc qu’en continuant
de creufer enfuite jufqu’à la profondeur
de plufiçurs, toifes, on trouve de nouvelles
eaux vives -qui jaillifl’ent par les
ilfues qu’on leur a faites Sc qui s’élèvent
au-deflus ,,.d,es . premières eaux, plates ;
2°. comment des champs entiers s’affailfent
infenfibleinent & font engloutis avec les
arbres & les animaux qui peuploient leur
fuperficie ; enforte qu’on ne rencontre plus
que de grands lacs dans les lieux où furent
autrefois de grandes villes; 30. enfin,
comment il s’ouvre fouvent des gouffres
qui exhalent un mauvais air & qu’ on parvient
à-combler par les différais matériaux
qu’on y jette.
§. I X .
Des différentes couleurs de pierres, & des
gîtes des minéraux.
■ _ Ces mêmes changemens dans la fitua-
tion des couches horifontales, ont auflï
donné lieu à la formation des pierres de
diverfes couleurs & de divers tifius, &
à la préparation des gîtes de la plupart
des minéraux , fo.it dans les fentes qui fe
; font faites au milieu de ces lits ,.foit dans
les imeçftsces qui féparent une couche d’une
autre, fur-tout apres l’affaiflement des bancs
inférieurs; fcnfin dans les.vides produits
par la décompofition de certaines fubf-
tances pierreufes.
D ’après cet apperçu , on voit quel fond
on doit faire fur les prétendues ramifîca-
■ rions des filons 8c des veines métalliaues ,
que des mineurs fuperflitieux & crédules
donnent pour bien conftatées. On voit
auflï qu’on ne peut eflimer la richefle
d’ une mine par la vue du tronc ou de
quelques rameaux ; Sc que les mines font
toutes de nouvelle formation, puifqu’elle*