
Je Hreven & leMont-Blanc, à l’exception de
quelques crevaffes dues au refroidillément,
puiç^lafaire enfuite fitlonner tranquillement
pendant des millions de liècles par les eaux
pluviales , afin de conclure, de cette aétion
lente, l’antiquité indéfinie du globe. Au
teflé , dans quelque fuppofîtion qu’on fe
renferme., on ne peut guères douter que
J’approfondilfemént n’ait demandé un teins
dont envain on-tenteroit de déterminer les
limites. ■ • ; • '•*
• Le fol de nos continens préfente un
fait d'une grande importance : le voici dans
leàpropres termes de l’auteur. «■ J’ai trouve,
» dit-il, fur les bords de la Tamife des
» coquilles marines dans' le fol , à une
» hauteur confidérablè au-defius du niveau
» de la mer. Il y a dans la partie baffe de
» Suffolk des mâffes confidérables de ces
» -mêmes débris qu’on trouve aulïi dans le
» fol. Les fermiers les emploient comme
» un1 engrais très - avantageux- : il paroît
» qùé ces derniers bancs font à'une cen-
» tainè : dé pieds au-deffus du niveau de là
» mer'. »
-Voilà donc un fol compofé de débris
propres à la végétation , & qui eft vifîble-
ment un-dépôt formé par la mer avant
qu’ elle eût-abandonné Cette partie des îles1
Britanniques. On trouve des bancs fem-
blables en beaucoup d’autres. endroits ,
mais c’eit furtout dans leurs coupures ,
ou dans les côtes efcarpées que les- bancs
offrent tous ces objets inflruâifs., On y
v o i t , auffi clairement que dans lés montagnes
, la véritable forme du défordre
qui règne dans les couches minérales , &
on en conclut avec fondement qu’elles opt
fubi plu fleurs révolutions. Ce font des
nionumens de grandes opérations, faites
depuis que la mer eff defcendue au niveau
aâuel. On trouve d’ailleurs, 4es indices
précieux dans ces, bancs cornpofés de
débris : on y voit des couphes épaiffes
de terreau préparé pour la végétation ,
immédiatement après la defficcation des
continens : les lits de coquillages font
entremêlés de couches de fables & de
graviers. On trouve fous ces dernières dés,
bancs d’argile fine, qui contiennent aulii
des coquillages .marins, mais d’une époque
fort antérieure , car quelques-uns , tels que
les cornes d'Àmtnon parodient n’avoir plusi
d’analogqes vivans ; & d’autres, tels que
la nantiie à perles ne vivent plus dans nos
latitudes.
Tous ces phénomènes ne font pas par
ticuliers à l’Angleterre : car .ils lonç dans
leurs caractères eilentie.ls, communs à tous
les continens ; on y trouve fréquemment
des débris d’animaux marins , mêlés avec
de la terre ;. & on peut en conclure , avec
fondement, que là plus grande partiê déJ
leur furface self ainfi préparée pour leur.]
végétation, depuis que les mers fe font
retirées : & l’on ne peut conteffer àjSJptre.
auteur les millions de. fièçles q-u’il emploie,
pour la production de la terre..végétale,
parl’aâion lente des pluies & des météores.
D ’ailleurs , la parfaite confervation d’une,
quantité de coquillages qq’on trouve dans
des lits voifins de la furfa.ce de la terre eu
une preuve évidente, parmi bien d’autres,,
.que la retraite de la mer dans fondit aétuel,
eft un événement, dont il tfelt pas facile,
‘de déterminer l’époque , attendu que les
inégalités de la furface des continens fpnt.
ides produits des agens de la nature jcjiii
n’ont pu opérer que depuis cette retraite
de la mèr.
Si nous réfumons les principales, quef-
tions qui ont ' étç; difcutées dans ce §,
nous trouvons que les faits obfepvés par,
les naturaliftesinflruits tendent à prouver;
i° . Que lorfque les continens furent
abandonnés par les eaux , leur furface
n’étoit pas fillonnée par des éminences qui
ïormaffent . dès chaînes de montagnes, ni
par des vallons enti;e les. collines , coni-
pofées de bancs allez régulièrement, hori-
fontaux : ce font ces .cpilipes, qui offrent,
• ‘ tous
tous les câraclcres de dépôts fou marins
formés dans des balfins , dont les bords &
les limites font tracés par des chaînes de
montagnes qui , s’étendant dans cette enceinte
, formoienc ou des promontoires,
ou des îles autour desi. côtes.
2®. Que les collines & les plaines de
ces continens étoient, en grende partie,-
couvertes de matériaux propres à former
des terres végétales plus ou moins profondes,
ou des bancs de débris produits de
diverfes manières par l’aélion des vagues.
j ° . Enfin, que lorfque la pluie commença
à tomber fur les continens ainfi
cdnftitués, les eaux durent fuivre les
pentes déjà établies à la furface de ces
continens : elles formèrent non des 1 >cs,
comme l’ontprétendu desnaturalifles igno-
rans, mais les vallées primitives de la terre
formées par la retraite des eaux, qui étoit
facilitée par l’inégalité des dépôts fouma-
rins. Je puis renvoyer pour ces détails
à la notice de Targioni , qui nous fait
connoître ces différentes difpofitions de la
furface de la terre , dans le fens que nous
venons de i’expofer.
On a donc connu tous les points principaux
decomparaifon qui nous intéreffent
entre l’état primitif du globe & celui que
nous obfervons maintenant. De favans na-
turaliftes ont étudié avec attention, d’une
part les effets réels non-feulement des eaux
pluviales , mais des météores ; & il eft aifé
de fuivre des décompofitions fùr des, lits
formés de débris mal unis & mal foudés
enfemble, & q u i, dans cet état, conftituent
un monde habitable.
D'autre p a r t, ils ont examiné les effets
que pouvoit produire l’accumulation des
fédimens des rivières, foit dans les vallées,
toit dans la mer , & les changemens produits
par les vagues dans fes rivages : & ,
d après la comparaifon établie entre les
effets déjà produits par ces diverfes caufes,
Géographie-Phytique. Tome J.
avec ceux que d’autres caufes ont produits
dans de grands intervalles de tems , on ne
peut fe diflîmuler que nos continens ne
remontent à une antiquité très-reCulée ,
foit qu’on s’attache à l’examen des derniers
ordres de maffifs , foit qu’on porte fes
recherches jufque fur les ordres anciens,
recouverts par ces ordres plus modernes.
Mais on doit dire que , pour établir une
comparaifon entre ces maffifs, il faut
difeuter les réfultats d’un grand nombre
d’opérations de la nature qui y ont laiffé
chacune l ’empreinte de leurs époques.
§. V I.
Théorie de la pluie, contenant des recherches
Jur les lois de la nature dans la formation
de ce météore , & leur application aux
phénomènes connus.
Ce traité de James Hutton eft divifé
en deux parties : La première contient la
recherche des loix de la nature fur lef-
quelles il a cru devoir établir fa théorie.
La fécondé renferme une application de
ces loix aux phénomènes naturels. Nous
allons donner une idée précife de tout ce
travail, en nous refferrant dans les limites
que nous preferit la notice dont nous nous
occupons.
P r b m i è r e p a r t i e .
I l fe paffe quelque chofe dans l’atmof-
phère que les loix connues du chaud &
du froid n’expliquent pas. L’haleine des
animaux devient vifible lorfqu’èlle eft expirée,
dans une atmofphère froide ou humide,
& la vapeur qui n’eft pas. fenfible à l’oe il,
fe transforme en une forte de brouillard
Lorfqu’elie fe trouve difperfée dans une
maflè d’air qui eft d’une température plus
froide. Les phyficiens ont confîdéré ces
faits importans comme étant expliqués
par la loi générale, en vertu de laquelle
le chaud & le froid fe tranfmettent à des
corps contigus : autrement, ils auroient
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