
mer les a rires des profondeurs de fon baf-
fin ; comment enfin cette eau, livrée a
une agitation violente & générale'^ a pu les ;
tranfportér fur les continens, les- dépofer
régulièrement & tranquillement par couches,
par lits , & , ce qui efl plus étonnant,
encore, par familles. 1
Quelques naturaliflesy fans s’occuper à
difcuter les contradidions. que: renferment
toutes les- hypothèfes, toutes, les théories
qui avôient pour bàlè le déluge , fe font
bornés à le regarder-en tout, comme miraculeux
, & comme n’ayantlaifle à la furface
du globe de la terre aucun veflige de fon
palfage : & ilfaut' avouer que c’eft un moyen
fimple d’éluder une queflion compliques
Car , fî d’un côté il efl difficile' de croire'
qu’une rnaiTe d’eau suffi• confidérable que
celle qu’il ràjfâllù raffémbler pour inonder
joute la terre-, ait pu i’envelo-pper fans y
laiifer des traces de fon féjour , il efl évident
, d’une autre part, qu’une inondation
pareille, dont on neiconnoît ni la marche}
ni les progrès, ne peut faire l’objet des
méditations d’un phyfiçien qui n’efl éclairé -
que par l’étude de-la nature- foumife à dos.
lo is précifes, & qui n’a plus de guide- dès
qu’il efl queflion de la'nàtüfe iivréé à des"
convulGons extraordinaifès. Siir quel fotr-
dément, d’ailleurs , prêtendroit-on que ce
phyficien cherch ât, dans desôpévatioirs fur-
naturelles. l’explication de ; jÆènoAènes-
qui portent l’empreinte de*tous les agens
connus, & qui annoncent que leur-marche-
a toujours été-, telle que nqusjl’ obfervons
aujourd’hui , fimple, régulière & foumife
aux lo'ix ordinaires î,
V e la ^conflagration générale. Il
I l paroît fingulier. que Sénèque mêle ici
la conflagration générale, du, globe avec le
déluge univerfel : outré’qii’il èft allez difficile.
d’embrâfer le globe fous la maffe d’eau
nécefiâire pour couvrir la terre.'entière , il
femble qu’on ne pouvoit réunir deux révolutions
que la tradition des peuplés a toujours
annoncées comme très-diftinfles, &
comme deflinées-à paroître dans des époques
différentes. On aToujours parlé du déluge
univerfel-, connue; ayant eu lieu dans
les premiers âges du monde , & de l’em-
brâfement général, comme devant être à
la fin des'ffiecles la derniere cataftrophe de
la nature. Cependant il faut confidérer ici
que le? alarmes dés différens peuples de
l’Afie fur la ruine de.l’univers par le feu ,
font plutôt la fuite d’éyenemensÿgaffés ,tque
la prefeienoe d’un défaftre futur : & qu’il
en efl des incendies comme des inondations
qui ont jetté en tout tems l’épouvante dans
l’efprit des habitans delà terre^..êxpoft* à
leurs'effets : par conféquent Semèque a pu
réunir ici l’éruption des feux fouterrains
. avec le déluge.
Mais on auroit^grand tort de penfèr que
pour donner lieu à la tradition des peuples,
au moins fur l’embrâfement de l’uniyers ,-il
a fallu des évenemens d’un autre orare que
ceux dont nous fommes témoins. Les éruptions
de quelques volcans ont. fuffi pour
faire naître ces^frayèurs dans l’efprit des
"peuplés. On àüroit inutilement recours à
des cataflropfie.s fub.ites & violentes : en
vain imïgineroit-en là nature-livrée à un
d’éfordregénéràl, les feux fouterrains s ’élançant
.de toutes' parts , & ravageant la
terre entière ? Ë-n,;un mot, peut-on croire
,àux recherchés1 pénibles d’unë'" érudition
immenfe , lorfqurelle attribué.l’origine des
fables & dés bruits .populaires aux évenemens
les plus affreux ?
Je cite ceux qui.font'parri.s de ces fuppo-
fitlons à un autre! tribunal qu’à celui de
l’hiftoire,' S ’ils ont cru que iù r cette mi-
tieriëjils pouvofent fe livrer fans contradic-
tjfe à ' tôuf te quej’imaginatio-ntleur fuggé*
ref oit .de plus’ frappàgt &, 'déplus extraordinaire,
il faut leur ;êter. cette confiance
mal fondée , "Scieur apprendre que ces hy-
poiKefespeuv.ent être -appréciées & dé-
menfies.par l’ojbfervation & par les monu-
jnens de l’hifloiré naturelle du globe.
L ’étude des effets du feu fur les différens
matériaux dilperfés à la furface de la terre ,
efl un moyen d’inflrudion qu’on a faifî avec
empreflèment & fuivi avec luccès ; & i’oli
efl déjà parvenu .à diftinguer, par des ca-
raderes affez p récis, les matériaux qui n’ont
pas été' touchés par le. feu, les matériaux
primitifs , d’avec ceux qui font ou fimplèr
ment altérés, -ou entièrement fondusp On
efl donc en état de montrer lés traces du
fett.par-tcfut où il a- exercé fes ravages, &
de circonfcrire lès limites des cantons vol-
canifés, &des pays épargnés-par ces incendies.
La queflion de l’embrâfemsnt général
ou particulier du globe,-efl donc du reffort
del’obfervation & de l’expérience. Quelque
foit la confiance* des phyficiens qui nous
annonceront les ravages du feu , ils feront
dans l’obligation de foutenir la contradic--
tion des obfervateurs de la nature, & de-,
venir reconnoître avec eux les vélliges déè
incendies qu’ils ont fuppefés fans d’autres
motifs que l’intérêt d’un fyftême fouvent
très-hafardé. Il faudra qu’ils s’aflujetifîent
à une analyfe féyêre des évenemens qu’ils
auront mis en avant. Toute la fuite des-
Eçcles qui nous ont précédés repafleront en
revùe à l ’aide de ces principes ; oit ne;
pourra plus abufer .de ce, vide immenfe,
pour y placer des opérations tumuitueufesj
que Fobfervation cotjtrediroit. Embrâfez
l’umvers-, mettez tout eh feu , interprétez
toutes les fables avec autant de lagacité que;
d’érudition, il faut que- les monumens de
l’hifloire naturelle parlent le même langage ;
& que répondre, s’il réfulte de leur examen
rigoureux que le feu n’a pæs plus ravagé la,
terre dans les fîecles paffés , qu’il ne la ravage
afluellement? Tous ces défaflres prétendus
fe -réduiront aux traces des volcans
éteints.qu’on a.reconnus, & qu’il fera fi
facile de reconnoître par la fuite ; & ce»
traces , à en juger par les-pays qu’on a déjà
obfervés, n’occuperont qu’une très;petite
partie de là fuperficie du globe entier. Ce
font, là les monumens qu’on doit recueillir
pour tracer l ’hifloire des incendies-arrivés à
la furlace du globe, & réduire à leur julie
valeur les traditions populaires qui fe font
tranfmifes d’âge en âge, 8c qui ont été exagérées
par les poètes, & quelquefois même
par les pbilofophes,
A P P K N D I X.
Les citations que l’on vient de lire fur
le déluge ,nfur ie Nil & fur la conflagration'ï
générale , fembloient exiger , qu’on
rapprochât différentes opinions des anciens
fur tous ces ob je ts, & même en
général fur!.ce qui concerne l’origine,
la durée & la fin du monde. Quoique
ce que le s ’anciens ont pu nous trans-
-niettrejffur la terre, fur fes habitans., fur
Tes climats -j n’ait pas été préfenté de leur
part avec, une certaine précifion , -cependant
la-,'-réunion de toutes ces corijëflures ,
lorfqiflüri fe borne aux fimples faits , peut
ferv'ir à nous donner une idée de la doctrine
de;leurs-philofophës , & à nous faire
fentir 'cbmbien ..notre méthode d’obfer-
vèr & d’anajyfer les obfervations,, nous
donne d’avantage fur e u x , & de quelle
importance il efl pour nous de ne nous
pas départn^de cette marche févère , 8c
d’éviter foigneufement les fyftêmes &
ceux qui vùudroient -nous ramener à ces
feuls produits de l’imagination. Tel efl le
but principal qiie je n^e fuis propofé en
joignant ici cet appçndix. le fins bien
éloigné de,croire- que l’érudition,puiffe
. fervir en aucune manière à étendre nos
connoiffances fur i’hifloire naturelle de
la terre. Les traces- des'évenemens s’y
{•.trouvent tellement préfentêes à toutes les
époques, que tous les ordres de, révolutions'peuvent
s?y lire fans difficulté. Il
fuffit de favoir obferver & ana.lyfer les
faits. Sans ces grandes reffources, qui
oferoit- s’occuper de l’hifloire naturelle
, du globe '!
X V I .
Opinion des anciens fur la fin du monde.
C ’efl une vérité incontdlabie que ce